Nouvelle semaine record pour le cours de l’or
Principaux indicateurs américains (valeurs arrêtées au 13/09/2024)
- Taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed) : 5.5% inchangé depuis juillet 2023
- 230 000 inscriptions hebdomadaires au chômage, en hausse ↗︎
- Inflation américaine : 2.5 % en baisse ↘︎
- Confiance des consommateurs US (indice Michigan) : 69 en hausse ↗︎
- Valeur du Dow Jones : 41394 (valeur du 13/09) en forte hausse ↗︎
- Valeur du S&P 500 : 5626 (valeur du 13/09) en forte hausse ↗︎
Principaux indicateurs européens (valeurs arrêtées au 13/09/2024)
- Taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) : 3.50 % en baisse ↘︎
- Taux d’inflation moyen pour la zone euro : 2.2 %
- Taux de chômage pour la zone euro : 6.4 % stable
- Confiance des consommateurs et des entreprises zone euro : -13,5
- Production industrielle de la zone euro : -2.2 % ↘︎
- EUR/USD : 1.107 stable
Évolution du cours de l’or
Jeudi dernier, comme prévu, la Banque centrale européenne a abaissé son principal taux directeur de 25 points de base (0,25 %), amenant ainsi désormais le taux de la facilité de dépôt (le taux qui est servi aux banques commerciales sur les fonds qu’elles déposent) à 3,50 %, tandis que “les taux des opérations principales de refinancement et de la facilité de prêt marginal seront fixés respectivement à 3,65 % et 3,90 %”.
Une baisse des taux trop timide de la part de la BCE
Sauf qu’avec une inflation qui est revenue aux alentours des 2% sur toute la zone euro, et même en-deçà dans certains pays comme l’Allemagne et la France, cette baisse qui fait suite à celle de juin est jugée comme encore trop timide par de nombreux observateurs. D’ailleurs la BCE est consciente du ralentissement de l’économie puisque la dernière conférence de presse donnée par Christine Lagarde et son vice-président Luis de Guindos a été également l’occasion d’annoncer une révision à la baisse des prévisions de croissance pour 2025-2026.
Un ralentissement de l’économie qui bénéficie à l’or
Côté américain aussi, l’économie montre des signes très nets de ralentissement depuis cet été, mais la Fed n’a toujours pas donné de date pour une éventuelle première baisse de taux. Avec une inflation désormais à 2.5%, les 5.5% de la Réserve fédérale deviennent difficilement justifiables. Soit ces taux sont maintenus et la Fed prend le risque d’aller trop loin dans sa politique restrictive, soit ils rejoignent très rapidement les niveaux européens pour redonner du souffle au crédit (en baisse depuis le mois d’avril) et c’est le dollar qui risque d’en souffrir.
Dans ces conditions, avec un coût de l’argent devenu trop élevé dans un contexte économique en pleine décrue, rien d’étonnant à ce que les investisseurs renforcent leurs positions dans les valeurs refuge. L’or a ainsi crevé les plafonds en dépassant les 2580 dollars l’once.
Les marchés boursiers arrivent en fin de cycle haussier
Du côté des actions américaines, les indices continuent à progresser tranquillement, mais face au peu de perspectives d’embellie économique, on peut supposer qu’il s’agit surtout d’une réaction d’anticipation quant à l’essoufflement à venir du marché obligataire. Il est en effet probable que les investisseurs cherchent surtout à profiter des derniers feux des marchés, lesquels ont gagné 50% en un an.
En Europe, c’est plus compliqué car la production industrielle est déjà en baisse depuis le début de l’été. La croissance post-covid est définitivement derrière nous. Pour prendre l’exemple de la France, après avoir battu des records entre mars et mai 2024, le CAC40 a tout simplement effacé ses performances de l’année et se retrouve aujourd’hui à ses niveaux de septembre 2023. Comme sur les taux, la zone euro semble donc en avance sur les Etats-Unis.
Une certaine marge de progression pour l’or en euros
Là encore, l’or a nettement servi de solution de repli. Néanmoins, même en corrigeant les données pour tenir compte de l’évolution du taux de change entre la devise européenne et le billet vert, le cours de l’or a moins progressé en euros sur les douze mois écoulés (+35%) qu’il ne l’a fait en dollars (+41%).
En d’autres termes, même si le prix de l’or en euros est aujourd’hui très haut (2331,72 euros/once, un record absolu), il ne l’est pas autant qu’il le devrait, et conserve au contraire un certain potentiel de hausse d’ici la fin de l’année.
Production d’argent : va-t-on vers une pénurie ?
Parfois considéré comme l’or des pauvres, l’argent se révèle pourtant vital pour l’économie mondiale. Car c’est non seulement un métal précieux, mais aussi une matière première indispensable pour de nombreux secteurs industriels. Or, si en 2023, la demande mondiale s’est élevée à 33 000 tonnes, seules 26 000 tonnes d’argent ont été extraites du sol. La disponibilité du métal est donc devenue une préoccupation majeure.
Un contexte souvent difficile pour la production d’argent
Des pays producteurs pas toujours très stables
La production d’argent est principalement concentrée dans quelques pays clés. En 2023, le Mexique était le premier producteur mondial, avec environ 6 400 tonnes extraites du sol. Suivaient au coude à coude la Chine et le Pérou, avec respectivement 3 400 et 3 100 tonnes chacun.
On peut évoquer aussi le Chili, la Bolivie ou la Russie (aux productions beaucoup plus modestes), mais le point commun de beaucoup de ces pays, outre la richesse en argent de leur sous-sol, c’est qu’ils doivent très souvent faire face à d’importants défis. Des difficultés économiques, certes, mais aussi parfois des troubles sociaux ou politiques qui peuvent faire obstacle à une production régulière et sans problèmes.
Une exploitation souvent dépendante d’autres métaux
On n’extrait pas l’argent du sol comme on le fait avec l’or. Certes, dans quelques mines dites « primaires », chaque tonne de minerai contient suffisamment d’argent pour être rentable. Mais la plupart des exploitations sont constituées de mines « secondaires », où l’argent n’est qu’un sous-produit de l’extraction d’autres métaux comme le cuivre, le zinc ou le plomb.
Selon les données du Silver Institute, environ 70 % de l’argent extrait provient de ces mines secondaires, ce qui signifie que l’industrie de l’argent dépend largement de celles des autres métaux. La production d’argent reste donc sensible aux fluctuations de la demande pour ces métaux moins nobles.
Une production d’argent menacée de plusieurs façons
L’argent se raréfie
Même si on estime qu’il doit rester environ 250 000 tonnes d’argent dans la croûte terrestre, tout ce métal est loin d’être entièrement accessible. En attendant, les gisements existants s’épuisent et de nombreuses exploitations historiques connaissent une baisse de rendement inexorable, année après année. Un récent rapport du Silver Institute montre ainsi que les mines au Mexique et au Pérou, bien qu’encore très productives, affichent des signes de déclin en termes de pureté des gisements.
Dans le même temps, les nouvelles découvertes de gisements restent rares et obligent les entreprises minières à explorer des zones géographiques de plus en plus reculées.
Régulations et contraintes
Au-delà de l’épuisement des gisements, le coût d’extraction de l’argent a également augmenté au fil des ans. Les dépenses d’infrastructure, mais aussi de sécurité dans certaines régions instables, ainsi que l’extraction à des profondeurs toujours plus importantes sont autant de facteurs qui font grimper les coûts. Enfin, dans certaines régions d’Amérique du Sud, l’ouverture de mines de plus en plus isolées ajoute des contraintes énergétiques et logistiques qui rendent les opérations minières moins rentables.
Il existe également de fortes pressions environnementales autour de l’industrie minière. Les préoccupations concernant les impacts écologiques des exploitations (pollution des sols et des eaux, consommation d’énergie) entraînent des régulations plus strictes. Des projets miniers sont ainsi régulièrement suspendus ou abandonnés en raison d’oppositions locales ou de normes plus contraignantes.
Facteurs géopolitiques
Rappelons aussi que certaines régions clés pour la production d’argent, notamment en Amérique latine, sont soumises à une instabilité politique et économique quasi constante. Des mouvements sociaux, des grèves dans les mines et des changements législatifs affectant la fiscalité ou les conditions de travail peuvent perturber la production. Le Pérou, par exemple, a connu ces dernières années des troubles sociaux affectant directement ses secteurs extractifs.
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Une demande d’argent en hausse
Du côté de la demande, l’argent ne s’est jamais aussi bien porté, car au-delà de la bijouterie (20% de la demande), le métal est principalement utilisé dans l’industrie, où ses nombreuses qualités physico-chimiques et sa grande polyvalence sont devenues indispensables. Or cette demande contribue à la raréfaction de l’argent disponible. Surtout que, dans certains processus chimiques, le métal utilisé est irrémédiablement détruit sans pouvoir être recyclé.
Un accroissement de la demande industrielle
Ainsi, les propriétés de conductivité électrique et thermique de l’argent en font un matériau incontournable pour les circuits électroniques, les batteries, ainsi que les composants de téléphones et d’ordinateurs. En 2022, environ 50 % de la demande mondiale d’argent provenait de cette industrie et cette tendance ne cesse de croître avec la montée en puissance de la 5G ou encore de l’intelligence artificielle.
L’argent joue également un rôle essentiel dans le secteur des énergies renouvelables, notamment dans la fabrication des panneaux solaires photovoltaïques qui représente environ 10 % de la demande mondiale. Selon des projections du Silver Institute, transition énergétique oblige, les technologies solaires pourraient représenter près de 20 % de la demande totale d’ici 2030.
De l’argent parfois définitivement “consommé”
Si une grande partie de l’argent utilisé dans les industries précitées reste potentiellement réutilisable (sous réserve de rendre le recyclage économiquement justifié), il existe d’autres secteurs dans lesquels l’argent disparaît lors de son utilisation. C’est ainsi le cas dans le secteur de la santé, où le métal est utilisé pour ses propriétés antibactériennes dans des pansements ou des équipements médicaux, voire de réactif chimique ou d’ingrédient dans des solutions antiseptiques. Et cette utilisation ne cesse de croître à une époque où les germes pathogènes se montrent de plus en plus résistants aux antibiothérapies classiques.
L’argent plus que jamais valeur-refuge
Enfin, l’argent est également une valeur refuge pour les investisseurs, surtout en période d’incertitude économique. Et avec les pressions inflationnistes récentes, sans oublier l’instabilité géopolitique qui a tendance à enflammer la planète un peu partout, l’intérêt pour l’argent en tant qu’actif d’investissement s’est intensifié. En 2022, selon le Silver Institute, la demande en argent pour l’investissement (lingots, pièces) a augmenté de 20 % par rapport à l’année précédente.
Le risque de pénurie est-il réel ?
Si on analyse froidement l’offre et la demande d’argent, on constate clairement des signes de déséquilibre potentiel à moyen et long terme. Le risque de pénurie n’est peut-être pas immédiat, mais plusieurs facteurs convergent pour rendre cette éventualité de plus en plus plausible.
Un déséquilibre croissant entre l’offre et la demande
Selon le Silver Institute, la production minière mondiale d’argent a légèrement reculé depuis 2022, tandis que la demande globale a augmenté de 19 %, atteignant un niveau record.
Si cette tendance se poursuit, l’offre pourrait ne plus répondre à la demande d’ici la fin de la décennie. Selon certaines études (BloombergNEF ou WorldBank, par exemple), la demande d’argent pourrait augmenter de 30 à 40 % d’ici 2030, principalement en raison des besoins accrus des industries des énergies solaires et des véhicules électriques.
Les conséquences d’une pénurie
En cas de pénurie, l’impact serait considérable. Les prix de l’argent connaîtraient une flambée qui pourrait freiner l’accès à ce métal pour les secteurs essentiels comme les énergies renouvelables. D’autres industries pourraient même être forcées de trouver des alternatives, probablement moins efficaces.
Un autre effet serait l’augmentation de la spéculation sur les marchés financiers, aiguisant l’appétit de gros investisseurs qui capteraient de grandes quantités d’argent pour les revendre au compte-goutte et au prix fort, ce qui accentuerait les difficultés d’approvisionnement. Certains observateurs prévoient même une hausse des mouvements de nationalisation des ressources dans certains pays producteurs, réduisant encore davantage l’offre disponible sur le marché international.
Bref, bien que la production mondiale d’argent soit encore capable de répondre à la demande actuelle, les signes avant-coureurs d’une pénurie sont bien présents. Et finalement, après avoir été si souvent éclipsé par l’or, l’argent pourrait bien devenir l’un des piliers de l’économie du XXIe siècle.
Ce qu’il faut retenir :
- La production d’argent se concentre essentiellement dans des pays peu stables économiquement et politiquement.
- 70% de l’argent extrait n’est qu’un sous-produit de l’extraction d’autres métaux comme le cuivre, le zinc ou le plomb.
- La production d’argent est donc largement dépendante de la demande pour ces autres métaux.
- L’épuisement des gisements existants reste la plus grande menace pour la production d’argent.
- Les nouveaux gisements se font rares, les coûts d’exploitation explosent et de nombreuses compagnies renoncent à ouvrir de nouvelles mines, voire en ferment régulièrement.
- La demande d’argent augmente, surtout portée par des besoins industriels croissants.
- Même si on ne craint pas de pénurie à court terme, le déséquilibre croissant entre l’offre et la demande suscite beaucoup d’inquiétude.
L’or se stabilise sur fond d’anticipation
Principaux indicateurs américains (valeurs arrêtées au 07/09/2024)
- Taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed) : 5.5% inchangé depuis juillet 2023
- 227 000 inscriptions hebdomadaires au chômage, en baisse ↘︎
- Inflation américaine : 2.9 %
- Confiance des consommateurs US (indice Michigan) : 67.9
- Valeur du Dow Jones : 40143 (valeur du 06/09) en forte baisse ↘︎
- Valeur du S&P 500 : 5390 (valeur du 06/09) en forte baisse ↘︎
Principaux indicateurs européens (valeurs arrêtées au 07/09/2024)
- Taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) : 4.25 % inchangé
- Taux d’inflation moyen pour la zone euro : 2.2 %
- Taux de chômage pour la zone euro : 6.4 % stable
- Confiance des consommateurs et des entreprises zone euro : -13,5
- Production industrielle de la zone euro : -3,9 %
- EUR/USD : 1.107 stable malgré une poussée au-delà de 1.11 en milieu de semaine =
Évolution du cours de l’or
La semaine qui vient de s’écouler a été marquée par une série de prévisions, pour ne pas dire de prédictions, autour de l’évolution possible (probable ? potentielle ?) des taux de banques centrales. L’or en a donc profité pour assurer la progression acquise cet été et se positionner tranquillement autour des 2500 dollars l’once.
Des marchés hésitants
L’économie mondiale aborde cette dernière partie de l’année avec un sentiment de gueule de bois. En Europe, et notamment en France, l’activité s’est plus ou moins maintenue durant l’été mais les marchés se sont pris une claque mémorable. À l’inverse, côté américain, la bourse a mieux résisté (même si la semaine écoulée affiche une forte baisse de 5%) mais l’économie a définitivement marqué le pas, faisant déjà dire à certains que la politique de restriction monétaire est allée trop loin.
Et comme le niveau du dollar continue à de donner le tempo sur les marchés mondiaux, on scrute donc avec attention les prochaines annonces de la Réserve fédérale. On les anticipe, même. Baissera ? Ne baissera pas ? Les marchés restent non seulement divisés sur la question de savoir si la Fed réduira ses taux lors de sa prochaine réunion, mais ils hésitent aussi sur l’ampleur de cette baisse. S’agira-t-il de 25 points de base, histoire de desserrer l’étau monétaire en douceur, ou de 50 points, pour envoyer un signal plus franc en faveur d’une reprise des financements ? En tout cas, ils sont tous d’accord sur une chose : la Fed devra réduire ses taux de 125 points au total d’ici la fin de l’année.
L’or se renforce entre incertitude et faible croissance
Cette seule anticipation suffit à consolider le cours de l’or, car si le dollar venait à perdre brutalement en rentabilité, le métal précieux serait le premier à en profiter. Les détenteurs actuels ont donc tendance à conserver leurs positions, voire à les renforcer.
Mais l’or n’est pas simplement le contrepoids de la devise américaine, il reste aussi surtout un marqueur de l’inquiétude des investisseurs comme des épargnants face à l’incertitude croissante. Ainsi, même si le taux de chômage est tombé à 4,2 %, comme prévu, et la croissance des salaires a atteint 0,4 % (alors qu’on attendait +0,3 %), l’économie américaine a créé moins d’emplois que prévu, avec d’importantes révisions à la baisse des chiffres de juin et de juillet.
De l’autre côté de l’Atlantique Nord, ce n’est pas mieux, car la croissance du PIB dans la zone euro vient d’être révisée à la baisse pour le deuxième trimestre 2024. Initialement annoncée à +0,3 % par Eurostat, elle n’aura finalement été que de 0,2 %.
Les tensions géopolitiques continuent à influer sur le cours de l’or
Enfin, plusieurs événements géopolitiques survenus la semaine dernière ont contribué à soutenir le prix de l’or. On parle bien évidemment des tensions permanentes entre Israël et les milices palestiniennes dans la bande de Gaza, qui continuent à faire craindre un embrasement de la région.
Mais on peut également évoquer la contre-offensive ukrainienne survenue en milieu de semaine dernière contre les troupes russes autour de la station de transit de Soudja, ce qui a perturbé l’approvisionnement de gaz naturel en Europe et de nouveau alimenté les inquiétudes des marchés concernant la sécurité énergétique.
Il n’en fallait pas davantage pour que les investisseurs en métal précieux, qui venaient justement de prendre leurs bénéfices sur leurs positions après plusieurs semaines consécutives de hausse, profitent finalement de cette baisse pour réintégrer le marché et fassent rebondir le cours de l’or.
Dette publique : et si les épargnants français suivaient l’exemple japonais ?
Tandis que les derniers chiffres du gouvernement l’estiment à 112,3% du PIB pour 2024, la dette publique de la France ne cesse de faire débat et la question de sa soutenabilité se pose de manière de plus en plus pressante. Au point que certains cherchent régulièrement des modèles à copier ou à transposer dans l’espoir de sortir notre pays de cette spirale infernale d’endettement sans fin. À l’instar de l’économiste (si, si…) Sandrine Rousseau qui, en avril 2024, s’était indignée qu’on n’utilise pas l’épargne des Français pour “reprendre la main” sur la dette de la France. Un peu comme au Japon.
Sommaire
- La situation japonaise : un modèle singulier.
- Transposition de ce modèle à la France : est-ce possible ?
- L’épargne privée nationale comme solution à la dette de la France ?
La situation japonaise : un modèle singulier
Le Japon est en effet un cas unique parmi les grandes économies mondiales. Avec une dette publique atteignant environ 252% de son PIB au 1er juillet 2024, le pays est pourtant relativement épargné par les crises de confiance des marchés internationaux. Pourquoi ? La réponse réside sans doute dans le fait que près de 90% de cette dette est détenue par des résidents japonais, principalement à travers des obligations d’État achetées par les institutions financières, les fonds de pension, et même des particuliers.
Avantages :
- Stabilité financière : La détention nationale de la dette réduit mécaniquement l’exposition du Japon aux fluctuations des marchés internationaux et à l’influence des investisseurs étrangers, ce qui limite ainsi les risques de spéculation contre sa monnaie ou ses actifs financiers.
- Faible risque de fuite de capitaux : Étant donné que les créanciers de l’État sont majoritairement nationaux, le risque de fuite de capitaux en cas de tensions économiques est moindre.
- Contrôle de la politique monétaire : La Banque du Japon joue un rôle clé en achetant massivement de la dette publique (pour un encours représentant 28% de la dette totale en mars 2024), facilitant ainsi le financement de l’État à des taux d’intérêt bas.
Inconvénients :
- Épargne excessive : Le modèle repose donc sur une épargne domestique élevée, une tendance culturelle particulièrement forte au Japon. Cependant, cette forte épargne limite de facto la consommation et, par extension, la croissance économique.
- Vieillissement de la population : Avec une population vieillissante, les besoins en dépenses liées à l’âge augmentent, ce qui pourrait rendre ce modèle moins soutenable à long terme. Un article paru en 2019 prévoyait déjà que la dette publique du Japon représenterait 630% de son PIB en 2070, principalement à cause du vieillissement de la population occasionnant simultanément une baisse de la population active (ce qui pourrait jouer sur la production) et une augmentation des dépenses liées aux retraites ou à la santé.
Transposition de ce modèle à la France : est-ce possible ?
Évidemment, vue depuis la France, la situation japonaise pourrait tenter certains économistes qui se focaliseraient uniquement sur ses avantages. Après tout, notre population aussi est vieillissante, mais dans une toute autre mesure bien moins préoccupante qu’au Japon. Et puis, c’est vrai que les Français, eux aussi, sont connus pour être de véritables fourmis en matière financière. Alors pourquoi hésiter ?
C’est peut-être oublier un peu vite les autres défis auxquels il faudrait faire face en cas d’adoption du modèle japonais.
Défis financiers :
- Attrait pour une épargne sécurisée : Le taux d’épargne des ménages français est certes élevé, autour de 17% pour le 1er trimestre 2024, soit très nettement au-dessus de la moyenne des autres pays de la Zone euro, mais il n’atteint pas les 29% Japon. En outre, les épargnants français affichent une préférence très nette pour des placements sûrs et liquides, comme le Livret A par exemple. Ils ne sont en revanche ni habitués ni même enclins à acheter des obligations d’État à long terme.
Et ce n’est pas leur défiance quasi atavique envers les institutions qui risque d’arranger la situation.
- Marché obligataire internationalisé : C’est l’un des reproches que l’on a fait récemment au ministre de l’Économie Bruno Le Maire (même s’il n’a fait qu’hériter d’une situation qui existe depuis toujours ou presque) : le marché des obligations d’État en France est majoritairement internationalisé. En effet, près de 54% de la dette est ainsi détenue par des investisseurs étrangers. Plus exactement, selon le site Vie-Publique.fr (édité par la Direction de l’information légale et administrative NDLR), “les obligations assimilables du Trésor (qui représentent 93% de l’encours total de la dette) sont détenues à 51% par des non-résidents, alors que les bons du Trésor à taux fixe (7% de l’encours total) sont détenus à 91% par des non-résidents.”
Inverser la tendance, par exemple en rachetant massivement les obligations aux investisseurs étrangers pour les proposer ensuite aux épargnants nationaux n’enverrait sûrement pas un très bon signal aux marchés.
Défis culturels et politiques :
- Aversion au risque et faible culture de l’endettement : En France, la culture financière n’encourage pas vraiment l’investissement dans des obligations d’État, perçues comme moins attractives que d’autres formes de placement plus rentables. Au contraire des actions par exemple que même le gouvernement cherche à mettre en avant en incitant les Français à investir en bourse.
- Risque politique : D’un point de vue pratique, on a vu que pour transposer le modèle japonais au système français, il faudrait donc faire supporter le poids de la dette aux épargnants, à travers de nouveaux supports notamment, ou même par l’intermédiaire de supports existants dont l’encours servirait à financer les dépenses publiques. Une stratégie qui risquerait d’apparaître comme une forme de coercition, voire d’épargne forcée, entraînant probablement une très forte résistance politique et sociale.
Il y a donc peu de chances qu’on parvienne un jour à transposer le modèle japonais à la situation française. Sans compter le coût d’une telle réforme qui serait tout simplement rédhibitoire.
Un nouveau modèle qui accroîtrait encore les dépenses de l’État
Car oui, opérer une éventuelle bascule de la dette nationale entre les mains des épargnants français coûterait probablement très cher. En effet, l’État ne peut pas simplement se saisir du patrimoine financier de ses citoyens pour financer sa dette. Il faudrait plutôt tabler sur une politique d’incitation, à base de “carottes fiscales” plus ou moins coûteuses et surtout de taux d’intérêt suffisamment élevés pour détourner les épargnants français des supports sécurisés qui forment la majeure partie de leur patrimoine..
En 2023, la France a emprunté en moyenne à 3,15 %, ce qui correspond plus au moins au taux minimum qu’il faudrait servir aux épargnants français pour espérer les détourner du Livret A par exemple. Ce qui signifie que l’État ne ferait ici aucune économie en basculant sa dette des prêteurs étrangers aux épargnants nationaux à un taux équivalent. Pire encore, il faudrait sûrement ajouter le coût (ou le manque à gagner) lié aux inévitables avantages fiscaux destinés à appâter les Français.
Ajoutons enfin que ce taux de 3.15% par an est en réalité le plus haut depuis 15 ans. Au premier trimestre 2024, il est d’ailleurs déjà redescendu à 2.9%. Et si on compare avec les années précédentes, l’écart est encore plus flagrant. Ainsi, en 2022, la France a emprunté en moyenne à 1,03 % contre des taux négatifs en 2020 et 2021 (successivement -0,30 % et -0,28 %). Quant à la période 2010-2019, la moyenne se situe aux alentours de 1,58%, et c’est à ce niveau de taux que la France peut raisonnablement espérer emprunter dans les prochaines années.
Autant dire que s’il fallait convaincre les Français d’acheter des obligations d’État, ce taux serait très insuffisant. Et il faudrait au moins le doubler, ce qui multiplierait automatiquement par 2 le montant des intérêts qui pèsent déjà sur la dette publique.
Ce qu’il faut retenir
- La dette publique de la France ne cesse de faire débat et la question de sa soutenabilité ainsi que celle sur la souveraineté se posent de manière de plus en plus pressante.
- Le modèle japonais, qui repose sur une dette d’Etat presque entièrement détenue par des ressortissants nationaux, semble séduisant.
- Néanmoins, de nombreux défis empêchent toute transposition de ce modèle vers le système français.
Et même si la transposition était possible, les coûts d’un tel changement viendraient encore alourdir la charge de la dette qui atteint déjà des records.
Rentrée des classes en fanfare pour l'or !
Principaux indicateurs américains (valeurs arrêtées au 30/08/2024)
- Taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed) : 5.5% inchangé depuis juillet 2023
- 231 000 inscriptions hebdomadaires au chômage, en repli ↘︎
- Inflation américaine : 2,9% en baisse
- Confiance des consommateurs US (indice Michigan) : 67,9 en hausse ↗︎
- Valeur du Dow Jones : 41458 (valeur du 02/09/24) ↗︎
- Valeur du S&P 500 : 5636 (valeur du 02/09/24) ↗︎
Principaux indicateurs européens (valeurs arrêtées au 30/08/2024)
- Taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) : 4,25 % inchangé
- Taux d’inflation moyen pour la zone euro : 2,2 % en baisse
- Taux de chômage pour la zone euro : 6,4 % stable
- Confiance des consommateurs et des entreprises zone euro : -13,5 en hausse
- Production industrielle de la zone euro : -3,9 % en baisse ↘︎
- EUR/USD : 1,107 en très nette progression ↗︎
Évolution du prix de l’or
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’été fut amplement profitable à l’or. Entre le 1er juillet et le 1er septembre 2024, l’once d’or a gagné 171 dollars, soit une progression de quasiment 7.5% en 2 mois ! Mieux encore, l’or a profité de la période estivale pour battre de nouveaux records, à 2531,70 USD le 20 août 2024, affichant ainsi une performance de quasiment 23% depuis le début de l’année.
Une belle performance, là où le CAC 40 (mais les autres places boursières n’ont pas forcément fait beaucoup mieux) arrive péniblement à repasser en positif par rapport au mois de janvier, avec 4% de progression et un premier semestre marqué par énormément d’incertitudes à la fois politiques, économiques et même stratégiques.
Le mois de septembre annonce donc une rentrée compliquée pour l’économie, et pas seulement en France. Si les Français peuvent se réjouir d’une inflation redescendue sous les 2% pour la première fois depuis très longtemps (pour être exact, on parle surtout de l’indice des prix à la consommation) les défis qui nous attendent d’ici la fin de l’année restent encore très importants.
Des incertitudes qui fragilisent le dollar
Certes, les prix de l’énergie se sont enfin calmés (+0.5% en un an seulement, contre +7% au cours des 12 mois précédents), mais les causes qui furent à l’origine de la flambée de 2022 sont toujours bien présentes. En effet, la guerre en Ukraine, puisque c’est de cela dont il s’agit principalement, continue de s’enliser en cristallisant à la fois les inquiétudes sur la stabilité du monde et les antagonismes qui débordent maintenant largement sur les milieux financiers. Portés par la Chine et la Russie, la grogne des BRICS (qui ont été rejoints par une quarantaine de pays mineurs) semble effectivement se durcir. Et même si on reste loin d’une crise remettant en question le système monétaire actuel, le dollar en ressort de plus en plus fragilisé.
Si on ajoute la crise politique actuelle aux États-Unis, avec Joe Biden qui apparaît désormais clairement dans l’incapacité de remplir son mandat sans un soutien permanent de ses conseillers, et les élections présidentielles qui arrivent dans un peu plus de deux mois avec Donald Trump de nouveau candidat ET favori, le billet vert a du mal à conserver la confiance des investisseurs. Aujourd’hui confortablement installé entre 1,10 et 1,12 dollar, l’euro semble avoir définitivement remonté la pente qui l’avait vu descendre en dessous de la parité il y a tout juste deux ans.
Des taux d’intérêt toujours trop élevés
Mais d’autres sources d’inquiétudes minent l’économie mondiale. Par exemple, la Fed se réjouit du ralentissement économique américain que sa politique de taux élevés a enfin réussi à provoquer. Mais si le risque inflationniste est ainsi théoriquement écarté, la machine économique est quant à elle désormais enrayée. Avec la situation chinoise qui n’est guère meilleure, ce sont donc les deux premières économies mondiales qui connaissent actuellement un ralentissement très net susceptible d’influer sur toute la croissance mondiale.
D’un autre côté, même si des baisses de taux sont annoncées du bout des lèvres de part et d’autre de l’Atlantique Nord, aucun calendrier n’a encore été présenté officiellement. Et les taux des banques centrales, qu’il s’agisse de la Réserve fédérale américaine ou de la BCE, sont aujourd’hui encore très hauts, au même niveau qu’au plus fort de la crise inflationniste de 2022-2023. Les investissements en pâtissent forcément et cette situation consolide la position des valeurs refuges comme l’or.
Des épargnants de plus en plus attirés par l’or physique
Enfin, la réactivation des tensions au Moyen-Orient et la montée des populismes dans un certain nombre de pays (dont la France), associées aux risques d’instabilité politique majeure, renforcent l’incertitude des épargnants. Les Chinois, récemment affectés par l’effondrement de leur marché immobilier, se sont donc plus massivement tournés vers l’or.
Mais c’est aussi le cas dans plusieurs pays européens, comme en Allemagne où, selon le World Gold Council, les achats d’or physique, c’est-à-dire les pièces et les lingots, ont enregistré une hausse de 10 % en 2024 par rapport à 2023. En France, cette demande a également augmenté de 8% sur la même période.
Le modèle économique libéral touche-t-il à sa fin ?
Depuis des décennies, le modèle libéral a façonné l’économie mondiale, apportant prospérité et croissance à des centaines de millions de personnes. Cependant, aujourd’hui, ce modèle semble menacé de toutes parts. Selon « The Economist », nous pourrions même être à l’aube d’un effondrement, mettant en péril les fondements mêmes de notre richesse collective. Est-ce réellement le cas ou simplement les signes d’une mutation inévitable pour s’adapter aux évolutions du siècle ?
Une solidité trompeuse ?
À première vue, l’économie mondiale semble robuste. Par exemple aux États-Unis, épicentre économique et financier de la planète, la croissance reste solide malgré les tensions commerciales persistantes avec la Chine.
Depuis 2021, la Réserve fédérale américaine (Fed) a en effet relevé ses taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation, atteignant des niveaux inédits depuis des années. Et force est de constater que cela n’a pas vraiment ralenti la consommation ou l’investissement, et on peut raisonnablement penser que l’action a surtout permis d’éviter une surchauffe en stabilisant l’économie à moyen terme. Une économie par ailleurs assez robuste pour visiblement s’accommoder sans trop de mal d’une politique de taux élevés.
Précédemment, le gouvernement américain avait injecté des milliards de dollars dans l’économie à travers des programmes de relance, notamment en réponse à la pandémie de COVID-19. On parle ici d’un plan de relance colossal de 1,9 trillion de dollars adopté en mars 2021 et qui, malgré les critiques inévitables à l’encontre des dépenses publiques, a eu un impact durable en soutenant la reprise économique.
Enfin, les secteurs porteurs de la technologie et des services ont continué de prospérer, tirés vers le haut par des entreprises innovantes comme Nvidia mais aussi Apple, Microsoft ou Amazon, qui ont vu leur capitalisation boursière croître de manière considérable.
En Europe aussi, l’économie semble avoir fait preuve d’une certaine résilience face aux chocs énergétiques, notamment suite à la coupure des livraisons de gaz russe à partir de février 2022. Là encore, cette solidité apparente s’explique par plusieurs mesures et adaptations :
- Diversification des sources d’énergie : Les pays européens ont accéléré leurs efforts pour diversifier leurs approvisionnements en énergie, en augmentant leurs importations de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des États-Unis et du Qatar notamment.
- Augmentation des capacités de stockage : Des investissements ont également été réalisés pour accroître les capacités de stockage de gaz, assurant ainsi une plus grande sécurité énergétique en période de pénurie. Rassurant au passage les marchés et donc l’économie en général.
- Transition vers les énergies renouvelables : L’Europe a enfin profité de cette crise pour intensifier ses investissements dans les énergies renouvelables, notamment l’éolien et le solaire, afin de réduire sa dépendance aux importations de combustibles. Ces mesures, qui étaient indispensables mais qu’on semblait repousser sine die, ont brutalement retrouvé tout leur sens, à la fois stratégique et économique, et donné un nouvel élan à l’économie en dépit des risques d’inflation structurelle qui devraient accompagner cette transition.
Ainsi, à première vue, tout semble sous contrôle. Mais ces apparences rassurantes pourraient bien en réalité masquer une fragilité particulièrement inquiétante.
Les institutions internationales sous pression
L’économie libérale est organisée au niveau mondial autour de quelques institutions majeures qui sont censées en garantir à la fois la stabilité et l’intégrité. Or, ces organismes sont aujourd’hui en difficulté et leurs dysfonctionnements contribuent à la fragilisation du libéralisme que certains voient déjà sur le déclin.
L’OMC dans une impasse
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est une institution clé qui régule le commerce international et veille au respect des règles du commerce mondial. Cependant, depuis plusieurs années, l’OMC est en crise, principalement en raison des blocages institutionnels et de la négligence des grandes puissances comme les États-Unis.
Ainsi, le mécanisme de règlement des différends, essentiel pour arbitrer les conflits commerciaux entre les pays membres, est paralysé depuis 2019 à cause des États-Unis qui ont bloqué la nomination de nouveaux juges à l’Organe d’appel, rendant impossible le traitement des nouvelles affaires.
Pire encore, la première économie mondiale semble désormais s’affranchir totalement des règles du commerce mondial basées sur un libéralisme équitable, pour imposer sa seule vision. Alors que l’administration Trump n’avait eu de cesse de critiquer l’OMC pour son incapacité à gérer les pratiques commerciales déloyales de la Chine, menaçant même de se retirer de l’organisation, on avait espéré que Biden serait plus conciliant. Aujourd’hui on s’aperçoit que, si le ton de la Maison Blanche a changé et s’est fait plus apaisant, le fond du désaccord reste entier et les Américains continuent à contrer ouvertement les recommandations de l’OMC qui n’a visiblement plus le poids suffisant pour s’y opposer.
Un FMI en pleine crise d’identité
Le Fonds monétaire international (FMI) joue un rôle crucial dans la stabilité financière mondiale, en fournissant des prêts aux pays en difficulté et en surveillant les politiques économiques mondiales. Toutefois, le FMI est actuellement confronté à une crise d’identité, tiraillé entre ses missions traditionnelles et de nouvelles priorités. En particulier face à la pression croissante pour intégrer des enjeux environnementaux et sociaux qui intéressent principalement les pays riches et qui risquent de “drainer” une grande partie des financements.
À cet égard, de nombreux pays membres, notamment ceux en développement, critiquent le FMI pour son approche perçue comme pro-occidentale et trop centrée sur les intérêts des économies avancées. C’est la légitimité même du FMI qui est remise en question, ainsi que sa capacité à jouer son rôle de régulateur assurant une meilleure répartition des richesses dans une économie mondiale libérale.
On se souvient que la pandémie de COVID-19 avait déjà exacerbé les inégalités mondiales et les vulnérabilités économiques, posant de nouveaux défis au FMI pour adapter ses programmes d’assistance et ses recommandations politiques. La course aux financements de la transition écologique à tout prix risque encore de creuser l’écart entre pays riches et pays pauvres, renforçant la défiance croissante envers les institutions du libéralisme.
L’ONU et les tribunaux supranationaux paralysés
Même si on s’éloigne de l’économie, les Nations Unies (ONU) et ses tribunaux supranationaux, tels que la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI), jouent un rôle crucial dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Une paix et une sécurité qui sont censées permettre l’application pleine et entière d’un modèle libéral qui profiterait à tous.
Sauf que ces institutions sont, elles aussi, de plus en plus paralysées par des jeux de pouvoir et des manipulations politiques. Par exemple, le Conseil de sécurité est souvent bloqué par les veto des membres permanents (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni) sur des questions d’apparence géopolitiques mais qui cachent souvent des intérêts économiques plus profonds. Récemment, les tentatives de résolution des crises en Syrie et en Ukraine ont été entravées par les veto russe et chinois, chacun des deux pays voyant un intérêt à ce que les Nations Unies (et en particulier les États-Unis) n’interfèrent pas dans des opérations susceptibles d’avoir des répercussions économiques favorables à moyen ou long terme.
En ce sens, Russes et Chinois n’ont d’ailleurs rien fait de très différent de ce qu’avaient fait les Américains en 2004 quand ils se sont opposés à une résolution de l’ONU qui demandait le retrait des troupes en Irak. À l’époque, les ressources pétrolières de Saddam Hussein étaient clairement dans le collimateur de Washington.
Et d’une manière plus générale, leur relation stratégique et économique avec Israël a souvent motivé les Etats-Unis à rejeter les résolutions critiquant les actions de l’Etat Hébreu.
Il en va d’ailleurs de même avec la CIJ et la CPI qui sont de plus en plus utilisées, pour ne pas dire instrumentalisées, comme des outils politiques par les États. On peut ainsi évoquer la fois où des politiciens américains ont menacé de sanctions la CPI si elle osait émettre des mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens, accusés de génocide devant la CIJ.
Finalement, qu’il s’agisse de l’ONU ou des tribunaux supranationaux, leur incapacité à prendre des décisions impartiales et leur utilisation à des fins politiques érodent leur crédibilité ainsi que leur capacité à faire respecter le droit international sur lequel se fonde l’ordre économique libéral.
La montée des nationalismes économiques
On le voit, de plus en plus de pays s’affranchissent des règles communes pour imposer leurs propres règles, ce qui a pour effet, non seulement de fragmenter l’économie de la planète, mais aussi de fragiliser l’unité qui avait été construite autour du libéralisme, lequel devait initialement garantir une certaine paix globale. Certes, des troubles régionaux pouvaient perdurer, mais on avait élaboré un ensemble de dispositifs susceptibles de les résoudre par le biais économique et commercial, tantôt par des subventions, tantôt par des sanctions.
Désormais, beaucoup d’Etats souhaitent faire cavalier seul, au nom d’un nationalisme économique de plus en plus affirmé qui donne la priorité aux intérêts économiques nationaux par rapport à ceux du libre-échange et de la coopération internationale. Cette tendance très nette s’oppose frontalement au libéralisme mondial en prônant des politiques protectionnistes, le soutien aux industries locales et une régulation stricte des investissements étrangers. Et non seulement ce mouvement gagne du terrain dans de nombreux pays en développement, mais il est désormais également porté par les responsables politiques de grandes nations comme les États-Unis (1e économie de la planète), la Chine (2e économie mondiale) ou dans une moindre mesure certains États européens, au point de menacer les principes fondamentaux du libéralisme économique qu’ils avaient eux-mêmes édictés au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
Le cas des États-Unis
America First : Sous la présidence de Donald Trump, les États-Unis ont adopté une politique économique nationaliste avec le slogan « America First ». Cette approche a conduit à l’imposition de tarifs douaniers sur des centaines de milliards de dollars de marchandises importées, notamment en provenance de Chine, dans le but de protéger les industries américaines et de réduire le déficit commercial.
Subventions et soutien aux industries locales : Le gouvernement américain a également accordé des subventions massives aux industries locales, notamment dans les secteurs de l’énergie verte et de la technologie. Par exemple, le plan d’infrastructure de 1 200 milliards de dollars adopté en 2021 prévoyait des investissements significatifs dans les infrastructures américaines pour soutenir l’emploi et l’industrie locale.
Le cas de la Chine
Made in China 2025 : La Chine a lancé l’initiative « Made in China 2025 » pour transformer son économie en une puissance technologique mondiale. Ce plan vise à réduire la dépendance de la Chine aux technologies étrangères en développant ses propres capacités industrielles dans des secteurs clés tels que les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle et les énergies renouvelables. L’histoire ne dit pas si le pays exploitera les connaissances acquises durant les 30 dernières années passées à produire de la technologie pour les pays occidentaux. Les risques de la délocalisation massive…
Protection des industries locales : D’une manière générale, la Chine impose depuis longtemps des restrictions strictes aux investissements étrangers et soutient ses entreprises nationales par des subventions et des politiques favorables, ce qui crée des distorsions sur le marché mondial.
Le cas de l’Union Européenne
Protectionnisme climatique : Cultivant sa réputation de bonne conscience du monde, l’Union Européenne (UE) a, elle aussi, adopté des mesures protectionnistes, mais sous couvert de politiques environnementales. Par exemple, le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) vise à taxer les importations en fonction de leur empreinte carbone, favorisant ainsi les produits européens qui respectent des normes environnementales strictes.
Subventions vertes : L’UE subventionne également massivement ses industries vertes pour atteindre ses objectifs climatiques, dont un plan de financement de 1 000 milliards d’euros sur dix ans pour soutenir des projets de transition écologique et d’innovation verte. Ce qui risque évidemment de désavantager les entreprises des pays non membres de l’UE et provoquer des frictions commerciales. Mais ce n’est pas grave, puisque c’est pour la bonne cause.
Les conséquences pour l’économie mondiale
Toutes ces politiques protectionnistes à large échelle auront nécessairement des conséquences sur le libéralisme mondial. D’abord parce qu’elles vont fragmenter le commerce et décourager les investissements étrangers, mais aussi parce qu’elles vont éroder durablement la coopération internationale.
On l’a dit, la paix née du libéralisme mondial repose en grande partie sur le fait qu’on ne fait pas la guerre à ses partenaires commerciaux. Mais si on commence à monter les tarifs douaniers et à ériger des barrières non tarifaires, telles que les quotas et les restrictions à l’importation, on n’entrave pas seulement les échanges commerciaux entre les pays. On crée surtout une situation conflictuelle et des tensions qui peuvent s’étendre au-delà d’une simple réorganisation des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Le nationalisme économique a pour principal effet à long terme d’éroder la confiance entre les nations, rendant de facto plus difficile la coopération nécessaire pour relever les défis mondiaux tels que le changement climatique, les pandémies et les crises financières. Pire encore, les mesures protectionnistes peuvent déclencher des guerres commerciales, où les pays répondent aux barrières commerciales par des représailles similaires, aggravant ainsi les tensions économiques et politiques. Et quand on emploie le terme de “guerre”, même si c’est pour qualifier des tensions commerciales, ce n’est jamais de bon augure.
Enfin, le libéralisme mondial implique une libre circulation des capitaux et des investissements à travers la planète. Or, les politiques protectionnistes découragent justement les investissements étrangers, car les entreprises internationales se heurtent à des barrières à l’entrée ainsi qu’à des incertitudes réglementaires de plus en plus fréquentes. À l’inverse, certaines entreprises nationales, prises aux pièges de politiques restrictives réciproques entre leur pays et une région du monde constituant une part non négligeable de leur marché, peuvent être tentées de relocaliser leur production pour éviter les barrières commerciales et réglementaires, entraînant alors des pertes d’emplois et une baisse de compétitivité économique dans leur pays d’origine.
Le libéralisme mondial est-il une mauvaise chose ?
Alors, oui, tout n’est pas bon dans le libéralisme, et ses détracteurs avancent plusieurs arguments pour justifier la nécessité de son abandon. Il aurait exacerbé les inégalités de revenus et de richesse, favorisant souvent les grandes entreprises et les plus riches, au détriment des travailleurs et des classes moyennes. Il serait également à l’origine de l’instabilité économique chronique de ces dernières années, et responsable des crises financières récurrentes telles que celle qu’on a connue en 2008.
Et puis, avec le libéralisme est venue la mondialisation, laquelle a complètement anéanti la souveraineté nationale. Désormais, les gouvernements ne seraient plus capables de réguler leur économie, de protéger leurs industries locales et de garantir le bien-être de leur nation à travers des normes sociales et environnementales adaptées. En devenant concurrents entre eux, à travers les frontières, les travailleurs voient leurs droits réduits et leurs conditions de travail précarisées pour rester compétitifs. Tandis qu’on assiste à une concentration excessive du pouvoir économique et politique entre les mains de quelques grandes entreprises et individus. Quant aux services publics essentiels tels que la santé, l’éducation et les infrastructures, ils auraient été affaiblis par la privatisation et la réduction des dépenses publiques.
Enfin, n’oublions pas la dégradation environnementale et le changement climatique qui semblent directement liés au libéralisme économique, lequel met l’accent sur la croissance à tout prix et la consommation débridée.
Bref, le libéralisme serait le père de tous les maux.
Sauf que la réalité est bien évidemment beaucoup plus nuancée. À l’instar de la démocratie qui serait “un mauvais système, mais le moins mauvais de tous les systèmes” (selon Winston Churchill), le libéralisme n’est ni le meilleur ni le pire des modes d’organisation économique. C’est en tout cas celui qui a permis le plus d’évolutions positives durant les 70 dernières années, et s’il a des travers, ils ne sont en rien comparables à ceux occasionnés par les régimes totalitaires qui se sont prévalus du communisme, par exemple (ex-U.R.S.S., République populaire de Chine, Corée du Nord, etc.), ou encore d’un quelconque communautarisme religieux d’Etat.
Finalement, le libéralisme est-il menacé ?
Concrètement, le danger est réel. La montée des politiques protectionnistes et nationalistes fragmente l’économie mondiale en fragilisant du même coup l’unité des peuples. Les tensions autour de Taïwan ou la volonté de Moscou de s’approprier le territoire de l’Ukraine, en dépit de toutes les règles édictées depuis des décennies sur la base d’un équilibre commercial mondial, illustrent les risques géopolitiques croissants qui pourraient précipiter un effondrement.
De leur côté, les institutions qui étaient jusqu’ici garantes de l’ordre libéral montrent désormais des signes d’impuissance qui font craindre pour les fondements mêmes de cet équilibre.
Enfin, la grande majorité des gens qui vantent les mérites d’autres modèles économiques basés plus ou moins sur le collectivisme ou d’autres utopies sociales sont souvent trop jeunes pour avoir réellement connu la réalité des ces régimes lorsqu’ils étaient en pleine expansion et qu’ils menaçaient littéralement la sécurité planétaire. Le libéralisme n’est pas un idéal, mais beaucoup d’idéaux (pour ne pas dire d’idéologies) ont failli précipiter le monde à sa perte.
En réalité, il existe pas mal d’arguments qui permettent d’être optimiste quant à l’avenir du libéralisme, même s’il est clair qu’il devra continuellement évoluer pour s’adapter aux nouvelles réalités de ce monde.
D’abord, quoi qu’on en pense, le modèle libéral favorise l’innovation et l’adaptation rapide aux changements, ce qui permet une résilience remarquable face aux crises et aux chocs économiques. On l’a vu par exemple pendant la pandémie de COVID-19, lorsque de nombreuses entreprises ont rapidement pivoté vers des modèles de travail à distance et ont accéléré leur adoption des technologies numériques, ce qui a permis de maintenir une grande partie de l’activité économique. D’autres ont rapidement diversifié leurs chaînes d’approvisionnement pour réduire les risques de dépendance excessive à une seule région ou un seul pays. On pense évidemment à la guerre en Ukraine, mais pas seulement.
Ensuite, malgré les rodomontades et les jeux de pouvoir au fort impact médiatique, de nombreux accords commerciaux régionaux continuent de se développer en dépit des tensions commerciales globales. Par exemple, l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) et le Partenariat Économique Régional Global (RCEP) en Asie montrent que ces pays cherchent toujours à approfondir leurs liens économiques et à bénéficier des avantages du libre-échange. Les investissements directs étrangers continuent de jouer un rôle crucial dans l’économie mondiale. Les multinationales investissent dans des infrastructures, des usines et des services dans de nombreux pays (dont la France !), ce qui stimule la croissance économique et favorise la création d’emplois.
Enfin, la plupart des responsables industriels et politiques du monde entier ont bien compris l’importance des enjeux environnementaux pour les années à venir. Seule la coopération internationale et la négociation autour du libre-échange permettent de mettre en place et de soutenir les actions en faveur de l’environnement à l’échelle planétaire. D’ailleurs, de plus en plus de partenariats public-privé (PPP) se multiplient pour financer des projets d’infrastructure et d’innovation, notamment dans les secteurs de l’énergie propre et des technologies vertes. Ces partenariats permettent de mobiliser des capitaux privés pour des projets d’intérêt public, facilitant ainsi le développement durable.
La liberté reste bien le seul modèle capable de s’adapter en temps réel aux turbulences politiques, économiques, stratégiques ou climatiques. Et cela, même les Chinois l’ont compris, eux qui ont depuis longtemps abandonné le marxisme au profit d’un capitalisme d’État et qui tiennent aujourd’hui un discours officiel prônant les avantages du libre échange.
Quel budget consacrer à l'achat d'or et d'argent ?
[Première publication – 17 septembre 2021]
En tant qu’épargnant avisé, vous savez déjà qu’il est essentiel de diversifier ses placements. Cela permet non seulement de minimiser le risque de moins-value toujours possible sur certains produits, mais aussi et surtout de préserver au maximum la valeur de votre patrimoine, ou plus précisément, son pouvoir d’achat. Dans ce cadre, l’or et l’argent s’imposent comme des instruments de choix, car leur vocation première est précisément de constituer des réserves de valeur presque totalement décorrélées des autres marchés.
Mais quelle proportion de capital faut-il consacrer à l’achat d’or ou d’argent, qu’il s’agisse de pièces ou de lingots ? Y a-t-il un ratio d’épargne minimum, ou au contraire maximum, à respecter ? En clair, combien doit-on avoir d’or et d’argent dans son portefeuille pour une assurance optimale contre les aléas économiques ?
Une épargne de précaution à long terme
L’or et l’argent sont des actifs refuges qui offrent une certaine sécurité par rapport aux autres produits de placement. En tant que métaux précieux, ils sont universels, ne dépendent d’aucun État ni d’aucune organisation spécifique, et leur valeur n’est pas liée à une devise particulière qui pourrait être dévaluée à tout moment. En gros, ils jouent le rôle d’assurance contre les crises politiques et économiques, ainsi que contre l’inflation susceptible d’affecter notre patrimoine.
Cependant, comme toute assurance, il convient de raisonner sur le long terme. Une épargne en or et en argent ne doit pas être appréhendée comme une épargne classique liquide, bien que la liquidité des métaux précieux soit particulièrement élevée. La conservation de valeur est réellement perceptible sur la durée, ce qui signifie qu’il vaut mieux réserver à l’achat d’or et d’argent une somme dont on n’aura pas besoin à court ou moyen terme. Investir dans une once d’or ou une pièce de 20 Francs Napoléon en tant que placement de long terme permet ainsi d’assurer une valeur tangible face aux imprévus.
Un placement de bon sens avant tout
En 1998, Gerald Perritt, un analyste financier de Wall Street, reprenait à son compte un adage de la Bourse de New York et conseillait de consacrer 5% de son capital à l’achat d’or, en priant pour que son prix ne monte jamais ! Aujourd’hui, la théorie aurait tendance à privilégier la proportion de 10%, mais le raisonnement reste le même : quand on sait ce qui peut faire grimper le cours de l’or (inflation, crise économique, troubles sociaux, guerre… ou encore pandémie mondiale !), alors un prix de l’or relativement stable, voire en léger repli par rapport aux devises internationales, c’est plutôt une bonne nouvelle. À commencer pour le reste de notre patrimoine (en théorie 90%) qui n’est pas investi en métaux précieux, car les supports traditionnels peuvent durement pâtir des mêmes évènements qui ont tendance à faire grimper le cours de l’or. Voir 10% de son capital s’apprécier tandis que les 90% restants s’écroulent, ce n’est jamais un très bon calcul.
Maintenir une part raisonnable de son patrimoine en métaux précieux, entre 5% et 10%, vous assure donc une certaine résilience face aux crises. Et ce, sans pénaliser votre capacité à modifier votre stratégie d’épargne dans le temps (si vous optez, par exemple, pour un profil plus patrimonial d’investisseur locatif, après des années à avoir majoritairement spéculé en bourse) ni votre sécurité financière en cas de baisse du marché des métaux précieux. Un usage de bon sens, donc, mais qui occulte un certain nombre de réalités pouvant nuancer la pertinence de ces fameux 10%.
Si le prix de l’or augmente fortement, c’est souvent un signe que l’économie globale traverse une période difficile. Cependant, il est important de ne pas tout miser sur ces actifs, car une forte concentration sur les métaux pourrait limiter la diversification nécessaire pour amortir les chocs économiques.
Bien distinguer l’or et l’argent
Lorsqu’on parle de placement en or, il est crucial d’inclure également l’argent, car seul le bimétallisme permet de bénéficier à la fois d’une forte résilience en cas de crise et d’un certain dynamisme le reste du temps. Pour cela, il faut également comprendre que l’or et l’argent sont très différents et nécessitent donc des approches bien distinctes.
En effet, si l’or est connu pour compenser les mouvements des autres marchés (en clair, il va fortement monter quand l’économie est en difficulté, et vice-versa), l’argent a, quant à lui, un comportement plus complexe pouvant se traduire par des fluctuations plus marquées, pour ne pas dire plus violentes, car influencées par beaucoup plus de paramètres que l’or.
Gardons à l’esprit que plus de 50% de la demande en argent provient de l’industrie, contre seulement 12% pour l’or. Moins contracyclique que l’or, l’argent métal bénéficie assez nettement des bienfaits de la croissance économique, notamment dans les domaines de pointe que sont l’électronique, la médecine, les énergies renouvelables ou encore les télécommunications dans lesquels il est devenu indispensable. L’argent métal va alors se comporter comme un actif traditionnel en suivant en partie les évolutions positives des marchés, en plus d’agir comme une valeur refuge en cas de crise.
Ce dynamisme vient donc idéalement compléter le côté parfois un peu conservateur de l’or. Mais c’est justement ce même dynamisme qui doit inciter l’épargnant à un minimum de prudence dans son allocation d’actifs métalliques. Classiquement, pour les investisseurs français il est conseillé d’avoir 75% d’or pour 25% d’argent afin de pondérer la plus grande variabilité de ce dernier.
Épargner suivant son profil et ses objectifs
La règle des 10% de métaux précieux dans son patrimoine doit être adaptée en fonction de son profil d’épargnant et de ses objectifs à moyen/long terme.
Par exemple, selon que l’on dispose de 5000 euros ou de 5 millions, un investissement de 10% en pièces d’or ou lingots d’argent ne représentera bien évidemment pas du tout la même somme : 500 euros seront sans doute insuffisants pour que la nature d’actif refuge des métaux précieux puisse s’exprimer réellement (une simple once d’or vaut au moins 4 fois plus cher), tandis que 500 000 euros constituent une couverture patrimoniale confortable contre les éventuelles crises à venir.
À l’inverse, 1000 ou 2000 euros d’or et d’argent pour un épargnant modeste sont certainement disproportionnés par rapport au reste de son capital pour lequel il devra plutôt privilégier une épargne immédiatement disponible et liquide, sur un livret par exemple (on parle d’un à trois mois de revenus minimum pour faire face à d’éventuelles dépenses imprévues, voire à une perte ponctuelle de rémunération pour les statuts les plus précaires). Seule exception, les détenteurs d’un compte VeraCash qui peuvent bénéficier des avantages d’une épargne en or liquide par l’intermédiaire de leur carte de paiement, et peuvent donc y consacrer une somme plus importante sans nuire à leur équilibre budgétaire.
En outre, on n’envisage pas de la même façon l’achat de métaux précieux, qui s’apparente à un placement de longue durée, selon que l’on est au début de sa vie professionnelle avec probablement l’envie d’acquérir sa résidence principale et de fonder un foyer (ce qui amplifie notre aversion naturelle au risque), ou que l’on arrive au contraire à un moment de sa vie où on a fini de payer sa maison, que les enfants sont déjà grands et que l’épargne accumulée au fil du temps nous permet de moins craindre d’éventuelles fins de mois difficiles. De même, si l’on a le projet de créer une entreprise ou d’investir dans l’immobilier par exemple, l’achat d’or et d’argent devra rester mesuré afin de ne pas amputer sa capacité à mobiliser des fonds propres pour ces projets.
Quelques exemples concrets de budget pour l’achat d’or et d’argent
En conclusion, un jeune actif pourrait allouer 5 à 10% de son épargne aux métaux précieux, en privilégiant des achats réguliers de pièces ou de petites barres d’or pour étaler le risque et lisser le coût d’achat. Un investisseur plus expérimenté avec une épargne conséquente pourrait consacrer jusqu’à 10 à 15% de son patrimoine en or et en argent, lui permettant non seulement de se constituer une réserve de valeur significative qui fera rempart à l’inflation, mais qui le dotera aussi d’une véritable épargne tampon pouvant absorber de potentielles turbulences économiques, sans trop impacter sa capacité d’investissement ni son capital directement disponible.
Enfin, au-delà de 20% d’épargne en métaux précieux, même si le patrimoine investi ailleurs demeure important, on s’approche dangereusement d’une zone de trop forte concentration de ses actifs. Dès lors, revendre une partie de son or ou de son argent dégagera de nouvelles liquidités permettant ensuite d’élargir ses horizons de placement et ainsi de mieux répartir le risque.
Ce qu’il faut savoir
- En tant que métaux précieux universels, qui ne dépendent ni d’un État ni d’une monnaie, l’or et l’argent permettent une épargne de précaution à long terme.
- Acheter de l’or ou de l’argent doit répondre à une logique de bon sens avant tout, et il faut comprendre que les cours de l’or et de l’argent répondent à des mécanismes différents l’un de l’autre et qu’ils nécessitent donc des approches bien distinctes.
- Il faut également investir selon son profil et ses priorités d’épargne à court et moyen terme.
- Entre 5% du patrimoine pour les plus prudents et 15-20% pour les plus aventureux, le budget alloué à l’achat d’or et d’argent ne doit pas faire oublier le principe de base qu’est la diversification.
Tout savoir sur le taux d'usure
Dans un contexte économique où les taux d’intérêt connaissent des fluctuations importantes et où l’inflation grignote plus que jamais le pouvoir d’achat, le taux d’usure revient souvent dans l’actualité. Mais que se cache-t-il vraiment derrière ce terme, assez ancien et souvent perçu comme technique, voire peu accessible ?
Sommaire
- Qu’est-ce que le taux d’usure ?
- Des origines moyenâgeuses et morales.
- Le taux d’usure : une protection pour les emprunteurs.
- Quand le taux d’usure devient un frein pour l’accès au crédit.
- Taux d’usure et immobilier : un cas particulier de “double-peine”.
- Quelques solutions pour adapter le taux d’usure à la situation actuelle.
Qu’est-ce que le taux d’usure ?
Le taux d’usure représente le taux d’intérêt maximal légal que les établissements de crédit peuvent appliquer lors de la souscription d’un prêt. Ce seuil, fixé trimestriellement par la Banque de France, a pour but de protéger les emprunteurs contre des conditions de prêt abusives ou trop coûteuses. Il est calculé sur la base des taux effectifs moyens pratiqués par les banques au cours du trimestre précédent, majorés d’un tiers.
Par exemple, si le taux effectif moyen pour un type de crédit est de 2%, le taux d’usure sera fixé à environ 2,67%. Cela signifie qu’aucun établissement financier ne peut prêter à un taux supérieur à ce plafond, sous peine de sanctions légales.
C’est dans cette perspective que le terme « taux d’usure » a été utilisé pour désigner le taux maximal au-delà duquel les intérêts pratiqués par les prêteurs sont considérés comme usuraires, c’est-à-dire excessifs et illégaux. La législation moderne a donc conservé ce terme pour encadrer légalement les taux d’intérêt applicables aux prêts, garantissant ainsi une protection contre les pratiques de prêt abusives et assurant un équilibre entre les droits des prêteurs et la protection des emprunteurs.
Le taux d’usure : une protection pour les emprunteurs
Pour en revenir à notre époque, le principal objectif du taux d’usure est de protéger les consommateurs, en particulier les plus vulnérables, des abus potentiels des institutions financières. En plafonnant les taux d’intérêt, la législation cherche à éviter que des ménages se retrouvent pris au piège de crédits à des conditions exorbitantes, notamment en période de tension sur les taux.
- Prévention du surendettement : En empêchant les prêts à des taux excessifs, la fixation officielle du taux d’usure contribue à réduire le risque de surendettement des ménages, un phénomène qui peut avoir des conséquences désastreuses sur les finances personnelles et la stabilité économique globale. En 2024, bien que le nombre de ménages surendettés connaisse une baisse constante depuis 2010, la situation du surendettement en France reste une préoccupation majeure. Selon la Banque de France, environ 82 000 dossiers de surendettement ont encore été déposés en 2023, concernant en majorité des femmes et des familles monoparentales, populations parmi les plus vulnérables sur le plan économique.
- Accessibilité du crédit : Pour les emprunteurs, surtout ceux ayant un profil de risque élevé (comme les personnes âgées ou celles avec des revenus modestes), le taux d’usure permet d’accéder au crédit à des conditions raisonnables, sans tomber dans le piège des taux prohibitifs. On doit tout de même noter une certaine amélioration globale de la solvabilité des ménages grâce à des taux d’intérêt tombés historiquement bas durant la dernière décennie. Et même si les taux sont remontés depuis quelque temps, ils sont toujours à des niveaux particulièrement contenus qui ne menacent pas franchement les ménages, même modestes. Le taux d’usure n’en est alors que plus bas.
Quand le taux d’usure devient un frein pour l’accès au crédit
Et justement, si le taux d’usure a bien pour vocation de protéger les emprunteurs, il peut aussi paradoxalement devenir un obstacle à l’accès au crédit, notamment lorsqu’il est trop bas.
En France, on se base sur le taux annuel effectif global (TAEG), c’est-à-dire le coût global du crédit tout compris, ce qui inclut notamment les frais de dossier et les assurances. Or, sous la pression des banques — qui proposent aujourd’hui bien souvent des assurances dans le cadre d’une diversification de leurs revenus après les différentes crises bancaires de ces dernières années qui les ont menées près du gouffre — les garanties obligatoires font fréquemment exploser la facture au point parfois que le TAEG dépasse le taux d’usure.
Le crédit est alors automatiquement refusé.
Mais le taux d’usure peut également devenir un frein en période de hausse rapide des taux directeurs, comme c’est le cas depuis 2022 avec la lutte contre l’inflation. Face à des banques qui ont brusquement commencé à réajuster leurs conditions à la hausse d’un mois sur l’autre (voire d’une semaine à l’autre, parfois !) pour suivre l’évolution des taux de banque centrale, le taux d’usure officiel (qui n’est recalculé que par trimestre) s’est régulièrement retrouvé dépassé. Certains emprunteurs se sont alors vu refuser des crédits, non pas parce qu’ils étaient insolvables, mais parce que les banques ne pouvaient plus accorder de prêts à des taux conformes aux plafonds légaux.
Un autre effet pervers, lui aussi en grande partie lié aux assurances emprunteurs, a conduit à l’exclusion pure et simple de certains profils, notamment ceux jugés les plus à risques. Les personnes âgées ou celles ayant un taux d’endettement élevé (même avec un reste à vivre très confortable) sont ainsi particulièrement touchées. Dans ce cas, le taux d’usure est considéré comme trop juste pour les banques, qui préfèrent alors ne pas prêter plutôt que de s’exposer à ce qu’elles considèrent comme un risque trop important pour une rémunération plafonnée.
Taux d’usure et immobilier : un cas particulier de “double-peine”
Avec un recours au crédit dans 80 à 90% des cas, le secteur immobilier est particulièrement sensible au taux d’usure. D’autant plus lorsque, s’ajoutant à la remontée des taux d’intérêt (et des assurances !), l’augmentation des coûts de construction ainsi que la flambée des prix de l’ancien viennent empêcher davantage de ménages d’accéder à la propriété.
Car les prix de l’immobilier montent. Trop haut et trop vite, le plus souvent. D’abord parce que le parc résidentiel vacant est systématiquement insuffisant face à la demande. Ensuite parce que de plus en plus de normes environnementales et énergétiques se sont imposées aux vendeurs qui ont dû répercuter les coûts de mise en conformité dans le prix de leurs biens. Et enfin parce que les pénuries de matériaux nées de la crise sanitaire, puis de la guerre en Ukraine, ont considérablement alourdi le coût de la construction elle-même depuis maintenant quasiment 4 ans.
Par conséquent, avec des taux de crédit qui restent malgré tout particulièrement bas quand on les compare à ce qu’ils étaient il y a 10 ou 20 ans, les banques se retrouvent de plus en plus souvent dans l’incapacité de prêter les sommes nécessaires à l’achat d’un bien. Sauf par exemple à devoir allonger la durée de crédit, et donc le taux… au risque d’atteindre très vite le taux d’usure.
Ce type de blocage influe directement sur le marché immobilier car il ralentit les transactions et augmente du même coup la tension sur les prix. Les primo-accédants sont d’ailleurs les plus affectés, car ils se retrouvent exclus du marché, non seulement en raison de la hausse des prix de l’immobilier, mais aussi de celle des coûts de financement.
Quelques solutions pour adapter le taux d’usure à la situation actuelle
Face aux critiques croissantes, plusieurs solutions ont été envisagées pour mieux adapter le taux d’usure aux réalités économiques actuelles.
Une révision plus fréquente du taux d’usure
Une des propositions consiste à institutionnaliser la révision du taux d’usure sur une base mensuelle plutôt que trimestrielle, afin de suivre de plus près les fluctuations des taux d’intérêt. Cela permettrait de réduire les blocages de crédits, notamment en période de forte volatilité. Ce fut le cas entre février et décembre 2023, mais depuis le 1er janvier 2024, la Banque de France procède à nouveau à une révision trimestrielle des taux d’usure.
Flexibilité réglementaire en période de crise
La crise actuelle a amené les autorités financières à assouplir les mesures relatives à l’octroi de crédits immobiliers, notamment en permettant un allongement des maturités, une hausse des taux d’effort et une baisse des taux d’apport pour les emprunteurs. Jusqu’à 20% des dossiers de prêt immobilier pourront même déroger aux limites imposées par le législateur, selon certains profils d’acquéreurs (les moins risqués). En revanche, rien de clair ne semble avoir été prévu pour permettre un éventuel dépassement du taux d’usure sur certains dossiers (sous contrôle strict des autorités, bien sûr), afin de fluidifier le marché du crédit.
Différenciation selon le profil de l’emprunteur
Les propositions évoquées précédemment impliquent que l’on différencie les profils d’emprunteurs (ce que l’on fait déjà en réservant par exemple certains dispositifs aux primo-accédants), mais cette fois pour le taux d’usure. Par exemple, un taux d’usure plus élevé pourrait être appliqué pour des profils jugés plus risqués au niveau assurantiel par exemple (emprunteurs âgés), permettant ainsi de ne pas les exclure du crédit lorsqu’ils disposent par ailleurs d’une bonne solvabilité, tout en maintenant une protection contre les abus.
Pour aller plus loin sur le sujet
Des origines moyenâgeuses et morales
Pour ceux qui sont un peu curieux d’histoire, rappelons que le mot « usure » vient du latin « usura », qui signifie « usage » ou « intérêt », et faisait référence aux intérêts perçus en contrepartie de l’usage d’un capital prêté. Au fil du temps, ce terme a pris une connotation négative, désignant des taux d’intérêt jugés trop élevés, voire abusifs.
Dès le Moyen Âge, la pratique de l’usure était en effet souvent associée à l’idée de profiter abusivement de la situation de besoin d’une personne en lui imposant des taux d’intérêt exorbitants. Cette pratique était moralement condamnée, notamment par l’Église, qui voyait dans l’usure une forme d’exploitation immorale de son prochain. Un péché contraire à la charité chrétienne et qui était assimilée à l’avidité ou à la cupidité, des vices condamnés dans la Bible. Leurs auteurs se voyaient d’ailleurs souvent marginalisés socialement, ils pouvaient être exclus de la communauté chrétienne, voire excommuniés — ce qui avait des conséquences graves dans une société où la religion structurait la vie sociale et politique —, privés de sépulture chrétienne une fois passés de vie à trépas et on pouvait aller jusqu’à confisquer leurs biens au profit d’œuvres charitables, en guise de pénitence posthume.
Et il ne fallait pas s’attendre à être mieux traités par la société civile. Dans de nombreux pays européens, des lois civiles interdisaient l’usure. Les sanctions pouvaient aller de l’amende à la confiscation des biens, voire à l’emprisonnement. En Angleterre, sous le règne d’Édouard Ier, la loi contre l’usure de 1275 imposait ainsi des sanctions sévères contre ceux qui pratiquaient des taux d’intérêt jugés excessifs. Dans certains cas extrêmes, la pratique de l’usure pouvait même conduire à des peines corporelles, voire à la peine de mort. Par exemple, dans certaines villes italiennes, les usuriers pouvaient être condamnés à la pendaison. Et au sein de la communauté juive, qui était souvent accusée de pratiquer l’usure, les risques de persécution étaient encore plus grands, conduisant parfois à des expulsions massives, comme ce fut le cas en Angleterre en 1290.
Ce qu’il faut retenir :
- Le taux d’usure représente le taux d’intérêt maximal légal que les établissements de crédit peuvent appliquer lors de la souscription d’un prêt.
- C’est une protection contre les pratiques de prêt abusives.
- Aujourd’hui, l’application d’un taux d’usure vise à prévenir le surendettement des ménages les plus fragiles.
- Pourtant, cette mesure devient fréquemment un frein à l’emprunt, en raison des frais annexes et des assurances qui viennent grossir le taux annuel effectif global (TAEG) jusqu’à atteindre parfois le taux d’usure, amenant alors les banques à refuser le crédit.
- L’immobilier est particulièrement touché, avec 80 à 90% des transactions qui passent par l’emprunt, sans compter l’augmentation des prix et des coûts de construction qui viennent limiter encore davantage l’accession à la propriété.
- Face aux critiques croissantes, les autorités cherchent à adapter le taux d’usure aux réalités économiques actuelles, notamment par une plus grande flexibilité dans son calcul et son application.
Top 7 des milliardaires détenteurs d'or
Bernard Arnault, Elon Musk, Jeff Bezos… on est tous habitués à lire ces noms chaque fois qu’on évoque les milliardaires de ce monde. Pourtant, ce que l’on sait moins, c’est qu’une grande partie de leur richesse est virtuelle, composée principalement d’actions… dans leurs propres sociétés.
Néanmoins, à côté de ces milliardaires plus ou moins fabriqués par les marchés financiers, on trouve d’autres gens très riches, et même souvent milliardaires eux-aussi, qui ont compris que la détention d’actifs physiques constituait une formidable garantie contre l’effondrement des marchés, justement, ou encore face aux grandes crises économiques et géopolitiques qui secouent régulièrement le monde. Et parmi les produits d’investissement tangibles privilégiés, l’or apparaît en très bonne place.
Évidemment, contrairement aux actions dont les volumes et les cours sont publics, la détention d’or à titre privé peut être assez opaque, a fortiori chez les individus les plus fortunés qui préfèrent souvent ne pas divulguer précisément le détail de leurs actifs en or. Et ce, davantage pour des raisons de sécurité et de confidentialité que pour de banales questions de fiscalité, dont ils savent de toute façon optimiser les effets.
Sommaire
- Quel est le profil de ces milliardaires fervents défenseurs de l’or ?
- Portraits d’investisseurs qui ont compris l’importance économique de l’or
- Eric Sprott – Le Magnat de l’Or
- Seth Klarman – Le Protecteur du Portefeuille
- Jeffrey Gundlach – Le Critique des Banques Centrales
- Nicky Oppenheimer – L’Héritier qui a ajouté l’Or au Diamant
- Ray Dalio – Le Stratège de la Diversification
- Germán Larrea Mota Velasco – Le Baron de l’Or Mexicain
- Gina Rinehart – L’Héritière qui a misé sur l’Or Australien
- Avertissement relatif aux données publiées.
Quel est le profil de ces milliardaires fervents défenseurs de l’or ?
Je l’ai déjà plus ou moins laissé deviner au début de cet article, ne vous attendez pas à trouver des Elon Musk, des Mark Zuckerberg, des Bill Gates ou des Jeff Bezos dans la liste des plus gros détenteurs d’or de la planète. Il est possible que leurs énormes portefeuilles contiennent une ou deux lignes en lien avec l’or et les métaux précieux, le plus souvent par l’intermédiaire de fonds ou d’entreprises minières, mais leurs patrimoines sont principalement composés de valeurs financières.
En revanche, on sait que certaines familles royales, notamment d’Arabie Saoudite et des autres États du Golfe, sont réputées pour détenir de grandes quantités d’or physique. Certes, leurs réserves sont souvent utilisées comme partie intégrante de la richesse nationale, mais elles restent généralement considérées comme des possessions privées. Idem pour quelques propriétaires de grosses entreprises de bijouterie en Inde et en Chine qui possèdent également de grandes quantités d’or, tant pour les besoins de leur activité que comme investissement personnel.
Enfin, il existe aussi des collectionneurs privés qui accumulent de l’or sous diverses formes, y compris des pièces, des lingots ou encore des œuvres d’art, en grande partie parce qu’ils avouent eux-mêmes être tombés sous le charme millénaire du noble métal. On peut ainsi évoquer le cas de James Stunt, connu autant pour ses goûts de luxe que pour ses déboires judiciaires — il a notamment été impliqué dans des controverses liées à la provenance douteuses de certains de ses objets de collection —, qui a amassé une grande quantité d’or sous forme de pièces de monnaie très rares, mais aussi de lingots originaux, valorisant ces actifs non seulement pour leur valeur financière, mais aussi pour leur esthétique et leur histoire.
Des investisseurs qui ont compris l’importance économique de l’or
Ceci étant dit, ceux qui nous intéressent tout particulièrement, ce sont ces grands investisseurs qui ont su marquer leur époque, ou faire fortune dans les secteurs traditionnels, mais qui n’ont pas pour autant délaissé l’or et les métaux précieux dans leur stratégie d’enrichissement. Bien au contraire.
Voici donc une série de brefs portraits d’hommes et de femmes qui, en 2024, continuent à considérer que l’or est un actif essentiel dans un portefeuille de valeurs.
Eric Sprott est un investisseur canadien renommé, particulièrement célèbre pour ses investissements substantiels dans les métaux précieux, notamment l’or et l’argent. Né en 1944, Sprott a accumulé une fortune significative grâce à son expertise dans les investissements en ressources naturelles, et plus spécifiquement en métaux précieux.
En 2024, il annonce une fortune personnelle d’1,1 milliard USD, mais les sources officielles restent floues à ce sujet. On peut d’ailleurs noter qu’il n’apparaît plus dans le classement des milliardaires établi par Forbes.
Quoi qu’il en soit, Eric Sprott a débuté sa carrière en tant qu’analyste chez Merrill Lynch avant de créer sa propre entreprise, Sprott Securities, en 1981, qui est rapidement devenue l’une des principales maisons de courtage et de gestion de fonds au Canada, se concentrant sur les investissements dans les métaux précieux et les ressources naturelles. En 2010, Sprott a lancé Sprott Physical Gold Trust, un fonds de placement en or physique qui a attiré des milliards de dollars d’investissements.
Eric Sprott est donc connu pour ses investissements massifs dans l’or. Il possède à titre personnel une quantité significative d’or physique (d’une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars déclarés) et a également investi dans de nombreuses sociétés minières d’or.
Farouche défenseur de l’or en qualité de valeur refuge en période de crise économique (ce qui n’est pas forcément une découverte), Sprott a souvent exprimé sa conviction selon laquelle l’or protège contre la dévaluation des monnaies et l’instabilité financière mondiale.
Il a ainsi déclaré :
« Je crois que l’or et l’argent sont des investissements essentiels pour quiconque cherche à se protéger contre les dévaluations monétaires et les incertitudes économiques. »
En dépit du flou concernant sa fortune, Eric Sprott reste un acteur majeur dans le domaine des investissements en métaux précieux. Sa stratégie d’investissement basée sur l’or et l’argent lui a non seulement permis d’amasser une grande fortune, mais a également consolidé sa réputation en tant qu’expert puisqu’il n’hésite pas à appliquer « massivement » ses propres principes avec un certain succès.
Né le 21 mai 1957 à New York, Seth Klarman est un investisseur et gestionnaire de fonds spéculatifs américain réputé visionnaire mais prudent. Il est le fondateur de Baupost Group, l’un des plus grands et des plus performants fonds spéculatifs au monde. En 2024, sa fortune personnelle est estimée à environ 1,5 milliard USD.
Klarman est également l’auteur de « Margin of Safety« , un livre devenu culte parmi les investisseurs pour ses conseils sur la gestion des risques et l’investissement dans la valeur.
Il a régulièrement investi dans l’or et les sociétés minières aurifères à travers Baupost Group, car il considère le métal précieux constitue une couverture essentielle contre les incertitudes économiques et les fluctuations du marché
« L’or est un actif tangible qui conserve sa valeur intrinsèque, indépendamment des politiques économiques et des crises financières. »
Parfois critiqué pour son approche un peu trop prudente, notamment en périodes de marché haussier, Klarman a cependant influencé de nombreux gestionnaires de fonds et d’investisseurs particuliers. Sa capacité à naviguer sur les marchés avec une approche conservatrice tout en générant des rendements solides est largement respectée. L’or n’est pas étranger à la grande stabilité de son portefeuille, et ses résultats à long terme parlent d’eux-mêmes, confirmant l’efficacité de sa stratégie.
Jeffrey Gundlach, né le 30 octobre 1959 à Amherst, New York, est, lui aussi, un investisseur et gestionnaire de fonds spéculatifs américain. Fondateur de DoubleLine Capital, il est reconnu pour ses prévisions économiques précises et ses stratégies d’investissement innovantes. En 2024, sa fortune personnelle est estimée à environ 2,2 milliards USD.
Bien que Gundlach soit principalement connu pour ses investissements dans les obligations (on le surnomme même le « roi des obligations »), il a régulièrement recommandé l’or comme une composante essentielle d’un portefeuille diversifié. En 2016, il avait publiquement déclaré que l’or représentait environ 10% de ses investissements personnels.
Pour lui, l’or constitue LA protection contre l’inflation et les fluctuations économiques. Il a souvent souligné que dans un environnement économique incertain, l’or agit comme un actif sûr qu’il faut absolument détenir pour sécuriser son patrimoine, notamment contre les politiques monétaires qu’il juge souvent de façon très critique.
Il a d’ailleurs déclaré :
« L’or est l’une des rares devises qui n’est pas manipulée par la politique des banques centrales. »
Sans surprise, Gundlach a souvent été au centre de débats pour ses critiques virulentes de la Réserve fédérale. Ses prises de position parfois controversées n’ont toutefois pas diminué son influence sur les marchés et sa parole reste très respectée dans la communauté financière, renforçant la crédibilité de l’or comme actif stratégique dans des portefeuilles diversifiés.
Né le 8 juin 1945, Nicky Oppenheimer est un magnat des affaires sud-africain, surtout connu pour son influence prépondérante dans l’industrie des diamants. Héritier de la fortune Oppenheimer, il a longtemps été à la tête de De Beers, la plus grande entreprise de diamants au monde. En 2024, sa fortune est estimée à 9,2 milliards USD, faisant de lui l’un des hommes les plus riches d’Afrique.
Pourtant, bien que son nom soit principalement associé aux diamants, Nicky Oppenheimer a également investi massivement dans l’or, diversifiant ainsi son portefeuille d’actifs.
Les informations spécifiques sur la quantité d’or qu’il détient ne sont pas toujours détaillées publiquement. Cependant, sa participation dans des entreprises minières et des fonds d’investissement qui incluent des actifs en or est bien documentée. Par exemple, il a des intérêts dans l’Anglo American Corporation, une des plus grandes compagnies minières du monde qui possède et exploite plusieurs mines d’or à travers le monde, notamment en Afrique du Sud, en Amérique Latine et en Australie.
Lors d’une conférence sur l’industrie minière en 2010, il a déclaré :
« L’or a toujours été un actif de confiance, particulièrement en temps de crise. Investir dans les ressources naturelles, qu’il s’agisse de diamants ou d’or, offre une sécurité et une croissance à long terme. Ces actifs sont des réserves de valeur éprouvées.«
Cette approche n’est pas surprenante venant d’un homme qui a passé sa vie à gérer et à investir dans des ressources naturelles précieuses. En intégrant l’or dans son portefeuille, Oppenheimer continue simplement de renforcer sa position financière face aux fluctuations économiques mondiales.
Ray Dalio est né le 8 août 1949 à New York. Et il a fondé Bridgewater Associates, le plus grand fonds de couverture au monde. Rien que ça.
En 2024, sa fortune personnelle est estimée à environ 19,1 milliards USD.
Forcément, quand on est à la tête du plus grand fonds spéculatif au monde, gérant plus de 160 milliards USD d’actifs, les gens ont tendance à nous écouter. À plus forte raison lorsqu’on parle de principes de gestion innovants et qu’on écrit plusieurs ouvrages à succès sur l’économie mondiale, dont « Principles: Life & Work » et « Principles for Navigating Big Debt Crises« .
Quoi qu’il en soit, Diallo détient à travers son fonds une part significative de ses actifs en or, souvent par le biais de fonds négociés en bourse comme le SPDR Gold Trust, ou encore d’investissements dans des sociétés minières. Les investissements de Dalio en or sont ainsi estimés à plusieurs milliards de dollars.
Cela ne surprendra personne d’apprendre que Ray Dalio voit lui aussi l’or comme une couverture essentielle contre les risques économiques et politiques. Il prône plus particulièrement une diversification qui inclut des actifs réels et tangibles (et l’or en particulier) pour protéger les portefeuilles contre l’inflation et la dévaluation monétaire.
Il a souvent déclaré :
« Si vous ne possédez pas d’or, vous ne connaissez ni l’histoire ni l’économie.«
La stratégie d’investissement de Dalio, qui valorise l’or de manière importante, a influencé de nombreux investisseurs institutionnels et particuliers. Certes, son attrait pour les actifs tangibles est sans doute un peu influencé par sa vision pessimiste de l’économie mondiale et ses prédictions de crises financières imminentes. Néanmoins, ses investissements stratégiques dans l’or ont prouvé leur efficacité.
Germán Larrea Mota Velasco, né le 8 juillet 1941, est l’une des figures les plus influentes de l’industrie minière au Mexique et en Amérique latine. Avec une fortune personnelle estimée à 26.6 milliards USD en 2024, Larrea se classe parmi les milliardaires les plus puissants de la planète.
À la tête du Grupo México, il a transformé cette entreprise en l’un des plus grands producteurs de cuivre au monde, mais il a surtout diversifié ses activités dans d’autres secteurs miniers, en particulier dans l’extraction d’or. Grupo México possède ainsi des mines d’or au Mexique et au Pérou, ce qui constitue une part non négligeable de ses revenus.
Bien que les quantités exactes d’or possédées par Larrea via Grupo México ne soient pas publiques, on sait que l’entreprise produit des dizaines de tonnes d’or chaque année. Par exemple, en 2020, Grupo México a extrait environ 31 tonnes d’or du sol, reflétant l’ampleur de ses opérations dans ce secteur.
En tant qu’homme d’affaires avisé, Larrea comprend l’importance de l’or en tant que couverture contre les fluctuations économiques et l’incertitude des marchés financiers, notamment au Mexique.
En 2019, il a déclaré :
« Investir dans différents métaux précieux est essentiel pour garantir la stabilité et la croissance à long terme de notre entreprise.«
Mais à titre personnel, il est tout aussi conscient de l’importance de l’or dans la diversification de son patrimoine.
Lors d’une interview en 2018, il a ainsi déclaré :
« L’or offre une stabilité financière et une protection contre l’inflation et les dévaluations monétaires, un fléau qui frappe trop souvent l’Amérique Latine.«
Même si on ne connaît pas la quantité d’or détenue personnellement par Larrea, sa richesse provient essentiellement des opérations d’extraction minière de son entreprise, dont plus de 20% du chiffre d’affaires vient directement de l’or. Et quand on sait que Grupo México a gagné plus de 14,3 milliards de dollars l’an dernier, on comprend que l’or occupe une place non négligeable dans la fortune de Germán Larrea Mota Velasco.
Terminons cette galerie de portraits en cassant les stéréotypes puisque la personne la plus riche tirant sa fortune plus ou moins directement de l’or est une femme, Gina Rinehart.
Née le 9 février 1954, Gina est l’une des femmes les plus riches du monde et la fille unique de Lang Hancock, un magnat de l’industrie minière qui a découvert l’un des plus grands gisements de fer au monde en Australie-Occidentale. À la mort de son père en 1992, Gina Rinehart prend les rênes de l’entreprise familiale, Hancock Prospecting, et transforme la société en un véritable empire minier diversifié. Aujourd’hui, sa fortune est estimée à 30,2 milliards USD, faisant d’elle non seulement la femme la plus riche d’Australie mais aussi l’une des personnes les plus influentes dans le secteur des ressources naturelles mondiales.
Bien que Gina Rinehart soit principalement connue pour ses investissements dans le minerai de fer, l’or constitue une part significative de son portefeuille d’investissements. Comme toujours, les estimations exactes de la quantité d’or qu’elle possède ne sont pas disponibles publiquement, mais on sait qu’elle détient des parts dans plusieurs grandes mines d’or en Australie-Occidentale notamment, reflétant une stratégie de diversification dans les métaux précieux.
On parle par exemple de Tropicana Gold Mine (306 000 onces d’or extraites annuellement), de Warrawoona Gold Project (100 000 onces par an) et de Plutonic Gold Mine (100 000 onces par an également), pour un chiffre d’affaires annuel global dépassant le milliard de dollars.
En 2020, lors d’une interview, Gina Rinehart a indiqué :
« L’or offre une sécurité contre les turbulences économiques et permet de protéger la valeur de nos investissements en périodes d’incertitude. C’est une assurance contre les chocs économiques imprévus, une ressource précieuse qui a maintenu sa valeur à travers les âges, et il est crucial pour tout investisseur avisé de comprendre son rôle dans la protection de la richesse. Mais aussi dans la possibilité d’en créer davantage.«
Enfin, pour Gina, avoir de l’or dans son portefeuille d’investissements n’est pas seulement une mesure de sécurité. C’est aussi une stratégie pour tirer parti des hausses de prix des métaux précieux en période d’instabilité économique. Car lorsque la demande pour l’or augmente, ses entreprises d’extraction deviennent automatiquement très, très rentables.
Ce qu’il faut retenir :
- Le patrimoine des individus les plus riches de la planète est principalement composé de valeurs financières, pas vraiment d’actifs tangibles.
- Des familles royales, notamment d’Arabie Saoudite et des autres États du Golfe, ainsi que des propriétaires de grosses entreprises de bijouterie en Inde et en Chine, sans oublier quelques collectionneurs privés, sont connus pour détenir de grandes quantités d’or physique.
- Les investisseurs qui ont réellement bâti leur fortune ou qui l’ont étendue avec l’or ont surtout cherché les avantages du métal précieux en tant que valeur refuge ainsi que pour son rôle comme protection contre les crises économiques et les dévaluations monétaires.
Avertissement
Toutes les informations publiées dans cet article proviennent de sources très variées (et parfois imprécises) qu’il a souvent fallu recouper pour obtenir des données aussi fiables que possible.
La majorité des éléments concernant la fortune des différentes personnes faisant l’objet de portraits sont tirés du classement Forbes de 2024, mais aussi de Bloomberg, Reuters ou CNBC.
Les informations concernant les entreprises citées ainsi que les volumes d’or produits par certaines d’entre elles proviennent de plateformes d’évaluation boursières mais aussi des sites officiels de ces sociétés lorsqu’ils contiennent ce type de données.
Enfin, comme les détails spécifiques concernant la part exacte d’or dans le patrimoine des individus ne sont généralement pas rendus publics — sauf si les personnes en question décident de divulguer ces informations elles-mêmes ou à travers des rapports réglementaires spécifiques, ce qui est rare pour des actifs personnels comme l’or — il reste difficile de garantir l’exactitude des données publiées ici.
Le Nickel de Nouvelle-Calédonie : un enjeu stratégique pour la France
La Nouvelle-Calédonie n’est pas qu’une simple destination touristique de rêve avec ses longues plages de carte postale et son climat tropical. En plus de la richesse de sa biodiversité (son lagon de 24 000 kilomètres carrés est l’un des plus grands au monde), le Caillou possède également un véritable trésor géologique constitué d’immenses réserves de nickel.
Tellement immenses qu’elles représentent environ 25% des réserves mondiales de ce métal devenu essentiel à l’heure de la transition énergétique et de l’innovation technologique.
Autant dire que les tensions politiques et sociales qui font rage actuellement sur le troisième plus vaste Territoire d’Outre-Mer français ont un impact direct sur cette industrie cruciale pour le monde entier. Et pour la France en particulier qui y voit aussi un enjeu stratégique évident.
Sommaire
- Le Nickel, un “vieux” métal d’avenir ?
- Le Nickel de Nouvelle-Calédonie au milieu de la tourmente.
- Le nickel au cœur d’enjeux stratégiques locaux et nationaux.
- Quels sont les défis à surmonter pour l’industrie du nickel néo-calédonien ?
Le Nickel, un “vieux” métal d’avenir
Découvert par le chimiste suédois Axel Fredrik Cronstedt en 1751, le nickel est un métal argenté réputé pour sa résistance à la corrosion, sa ductilité, sa malléabilité, et sa stabilité à haute température. Autant de propriétés uniques qui lui ont permis de devenir un composant crucial dans de nombreux secteurs industriels et de construction au fil du temps.
Ainsi, historiquement, l’essentiel de la production mondiale de nickel (environ 60 %) est destiné à la fabrication d’aciers inoxydables, dans le but de les rendre plus résistants à la corrosion et donc indispensables dans une grande variété de secteurs industriels, aussi bien en chimie que dans l’automobile, le bâtiment, ou encore l’aéronautique.
Le saviez-vous ?
Le nickel est également utilisé dans la fabrication de pièces de monnaie, renforçant leurs caractéristiques de sécurité. Les pièces de 1 et 2 euros, par exemple, contiennent respectivement 11,3 % et 9,1 % de nickel, ce qui améliore leur résistance et leur durabilité.
Mais depuis quelques années, le nickel connaît un fort regain d’intérêt avec l’essor des nouvelles technologies et surtout la transition énergétique, notamment pour ses applications dans les batteries des véhicules électriques. Une popularité qui devrait se confirmer à l’avenir puisqu’on estime que la demande de nickel dans le seul secteur des véhicules électriques sera 14 fois plus importante en 2030 qu’elle ne l’était en 2019.
Le Nickel de Nouvelle-Calédonie au milieu de la tourmente
Actuellement, la Nouvelle-Calédonie connaît des tensions politiques et sociales très fortes, à la limite de la guerre civile, marquées par des divergences profondes sur la gouvernance et la gestion des ressources naturelles, notamment le nickel. Les réformes électorales controversées et les revendications d’indépendance des Kanaks, opposées aux désirs de maintien dans la République française des loyalistes, ont exacerbé les conflits. Ces tensions ont conduit à des manifestations, parfois violentes, et à des blocages qui perturbent gravement l’industrie du nickel.
Impact des Tensions sur l’Industrie du Nickel
Par exemple, en mai 2024, des manifestations ont conduit à la fermeture temporaire des mines et des installations de traitement du métal, affectant les livraisons aux marchés internationaux. Ces interruptions ont donc mécaniquement entraîné une augmentation significative des prix du nickel sur le marché mondial, passant de 18 510 $ à 21 275 $ la tonne métrique sur le London Metal Exchange.
De plus, les blocages et les violences ont mis en péril des milliers d’emplois et ont exacerbé les difficultés financières des entreprises minières locales, comme la Société Le Nickel (SLN) et Koniambo Nickel SAS (KNS). La mine de Goro, par exemple, détenue par Vale et récemment vendue à un consortium incluant Trafigura et d’autres acteurs locaux, a été fermée en raison des protestations violentes, mettant en danger environ 3 000 emplois directs et indirects.
Des préoccupations internationales
Forcément, les acteurs internationaux surveillent la situation de près, car toute perturbation prolongée de l’approvisionnement en nickel pourrait avoir des répercussions sur les industries technologiques et de l’énergie renouvelable à l’échelle mondiale, telles que la production de véhicules électriques, de batteries et d’autres technologies critiques. Par exemple, Tesla — qui a investi dans la mine de Goro en 2021 — pourrait voir ses coûts de production augmenter, mais surtout ses chaînes d’approvisionnement suffisamment perturbées au point de ralentir la production de ses véhicules électriques.
L’autre problème majeur à prendre en compte, et qui explique pourquoi l’industrie mondiale compte beaucoup sur le nickel de la Nouvelle-Calédonie, c’est qu’un autre grand producteur de ce métal connaît lui aussi pas mal de difficultés. Il s’agit de la Russie qui doit faire face aujourd’hui à d’importantes sanctions internationales sur ses exportations, et dont la production représente pas moins de 10% du nickel vendu dans le monde.
Le nickel au cœur d’enjeux stratégiques locaux et nationaux
La première victime des tensions à Nouméa, c’est bien évidemment la Nouvelle-Calédonie elle-même. Mais la France métropolitaine est également fortement impactée, notamment parce que le nickel de Nouvelle-Calédonie représente un atout stratégique majeur tant sur le plan économique que géopolitique.
L’importance économique et sociale du nickel en Nouvelle-Calédonie
On l’a évoqué plus haut, le nickel fait littéralement vivre une bonne partie de l’archipel néo-calédonien. Ce métal, que l’on qualifie aussi d’or vert en raison de son importance croissante dans les technologies vertes et durables, représente en effet jusqu’à 90 % des exportations de la Nouvelle-Calédonie et emploie environ un quart de sa population active.
La richesse générée par cette industrie soutient les infrastructures locales et contribue de manière significative au PIB du territoire. La stabilité de cette industrie est donc essentielle pour le développement économique et social de la région. Mais il existe malheureusement des divergences profondes entre les différentes communautés du Caillou autour de l’exploitation du nickel. Les indépendantistes kanaks et les loyalistes ont en effet des visions différentes sur la manière de gérer, et surtout de répartir, les bénéfices de cette ressource stratégique à la fois pour l’île et pour le monde.
Sans oublier l’importance cruciale d’assurer une exploitation durable et équitable pour une ressource qui est devenue, ironiquement, l’un des symboles de l’économie vertueuse.
Un métal au cœur des enjeux stratégiques de la France
Au-delà de l’île, le nickel de Nouvelle-Calédonie représente également un atout stratégique majeur pour la France, tant sur le plan économique que géopolitique. Avec 25 % des réserves mondiales de nickel sur l’un de ses territoires, la France détient en effet une grande partie d’une ressource critique dans la fabrication de batteries pour véhicules électriques, smartphones, et autres technologies de pointe. Une ressource essentielle pour la transition énergétique, mais aussi pour la compétitivité technologique de la France et de l’Europe face à des acteurs majeurs comme la Chine.
Cet aspect stratégique du problème est vraiment pris au sérieux à Paris, qui met régulièrement en place des initiatives pour soutenir l’industrie minière en Nouvelle-Calédonie. Par exemple, en 2023, le gouvernement français a proposé un « pacte du nickel » qui inclut une aide d’urgence de 200 millions d’euros pour aider à réduire les coûts de production et stabiliser le secteur. Ce plan vise notamment à renforcer la compétitivité de l’industrie minière face aux concurrents, et notamment le géant Indonésien qui reste de très loin le plus gros exportateur de nickel dans le monde, et dont les coûts de production sont très bas.
Enfin, n’oublions pas que la Nouvelle-Calédonie occupe une position hautement stratégique dans le Pacifique Sud, une région où les tensions géopolitiques sont croissantes, notamment en raison de la compétition entre la Chine et les États-Unis. La France, qui cultive toujours son soft power, trouve là une opportunité unique de stabiliser la région en évitant que l’une de ces grandes puissances finisse par dominer cette partie du monde. L’an dernier, on pouvait lire dans le journal The Diplomat (premier média de la région Asie-Pacifique) que la France « veut agir comme une puissance stabilisatrice, attachée à un multilatéralisme efficace fondé sur l’État de droit et le refus de la coercition ». Et cela passe, entre autres, par un soutien actif à l’industrie du nickel de Nouvelle-Calédonie, afin de sécuriser les approvisionnements et renforcer la présence française dans le Pacifique.
Les défis à surmonter pour l’industrie du nickel néo-calédonien
La première chose à comprendre, et surtout à faire comprendre aux principaux acteurs des tensions ce petit bout de France du Pacifique, c’est que l’industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie est tout simplement cruciale à l’échelle du monde entier. Avec une demande qui ne cesse de croître, l’archipel a réellement le potentiel de jouer un rôle majeur dans la transition énergétique mondiale, ce qui offre en outre des opportunités significatives pour l’économie locale.
Mais il faudra pour cela trouver un consensus sur la gouvernance et la répartition des bénéfices de l’industrie minière afin d’assurer une exploitation stable et durable des ressources. D’autant plus que les tensions actuelles créent un climat d’incertitude qui influe, non seulement sur la production de nickel, mais aussi sur l’intérêt d’éventuels investisseurs.
Or, les coûts élevés de production, en partie dus aux coûts de l’énergie et aux infrastructures locales souvent vieillissantes, rendent difficile la concurrence avec d’autres grands producteurs comme l’Indonésie. Pour maintenir et renforcer sa position sur le marché mondial, l’industrie néo-calédonienne doit donc permettre à des acteurs extérieurs mais aussi locaux d’investir dans des nouvelles technologies d’extraction et de traitement du nickel, afin d’améliorer l’efficacité des exploitations et de réduire les coûts de production. Le tout, bien entendu, en développant des méthodes industrielles plus propres et des pratiques minières durables, dans le but de préserver l’extraordinaire richesse du patrimoine naturel de l’île.
Autant de défis qui nécessitent un retour à la stabilité pour attirer des capitaux sur l’archipel et trouver enfin un équilibre entre développement économique, stabilité politique et préservation de l’environnement.
Ce qu’il faut retenir :
- Les réserves de nickel en Nouvelle-Calédonie représentent environ 25% des réserves mondiales.
