Principaux indicateurs américains (valeurs arrêtées au 06/06/2025)
- Taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed) : 4,5%
- 247 000 inscriptions hebdomadaires au chômage ↗︎
- Inflation américaine sur 12 mois : 2,3 %
- Confiance des consommateurs US (indice Michigan) : 52.2
- Valeur du Dow Jones : 42763 ↗︎
- Valeur du S&P 500 : 6000 ↗︎
Principaux indicateurs européens (valeurs arrêtées au 06/06/2025)
- Taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) : 2.15 % ↘︎
- Taux d’inflation moyen pour la zone euro : 1.9 % ↘︎
- Taux de chômage pour la zone euro : 6,2 %
- Confiance des consommateurs et des entreprises zone euro : -15,2
- Production industrielle de la zone euro : 3,6 %
- Valeur Euro Stock 50 : 5430 ↗︎
- EUR/USD : 1,14 ↗︎
Évolution du cours de l’or
Au cours de la semaine du 2 au 6 juin 2025, le cours de l’or libellé en euros a suivi une trajectoire en deux temps : forte progression jusqu’au jeudi, avant une correction brutale en fin de semaine. Entre un minimum à 2 897,97 € et un sommet hebdomadaire à 2 974,78 €, la courbe a dessiné une silhouette familière aux investisseurs : montée en tension, emballement, puis retour au calme.
En arrière-plan, un cocktail explosif : taux directeurs en chute libre, instabilité politique américaine, fragilité du dollar et inquiétudes géostratégiques persistantes.
Une semaine sous tension : le métal jaune en mode ascension
Dès le lundi 2 juin, l’or a démarré sur les chapeaux de roues. La chute brutale du dollar face à l’euro et aux autres devises majeures (son plus bas niveau depuis trois ans) a propulsé l’or vers le haut. À Londres, l’once d’or s’envolait de 2 %, atteignant des sommets hebdomadaires dès la mi-journée. En cause ? Un cocktail d’angoisses venues de Washington, Pékin et Moscou.
Le week-end précédent, à Singapour, le secrétaire américain à la Défense déclarait sans ambages que la menace chinoise était « réelle et potentiellement imminente », tandis que Pékin dénonçait un discours « belliqueux » digne de la guerre froide. En parallèle, Donald Trump annonçait le doublement des droits de douane sur l’acier et l’aluminium à 50 %, déclenchant une série de menaces de rétorsion de la part de la Chine et de l’Union européenne.
L’or, traditionnel refuge en cas de tensions commerciales et militaires, a immédiatement bénéficié de cette montée de fièvre. Et la tendance ne s’est pas calmée dans les jours suivants. Le 3 juin, le métal précieux établissait un nouveau record mensuel moyen à 3 278 $ l’once sur le marché international. En euros, la hausse restait plus contenue mais bien réelle.
La BCE donne un coup d’accélérateur à la hausse
Le tournant de la semaine a été sans conteste le jeudi 5 juin, date de l’annonce par la Banque centrale européenne de la huitième (et probablement dernière) baisse consécutive de ses taux directeurs. Le principal taux de refinancement passe ainsi à 2 %, alors que l’inflation est tombée à 1,9 % dans la zone euro. Cette politique ultra-accommodante, justifiée par une croissance atone (0,6 % attendu pour 2025), continue de rendre l’or plus attractif : les actifs sans rendement comme le métal jaune sont mécaniquement avantagés lorsque les taux réels chutent.
Mais cette décision a aussi eu un effet plus subtil : en renforçant l’euro face à un dollar déjà mal en point, elle a modéré la progression du cours de l’or libellé en euros. