Principaux indicateurs américains (valeurs arrêtées au 20/06/2025)
- Taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed) : 4,5%
- 248 000 inscriptions hebdomadaires au chômage ↘︎
- Inflation américaine sur 12 mois : 2,4 %
- Confiance des consommateurs US (indice Michigan) : 60.5
- Valeur du Dow Jones : 42207 ↗︎
- Valeur du S&P 500 : 5968 ↘︎
Principaux indicateurs européens (valeurs arrêtées au 20/06/2025)
- Taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) : 2.15 %
- Taux d’inflation moyen pour la zone euro : 1.9 %
- Taux de chômage pour la zone euro : 6,2 %
- Confiance des consommateurs et des entreprises zone euro : -15,3 ↘︎
- Production industrielle de la zone euro : 0.8 %
- Valeur Euro Stock 50 : 5234 ↘︎
- EUR/USD : 1,1523 ↘︎
Évolution du cours de l’or
Poursuivant son parcours en dents de scie, le cours de l’or libellé en euros a affiché une nouvelle baisse notable sur la semaine du 16 au 20 juin 2025. Après avoir atteint un sommet à 2 986,86 € dès l’ouverture lundi, l’once est retombée jusqu’à 2 901,21 €, avant de se stabiliser légèrement au-dessus des 2 920 € en clôture vendredi.
En réalité, même stimulé par un contexte global d’incertitude persistante, le métal précieux a cédé sous la pression d’annonces politiques, de prises de bénéfices, et d’une respiration bien méritée après son rallye de la mi-juin.
Après avoir tutoyé les sommets, l’or chute dès lundi
Dès les premiers échanges du lundi 16 juin, l’or semblait prolonger sa dynamique haussière, touchant son plus haut niveau depuis deux mois. Mais ce sommet a rapidement été effacé. En cause, une déclaration surprise : Téhéran aurait initié des démarches pour apaiser les tensions avec Israël. Si cette main tendue n’a pas désamorcé le conflit, elle a suffi à faire reculer l’ensemble des actifs refuges.
Résultat immédiat : près de 40 dollars de perdu sur l’once en quelques heures à Londres, et un repli similaire en euros.
Le marché a interprété ce geste comme un signal de décrispation géopolitique, poussant les investisseurs à alléger leurs positions sur l’or pour se repositionner sur des actifs plus risqués. Cette détente a été accompagnée d’un rebond des places boursières mondiales, renforçant le recul de l’or.
On sait aujourd’hui que cette annonce n’a pas du tout été suivie d’effet, bien au contraire. Et l’arrivée des Etats-Unis dans le conflit le week-end dernier risque de faire disparaître tout espoir de résolution pacifique.
Une semaine dense en données économiques
La volatilité n’a pas été uniquement alimentée par la géopolitique. La semaine a aussi été rythmée par une série d’indicateurs économiques majeurs, notamment en Europe et aux États-Unis.
Ainsi, les indices ZEW du sentiment économique en Allemagne et dans la zone euro ont montré que la confiance des consommateurs remontait plus vite que prévu en Europe. Côté américain, les chiffres de la production industrielle, des ventes au détail et de l’activité manufacturière pour le mois de mai ont offert un tableau plus contrasté. En effet, l’économie américaine montre une certaine résilience, mais sans élan franc.
Dans ce climat hésitant, les opérateurs sont restés prudents, guettant surtout la décision de la Réserve fédérale. Celle-ci est finalement tombée mercredi : les taux resteront inchangés pour le sixième mois consécutif, avec un plafond maintenu à 4,50 %. Une décision accueillie sans enthousiasme, et qui a profondément énervé le locataire de la Maison Blanche. Mais surtout qui n’a pas relancé la fièvre haussière de l’or.
Divergences monétaires et tensions commerciales persistantes
La dynamique globale de l’or a également été influencée par les orientations monétaires divergentes entre grandes banques centrales. D’un côté, la BCE poursuit sa politique d’assouplissement monétaire. En 2025, elle a déjà procédé à une baisse cumulée de 1 % de ses taux directeurs. Ses prévisions d’inflation ont d’ailleurs été revues à la baisse (-0,3 %) pour 2025 et 2026. Cette politique rend l’euro structurellement moins attractif et soutient en théorie le cours de l’or en euros.
De l’autre, la Fed reste sur une ligne dure, surveillant l’impact inflationniste des droits de douane imposés par Donald Trump. La guerre commerciale lancée par le président américain reste un facteur de tension : les tarifs douaniers pèsent sur le commerce mondial et alimentent une incertitude chronique qui, paradoxalement, n’a pas suffi cette semaine à relancer les cours de l’or.
Le projet de réforme fiscale de Trump, financé par le déficit, a également contribué à l’instabilité sur les marchés, sans pour autant bénéficier à l’or comme valeur refuge. Les marchés semblent désormais s’habituer à l’imprévisibilité du président américain, neutralisant partiellement son effet sur le métal jaune.
On peut toutefois s’attendre à ce que cette “tolérance” ne dure pas…
La Chine, l’argent et les signaux contradictoires
Autre donnée intrigante : le repli du cours de l’or à la Bourse de Shanghai le 16 juin, malgré la tension géopolitique. Le gramme est passé sous les 788 yuans, entraînant une décote de 3 dollars l’once par rapport à Londres. Ce contraste avec la semaine précédente, où l’or chinois s’échangeait avec une prime de 15 dollars, indique une faible demande intérieure. Le marché local, dominé par la demande physique, semble marquer une pause après l’euphorie du mois de mai.
En parallèle, le marché de l’argent a surpris : l’once a bondi de 2 % mardi 17 juin, atteignant un sommet de 13 ans à plus de 37 dollars. Ce mouvement, alors que l’or reculait, prolonge une divergence historique entre les deux métaux, rarement observée sur plus de cinq séances consécutives. Le ratio or/argent, tombé vers 91, illustre cette décorrélation.
Certains analystes, comme ceux d’UBS ou de MKS Pamp, y voient un signe haussier latent pour l’or. Selon eux, la « pause » actuelle prépare un nouvel élan vers le sommet historique des 3 500 $ atteint en avril. D’autant que les catalyseurs, qu’il s’agisse de la guerre commerciale, de l’inflation américaine ou encore des incertitudes géopolitiques, sont toujours bien présents.
Bibliographie
- Cours de l’or par Veracash (https://www.veracash.com/fr/cours-or)
- Le Figaro (https://www.lefigaro.fr)
- The Wall Street Journal (https://www.wsj.com/world/middle-east)
- Actualités BFM (https://www.bfmtv.com/economie/international/)
- Shanghai Gold Exchange (https://en.sge.com.cn/data_BenchmarkPrice)
Auteur et consultant depuis plus de vingt ans dans le domaine de la communication stratégique, il a plusieurs fois travaillé pour le compte d'entreprises financières dont il décrypte aujourd'hui les coulisses et les mécanismes économiques de base à l'intention du plus grand nombre.