- Principalement destiné à la fabrication d’aciers inoxydables depuis plus d’un siècle, le nickel est devenu essentiel à l’heure de la transition énergétique et de l’innovation technologique, notamment pour ses applications dans les batteries des véhicules électriques.
- Actuellement, la Nouvelle-Calédonie connaît des tensions politiques et sociales très fortes qui pénalisent lourdement l’industrie minière du nickel, faisant grimper le cours du métal, mais ayant aussi d’importantes répercussions sur l’emploi et l’activité économique de l’archipel.
- Le nickel représente en effet jusqu’à 90 % des exportations de la Nouvelle-Calédonie et fait vivre environ un quart de sa population active.
- Le nickel est également une ressource hautement stratégique pour la France, non seulement pour la transition énergétique, mais aussi pour sa compétitivité technologique face à des acteurs majeurs comme la Chine.
- La Nouvelle-Calédonie occupe également une position stratégique dans le Pacifique Sud, zone de tensions économiques et politiques entre la Chine et les États-Unis.
L’or poursuit sa progression… avec hésitation
Principaux indicateurs américains (valeurs arrêtées au 14/06/2024)
- Taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed) : 5.5% inchangé depuis juillet 2023
- 238 000 inscriptions hebdomadaires au chômage, en repli ↘︎
- Inflation américaine “Core” : 3.4%, inchangé
- Confiance des consommateurs US (indice Michigan) : 65.6 inchangé
- Valeur du Dow Jones : 39150 en hausse ↗︎
- Valeur du S&P 500 : 5464 en légère hausse ↗︎
Principaux indicateurs européens (valeurs arrêtées au 14/06/2024)
- Taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) : 4.25 % inchangé
- Taux d’inflation moyen pour la zone euro : 2.6 % stable
- Taux de chômage pour la zone euro : 6.4 % stable
- Confiance des consommateurs et des entreprises zone euro : -14.3 inchangé
- Production industrielle de la zone euro : -3 % inchangé
- EUR/USD : 1.069 en légère baisse ↘︎
Évolution du cours de l’or
L’or a poursuivi la progression amorcée la semaine précédente pour atteindre 2370 dollars l’once vendredi 21 juin… avant de finalement se replier brusquement au seuil des 2320 dollars en fin de journée.
Une économie américaine toujours résiliente
La raison est sans doute à trouver encore une fois du côté des Etats-Unis où les dernières publications économiques ont relancé la confiance des investisseurs… vis-à-vis du Trésor américain !
Par exemple, la production manufacturière aux États-Unis a augmenté de 0,9 % en mai par rapport au mois précédent, dépassant les attentes du marché qui tablait plutôt sur une hausse de 0,3 %. De la même façon, les demandes initiales d’allocations de chômage ont légèrement diminué la semaine dernière.
Certes, d’autres chiffres comme le nombre de constructions neuves ou encore la confiance des entreprises reculent depuis quelques mois, trahissant une activité économique américaine plutôt atone au deuxième trimestre. Mais force est de constater que celle-ci se maintient malgré tout à des niveaux assez élevés.
Dans ces conditions, la Réserve fédérale ne dispose pas vraiment de marge de manœuvre pour justifier une prochaine baisse de ses taux directeurs, contrairement à ce que certains observateurs commençaient à espérer ces dernières semaines. Le dollar reste donc très solide et, forcément, l’or en pâtit.
L’or reste un actif de protection contre les risques géopolitiques
Pour autant, de nouvelles frappes aussi bien à Gaza que sur le front russo-ukrainien continuent d’alimenter un fort sentiment d’insécurité géopolitique à l’échelle mondiale. N’oublions pas que c’est lors de l’attaque russe contre l’Ukraine en 2022 que le cours de l’or a réellement franchi la barre symbolique des 2000 dollars l’once, passant ainsi en deux semaines de 1829 à 2051 USD.
Une position confirmée après le massacre perpétré par le Hamas en octobre 2023 et surtout les représailles qui en ont découlé, ravivant très fortement les risques d’un embrasement généralisé au Moyen-Orient. À ce moment-là, l’or qui était reparti à la baisse suite au renchérissement du dollar est pris d’assaut par les acheteurs qui cherchent à se protéger des risques géopolitiques à venir.
Depuis, la progression ne s’est pas démentie, les 2000 dollars ont été de nouveau franchis, puis dépassés. Et de beaucoup ! Aujourd’hui, malheureusement, il semble que cette situation dramatique qui perdure en ces différents points du globe constitue encore l’un des meilleurs supports du cours de l’or pour l’instant.
La demande chinoise soutient aussi le cours de l’or
Enfin, il y a encore la Chine qui continue à acheter de l’or en grande quantité (les volumes de transactions sur le Shanghai Gold Exchange ont augmenté de plus de 20% pour l’or la semaine dernière).
Mais cette tendance est surtout portée par la demande des particuliers, lesquels se voient désormais privés de produits financiers liés à l’or auprès des banques (après différents scandales), et qui reviennent donc aux pièces et aux lingots bien tangibles avec d’autant plus d’appétit qu’ils craignent que des restrictions frappent aussi les métaux précieux physiques.
Car l’or est culturellement très populaire en Chine, mais il est aussi un véritable outil d’épargne et de protection monétaire. Surtout à l’heure actuelle qui voit le yuan dévisser régulièrement face aux principales devises internationales. Selon le World Gold Council, les consommateurs chinois ont acheté à eux seuls 910 tonnes d’or en 2023, soit 121 tonnes de plus qu’en 2022.
Un chiffre à comparer aux achats records d’or effectués par les banques centrales au premier trimestre 2024, et qui se sont élevés à “seulement” 290 tonnes.
Première hausse hebdomadaire de l’or depuis un mois
Principaux indicateurs américains (valeurs arrêtées au 14/06/2024)
- Taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed) : 5.5% inchangé depuis juillet 2023
- 242 000 inscriptions hebdomadaires au chômage, supérieur aux attentes ↗︎
- Inflation américaine “Core” : 3.4%, en baisse ↘︎
- Confiance des consommateurs US (indice Michigan) : 65.6 en nette baisse ↘︎
- Valeur du Dow Jones : 38589 en baisse ↘︎
- Valeur du S&P 500 : 5431 en hausse ↗︎
Principaux indicateurs européens (valeurs arrêtées au 14/06/2024)
- Taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) : 4.25 % inchangé
- Taux d’inflation moyen pour la zone euro : 2.6 % stable
- Taux de chômage pour la zone euro : 6.4 % stable
- Confiance des consommateurs et des entreprises zone euro : -14.3 inchangé
- Production industrielle de la zone euro : -3 % en baisse ↘︎
- EUR/USD : 1.07 en baisse assez nette ↘︎
Évolution du cours de l’or
La semaine dernière, l’or est reparti à l’assaut des 2340 dollars l’once qu’il a atteint et dépassé le jeudi 12 juin, avant de se replier légèrement aux alentours des 2330 dollars (2332.20 exactement) à la clôture des marchés de vendredi.
Le métal précieux marque ainsi (enfin !) sa première hausse hebdomadaire en quatre semaines. En effet, même s’il lui est arrivé d’afficher des rebonds ponctuels au-delà des 2375 dollars au cours du mois écoulé, le cours de l’or n’a cessé de reculer depuis les niveaux records du mois de mai.
L’or permet de compenser les pertes en portefeuille
Néanmoins, l’or continue à surperformer la plupart des actifs depuis le début de l’année 2024, en particulier les marchés actions qui peinent à conserver une tendance haussière de long terme. Ainsi, le Dow Jones réalise péniblement une plus value de 2.3% depuis le 1er janvier, tandis que le CAC40 affiche quant à lui une « performance » négative par rapport à son niveau du début de l’année, suite au plongeon de l’indice parisien depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale et l’incertitude politique qui en découle.
L’or, donc, progresse toujours malgré les turbulences de ces dernières semaines, puisqu’il gagne actuellement 289 dollars par rapport à première cotation de l’année, soit une plus-value de 14,1% en 6 mois.
Au passage, on peut voir ici l’expression concrète de la place de l’or dans un portefeuille, et de son intérêt en période économique troublée, puisqu’il permet de compenser largement les pertes enregistrées sur des actifs plus exposés.
Le recul de l’euro booste les plus-values de l’or
Et c’est d’autant plus vrai quand on s’intéresse au cours de l’or en euros, car là, la progression s’élève à 16.63% depuis le 2 janvier 2024 !
D’ailleurs, la semaine écoulée a également été l’occasion de constater à quel point la courbe du cours de l’or en euros s’est éloignée de celle en dollars (alors qu’on considère parfois un peu trop facilement que les deux courbes sont identiques). Une évidence, voire une lapalissade, pour qui sait interpréter la relation antagoniste entre l’or et le billet vert, mais qui a au moins le mérite de rappeler qu’il peut être judicieux d’apprécier aussi le cours de l’or en euro, notamment pour les clients de VeraCash.
La fin du cycle économique pourrait profiter à l’or
Alors oui, la décision de la BCE de réduire ses taux de 25 points de base ainsi que l’incertitude politique en France à la suite des élections européennes ont joué un rôle dans la dépréciation de l’euro face au dollar, ce qui a plus ou moins mécaniquement fait grimper le prix de l’once d’or en devise européenne. Mais, aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis (où la Fed reste farouchement accrochée à son objectif d’inflation à 2% pour envisager une première baisse de taux), il semble qu’on ait atteint (voire dépassé) le sommet du cycle économique actuel.
L’or tente une reprise malgré l’arrêt de la demande chinoise
Principaux indicateurs américains (valeurs arrêtées au 07/06/2024)
- Taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed) : 5.5% inchangé depuis juillet 2023
- 272 000 créations d’emplois en mai, en très forte hausse contre 185 000 attendus ↗︎
- Inflation américaine “Core” : 3.6 % inchangée
- Confiance des consommateurs US (indice Michigan) : 69.1 inchangé
- Valeur du Dow Jones : 38799 en hausse ↗︎
- Valeur du S&P 500 : 5347 en hausse sensible ↗︎
Principaux indicateurs européens (valeurs arrêtées au 07/06/2024)
- Taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) : 4.25 % en baisse ↘︎
- Taux d’inflation moyen pour la zone euro : 2.6 % stable
- Taux de chômage pour la zone euro : 6.4 % en baisse ↘︎
- Confiance des consommateurs et des entreprises zone euro : -14.3 inchangé
- Production industrielle de la zone euro : -1 % inchangé
- EUR/USD : 1.08 en baisse après une semaine positive ↘︎
Évolution du cours de l’or
La première semaine du mois de juin a été l’occasion pour l’or de se reprendre après ses pertes de la fin mai. Mais, malgré une belle remontée au-delà des 2380 dollars l’once, laissant penser qu’on allait renouer avec les niveaux records de la mi-mai, le cours de l’or a finalement clôturé vendredi en-dessous des $2300 (2294 USD/once exactement, après un creux à 2280).
Certes, la semaine a été marquée par un événement particulièrement important, dont certains pouvaient espérer des répercussions positives sur l’or. Non, il ne s’agissait pas de la finale des Internationaux de Roland-Garros ni de la cérémonie commémorant les 80 ans du Débarquement en Normandie, mais bien de la décision prise par la Banque centrale européenne de baisser ses taux directeurs pour la première fois depuis huit ans.
L’ouverture de la séquence de baisse des taux
La BCE veut redynamiser l’euro
En effet, il faut remonter au 16 mars 2016 pour constater une baisse du taux principal de 0.05 à… 0%. Et ce n’est que le 27 juillet 2022 qu’on verra le taux d’intérêt remonter à 0.50%, amorçant une séquence de hausses inédites jusqu’à aujourd’hui. La baisse de 0.25% de jeudi dernier siffle donc la fin de la récréation pour les investisseurs qui misaient jusqu’ici sur l’excellent rendement de l’euro, mais aussi du dollar.
Car ne nous y trompons pas ; si pour une fois l’Europe est en avance sur les Etats-Unis, on peut raisonnablement supposer que la Fed devra elle aussi baisser ses taux assez rapidement. Ne serait-ce que pour éviter une fuite des capitaux vers la Zone euro, laquelle pourrait non seulement offrir des conditions d’investissement plus favorables mais aussi des “tickets d’entrée” plus accessibles dans certains secteurs industriels et commerciaux en reprise de croissance. L’ennui, c’est que la valeur du dollar risque d’en pâtir, car qui dit baisse de taux de la Fed, dit moindre rendement pour les obligations d’État. Et dans ce cas, c’est l’or qui vient remplacer le dollar vert dans le cœur des investisseurs soucieux de sûreté à long terme.
Une situation moins évidente aux États-Unis
Néanmoins, les récents chiffres de l’économie américaine, qu’il s’agisse de l’inflation persistante mais aussi de la hausse quasi continue de l’emploi, ne permettent pas aux gouverneurs de la Banque centrale américaine de statuer sereinement sur une éventuelle baisse de taux. Car leur mandat consiste juste à soutenir, à la fois, une certaine inflation et le plein emploi. Or, ces deux métriques sont déjà particulièrement élevées ! Autant dire que baisser les taux aujourd’hui reviendrait pour la Fed à faire l’inverse de ce qu’on attend d’elle en théorie. Quant à amorcer cette baisse après l’été, cela nous rapprocherait dangereusement des élections américaines où cette action pourrait être vue comme une tentative d’influencer le scrutin..
Quoi qu’il en soit, le marché de l’or semble avoir d’ores et déjà réagi à l’annonce de la BCE, avec un cours qui repart à la hausse comme pour anticiper un inévitable recul des taux également côté américain.
À part ça, et même si on se saurait s’en réjouir, l’or continue à être soutenu par les conflits Russo-Ukrainien et Israëlo-Palestinien, avec dans les deux cas des risques d’extension toujours aussi présents. Sans oublier qu’il semble y avoir de moins en moins de voix qui s’expriment pour apaiser les tensions, bien au contraire.
Fin de la politique d’achat d’or en Chine
Alors que Pékin accumulait de l’or depuis plus de 18 mois, en accord avec ses objectifs de réduire la part de ses avoirs officiels en bons du Trésor américain, la banque centrale chinoise (BPoC) a annoncé officiellement vendredi que le pays arrêtait ses achats de métal précieux.
Cette annonce pour le moins inattendue a bien évidemment entraîné une baisse brutale du cours de l’or, lequel a littéralement plongé et perdu presque 100 dollars l’once en quelques heures.
Sachant que les banques centrales restent le premier soutien de la demande en or, la défection d’un poids lourd comme la Chine en a inquiété plus d’un. Toutefois, la raison est sans doute à trouver ailleurs que dans un hypothétique désintérêt soudain de la BPoC pour les lingots. En réalité, le prix de l’or est monté très vite ces trois ou quatre derniers mois, et on peut supposer que la banque centrale chinoise n’était plus vraiment disposée à payer le prix fort pour continuer à constituer ses réserves. Consciente de son poids sur ce marché, la Chine a sans doute voulu faire redescendre un peu la pression avant de reprendre son programme d’achat à des niveaux plus raisonnables.
Tout savoir sur les agences de notation
[Première publication : 26 mars 2024 – Mise à jour : 5 juin 2024] Standard & Poor’s a annoncé vendredi 31 mai la dégradation de la note de la France, passant de AA à AA-.
Impossible aujourd’hui de s’intéresser à l’économie ou à la finance sans entendre parler des agences de notation. Ces entités, souvent perçues comme toutes-puissantes, ont un rôle d’arbitre universellement reconnu et leurs jugements peuvent façonner les destins économiques des pays ou des entreprises dont elles évaluent la solvabilité.
Désormais incontournables mais parfois controversées, on ne sait pas grand-chose de leur mode de fonctionnement. Et si on connaît leur influence, on parle finalement assez peu des défis qu’elles rencontrent, ou des mécanismes qui sous-tendent leurs décisions.
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Breaking Cash, le rendez-vous d'éducation financière issu des articles du blog de VeraCash
Sommaire
- Qu’est-ce qu’une agence de notation ?
- Quelles sont les principales agences de notation ?
- Comment fonctionne le processus de notation ?
- Quel est l’impact des notations ?
- Existe-t-il des critiques et des controverses à l’égard des agences de notation ?
- Comment la France est-elle vue par les agences de notation ?
Qu’est-ce qu’une agence de notation ?
Les agences de notation financière sont des entreprises spécialisées qui évaluent le risque de crédit associé aux émetteurs de dettes — qu’il s’agisse d’entreprises, de municipalités ou de gouvernements — , ainsi qu’aux différents instruments financiers qu’ils proposent. Leur rôle principal est d’informer les investisseurs sur la probabilité que l’émetteur ne puisse pas rembourser sa dette conformément aux termes établis.
Leur création remonte au 19e siècle, époque où commença à se faire sentir la nécessité de fournir aux investisseurs une évaluation indépendante sur la fiabilité des émetteurs de dette. À l’origine focalisées sur les chemins de fer et les obligations municipales, ces agences ont graduellement étendu leur champ d’action, pour devenir aujourd’hui des acteurs incontournables des marchés financiers mondiaux.
Comme leur nom l’indique, les agences de notation… attribuent des notes reflétant la capacité d’un emprunteur à rembourser sa dette. Ces notes servent ensuite de référence aux investisseurs pour orienter leurs décisions de placer ou non leurs capitaux.
Les principales agences de notation
Trois grandes agences de notation dominent le secteur, influençant profondément les marchés et les politiques économiques à l’échelle internationale.
- Standard & Poor’s (S&P) : Fondée en 1860, S&P est réputée pour son indice boursier S&P 500, mais elle joue également un rôle crucial dans la notation financière. Elle évalue tant les dettes souveraines que celles d’entreprises et de municipalités, fournissant aux investisseurs une mesure essentielle du risque de crédit.
- Moody’s : Créée en 1909 par John Moody, cette agence offre une large gamme de services de notation financière, couvrant les gouvernements, les entreprises et les institutions financières. Moody’s est reconnue pour sa méthode d’analyse approfondie et ses perspectives détaillées.
- Fitch Ratings : Plus jeune que ses deux homologues, Fitch a été fondée en 1914 et s’est imposée comme un acteur influent en fournissant des notations, des recherches et des analyses financières. Elle évalue une variété d’entités, des grandes corporations aux petits émetteurs.
Bien que ces agences soient basées aux États-Unis, leur influence s’étend bien au-delà des frontières américaines, touchant les marchés financiers mondiaux, car elles ont des bureaux partout dans le monde et évaluent une vaste gamme d’instruments financiers dans de nombreuses juridictions.
Chaque agence possède bien évidemment des domaines où elle excelle plus particulièrement, que ce soit les dettes souveraines, les entreprises, les institutions financières ou les produits structurés. Mais leur objectif commun reste de fournir une évaluation précise et fiable du risque de crédit, dans un souci de transparence à l’égard des investisseurs.
Comment fonctionne le processus de notation ?
Généralement, c’est l’émetteur de la dette qui demande (et paie !) pour être évalué, bien que certaines notations puissent être initiées par l’agence elle-même. Une fois mandatée, l’agence de notation demande à ses analystes d’étudier la situation de l’émetteur ainsi que son environnement économique, incluant les états financiers, la gouvernance d’entreprise ou le secteur d’activité, sans oublier le contexte économique global.
Pour les États, les agences se concentrent sur un certain nombre d’indicateurs économiques, financiers et politiques concrets qui leur permettent de juger la capacité du pays à rembourser ses dettes. Il s’agit notamment de la croissance du PIB, du taux de chômage et du taux d’inflation, mais aussi du niveau de la dette publique déjà existante, des éventuels déficits budgétaires ou encore de la structure de la dette (son ancienneté, sa composition, etc.). Les agences étudient également la stabilité politique du pays, sa bonne gouvernance (une forte transparence réduit les risques de corruption et d’inefficacité) et la capacité du gouvernement à lever l’impôt. Enfin, la manière dont le pays va résister aux chocs économiques mondiaux ainsi que ses relations commerciales influent également sur sa note finale.
À l’issue de cette analyse, une note est donc attribuée selon une échelle qui va généralement de ‘AAA‘ (investissement de très haute qualité) à ‘D‘ (défaut ou faillite). L’agence réexamine ensuite régulièrement son appréciation pour tenir compte de l’évolution des conditions économiques et de tout changement dans la situation financière de l’émetteur.
En clair, la note attribuée reflète l’opinion de l’agence sur la capacité et la volonté de l’émetteur à rembourser sa dette, et on pourrait penser que cette opinion n’engage qu’elle. Mais en réalité, les agences de notation ont une influence considérable sur les marchés financiers, car leurs analyses influent directement sur les conditions d’emprunt pour les émetteurs, par exemple sur le coût des obligations émises par un État.
Quel est l’impact des notations ?
Concrètement, une bonne note permet d’emprunter à des taux d’intérêt plus bas, tandis qu’une mauvaise note attisera la méfiance des investisseurs qui ne prendront le risque de prêter de l’argent qu’à condition d’obtenir un taux de rendement plus élevé.
Mais au-delà du cas particulier de l’émetteur, qui voit donc ses coûts d’emprunt fluctuer en fonction de son évaluation, les notations exercent une influence profonde, non seulement sur les marchés financiers, mais aussi sur l’économie mondiale dans son ensemble.
Par exemple, en affectant les décisions d’investissement et les taux d’intérêt des obligations d’État, les agences de notation ont plus ou moins le destin de nations tout entières entre leurs mains. Une bonne note attribuée à un État souverain peut ainsi rassurer les investisseurs et abaisser les taux d’intérêt demandés, facilitant ainsi l’afflux de capitaux que le gouvernement peut ensuite allouer à divers chantiers de sa politique économique, qu’il s’agisse de stimuler la croissance, améliorer la situation de la population, moderniser et développer les services publics, etc. Inversement, une notation dégradée peut entraîner une méfiance de la part des investisseurs, et l’État concerné devra offrir un rendement plus élevé, ce qui au final augmentera le coût de sa dette et le privera de capitaux dont il aurait eu besoin pour continuer à se développer, innover et soutenir l’activité économique.
On se souvient notamment de la crise de la dette européenne entre 2009 et 2012 au cours de laquelle les dégradations successives des notes de plusieurs pays européens ont provoqué une fuite de capitaux, augmenté les coûts d’emprunt et exacerbé les tensions économiques et politiques.
Toutefois, une bonne note peut aussi avoir des conséquences néfastes, comme par exemple en 2008 lorsque les agences de notation avaient attribué des notes élevées à des produits financiers complexes et risqués (pour ne pas dire complètement pourris), contribuant à la crise financière globale.
En fait, les agences de notation ont aujourd’hui pris tellement d’importance au sein du paysage financier mondial qu’on peut parfois s’interroger sur les risques de leur accorder une telle autorité. Et c’est pourquoi, même si leurs notes sont toujours aussi déterminantes, capables de secouer les marchés et de peser sur les politiques économiques, elles sont aussi scrutées, débattues, remise en perspective, voire critiqués, et de plus en plus d’experts soulèvent des questions sur l’impartialité de ces agences, sur leur méthodologie et leur responsabilité.
Critiques et controverses
Il faut bien garder à l’esprit que les agences de notation ne sont finalement que des organismes privés qui examinent l’environnement économique et financier à travers un prisme plus ou moins spécialisé. Et que leurs notes sont d’abord et avant tout des évaluations faites par des hommes et des femmes dont l’objectivité ne saurait être parfaite, indépendamment de leur probité et de leur professionnalisme. Car chacun s’exprime selon ses singularités, ses biais cognitifs et ses connaissances. Aussi compétentes soient-elles, ces agences ne sont donc pas infaillibles.
Se pose alors la question de leur responsabilité quand leurs notes entraînent des bouleversements majeurs à l’échelle d’un pays, d’un continent, voire du monde tout entier. Jusqu’ici, personne ne leur a jamais rien reproché alors que, parfois, ce sont elles qui ont frotté l’allumette qui a mis le feu aux poudres.
On a déjà évoqué plus haut la crise des subprimes de 2008 pour laquelle on semble avoir oublié que les agences de notation avaient donné des notes élevées à ces titres hypothécaires qui se sont avérées extrêmement risqués, contribuant ainsi à la bulle immobilière et à la crise financière qui a suivi. Certes, elles ont été critiquées sur le moment, mais elles ont très vite retrouvé la considération de tout l’univers financier qui leur accorde de nouveau toute confiance comme si rien ne s’était passé.
De la même façon, et on en a aussi parlé plus haut, les décisions de ces mêmes agences de dégrader la note de pays entiers pendant la crise de la dette européenne étaient peut-être logiques sur le plan strictement technique, mais ont quand même fortement accentué la panique des investisseurs, au point que certains ont commencé à douter sérieusement du rôle des agences de notation en tant que stabilisateurs des marchés financiers.
Enfin, les agences de notation sont souvent critiquées pour des conflits d’intérêts potentiels, notamment parce que ce sont les émetteurs de dettes qui paient pour leurs services ; un mode de fonctionnement qui soulève naturellement des questions sur l’impartialité des évaluations.
Quoi qu’il en soit, le simple fait que les notes attribuées par ces agences sont capables d’influencer le coût du crédit pour les pays et les entreprises, et par extension, leur économie tout entière, amène à s’interroger sur la responsabilité de ces institutions dans les crises économiques.
La France vue par les agences de notation
Comme tous les pays développés, la France est régulièrement évaluée par les agences de notation et leurs notes influencent directement les coûts d’emprunt du pays ainsi que sa réputation sur les marchés internationaux.
Historiquement, le pays a toujours bénéficié de notes élevées, reflétant une économie solide et une gouvernance relativement stable. Cependant, la France est aussi un pays de contradiction, confrontée à un équilibre délicat entre économie forte d’un côté et dette publique croissante de l’autre. Véritable symbole de l’État Providence, le pays paye au prix fort le financement de ses services publics, de sa politique sociale et de ses réponses généreuses aux crises économiques récentes.
À ce titre, les agences de notation ont exprimé des préoccupations concernant l’évolution de l’endettement du pays et de ses déficits budgétaires chroniques. Sa note a donc été plusieurs fois ajustée au cours des 12 dernières années, reflétant une certaine prudence sans pour autant contester sa bonne solvabilité.
Actuellement, la France est notée « AA » par Standard & Poor’s, « Aa2 » par Moody’s et « AA- » par Fitch.
Concrètement, cela n’a pas changé grand-chose à sa capacité d’emprunt, même si sa note actuelle incite l’État à davantage d’efforts en termes de réduction de la dette publique ou de stimulation de la croissance économique. À cet égard, on peut là encore considérer que les décisions des agences de notation influencent l’économie française, amenant les gouvernants à mettre en place des politiques économiques moins coûteuses ainsi que des réformes visant à assurer une stabilité financière à long terme.
Des politiques et des réformes qui risquent fort de ne pas convenir à une population habituée à un niveau élevé de prise en charge par l’État.
Ce qu’il faut retenir
- Les agences de notation financière sont des organismes privés qui évaluent le risque de crédit associé aux émetteurs de dettes, qu’il s’agisse d’entreprises ou d’États.
- Leurs notes vont de AAA à D en fonction de la confiance à accorder aux entités analysées.
- Généralement, c’est l’émetteur de la dette qui demande à être évalué.
- Une bonne note permet d’emprunter à de meilleures conditions, tandis qu’une mauvaise note attise la méfiance des investisseurs, entraînant des coûts plus élevés pour l’emprunteur.
- En prenant de plus en plus de place dans le système financier mondial, les agences, les agences de notation influent fortement sur le destin économique des nations.
- N’étant pas infaillibles, il leur arrive de se tromper dans leurs analyses avec des conséquences dramatiques à l’échelle globale, sans pour autant être considérées comme responsables.
- De plus en plus de critiques s’élèvent contre leur apparente hégémonie.
- La France est, elle aussi, régulièrement évaluée et sa note a d’ailleurs été récemment dégradée, poussant le gouvernement à accentuer sa politique de réformes pour continuer à emprunter dans de bonnes conditions.
Le prix de l'or en dents de scie entre embellie économique et inquiétude géopolitique
Principaux indicateurs américains (valeurs arrêtées au 31/05/2024)
- Taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed) : 5.5% inchangé depuis juillet 2023
- 219 000 nouvelles inscriptions au chômage, en hausse ↗︎
- Inflation américaine “Core” : 3.6 % inchangée
- Confiance des consommateurs US (indice Michigan) : 69.1 inchangé
- Valeur du Dow Jones : 38686 en reprise sur la semaine après une forte baisse ↘︎
- Valeur du S&P 500 : 5077 en reprise sur la semaine après une forte baisse ↘︎
Principaux indicateurs européens (valeurs arrêtées au 31/05/2024)
- Taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) : 4.5 % inchangé
- Taux d’inflation moyen pour la zone euro : 2.6 % en hausse ↗︎
- Taux de chômage pour la zone euro : 6.5 % stable
- Confiance des consommateurs et des entreprises zone euro : -14.3 inchangé
- Production industrielle de la zone euro : -1 % inchangé
- EUR/USD : 1.08463 stable =
Évolution du cours de l’or
Durant la semaine du 27 au 31 mai 2024, le cours de l’or a affiché une progression en dents de scie assez marquée pour finalement terminer sous la barre des 2 330 dollars l’once vendredi 31/05.
Évidemment, ces mouvements erratiques ne font que refléter les forces contradictoires qui secouent le monde actuellement et qui, accessoirement, s’exercent aussi sur le métal précieux.
D’un côté, les tensions géopolitiques persistantes en Ukraine et à Gaza continuent d’alimenter la demande d’or en tant que valeur refuge, ce qui fait mécaniquement monter son prix.
De l’autre, les bons chiffres (tout est relatif !) de l’inflation en Zone euro et aux États-Unis laissent de plus espérer un assouplissement monétaire de la part des banques centrales. Côté européen, on a d’ailleurs quasiment acté une première baisse prévue par la BCE pour ce mois de juin. Reste à en connaître l’ampleur, mais on peut facilement imaginer que la BCE va lâcher 0.25 points pour voir ; une manière d’amorcer la pompe sans pour autant ouvrir le robinet à fond.
Côté américain, c’est déjà plus délicat. Certes, les chiffres de l’inflation PCE aux États-Unis semblent enfin s’aligner sur les estimations des observateurs, offrant à la Fed une certaine opportunité de réduire ses taux directeurs d’ici la fin de l’année. On (re)parle même déjà de plusieurs baisses possibles, en septembre, novembre et décembre. Mais bon, rien n’est fait, car les Etats-Unis continuent à afficher une inflation plus élevée que l’Europe, même si leur économie semble solide. Et la perspective de voir Donald Trump, récemment condamné, retrouver son fauteuil à la Maison Blanche n’est pas non plus de nature à rassurer les marchés.
En effet, l’ex-président candidat n’a jamais caché son mépris, voire son animosité, à l’égard des géants de la tech et a maintes fois promis de s’en prendre aux intérêts des GAFAM. Sauf qu’en ce moment, ce sont justement les stars du Nasdaq qui tirent les marchés actions vers le haut, avec par exemple, sur la seule journée de vendredi 31 mai, un S&P 500 en hausse de 0,8 % et un Dow Jones gagnant 574 points, en grande partie sous l’impulsion bénéfique de Salesforce qui affiche un nouveau gain de 7.5%.
D’une manière générale, les entreprises que l’on surnomme les “Sept Fantastiques”, et qui représentent entre un quart et un tiers de la capitalisation du S&P 500 (ce qui est juste énorme !), ont connu des progressions phénoménales en 2023, contribuant très largement aux records actuels de la bourse américaine.
Pour rappel, Nvidia a vu son cours progresser de 238,9 % l’an dernier, Meta + 194,1 %, Tesla + 101,7 %, Amazon + 80,9 %, Alphabet + 58,8 %, Microsoft + 56,8 % et Apple + 48,2 %.
Une arrivée de Trump au pouvoir pourrait donc être une mauvaise nouvelle pour ces entreprises, et donc pour la bourse en général.
Autre source de préoccupation pour les Américains, si la Fed devait effectivement baisser ses taux d’intérêts, alors le dollar perdrait mécaniquement de sa superbe. Ou en tout cas, celle qu’il lui reste, offrant de fait un nouveau coup d’accélérateur à l’or dont il est l’éternel challenger.
D’autant que le désamour pour la devise américaine, en sa qualité d’actif de réserve, ne cesse de s’amplifier. En témoigne encore récemment la décision de l’Inde de rapatrier tout l’or qu’elle possédait dans les coffres de la Banque d’Angleterre, conformément à son objectif de “dédollarisation” de son économie. Un premier transfert de 100 tonnes a été annoncé la semaine dernière.
De 80% à l’orée des années 2000, le dollar est ainsi passé à 58,8% du total des réserves des banques centrales du monde entier. L’or, quant à lui, a vu sa cote exploser du côté de ces mêmes banques centrales, lesquelles sont résolument acheteuses de métal depuis presque 15 ans maintenant, contribuant ainsi massivement à soutenir son cours à des niveaux records.
En définitive, la séquence un peu chaotique de l’or la semaine dernière traduit une certaine fébrilité des investisseurs entre tous ces scénarios contradictoires. Toutefois, la tendance générale reste majoritairement positive et l’or se maintient à des niveaux totalement inédits en raison de la situation géopolitique explosive et de la perte de vitesse du dollar qui semble inéluctable.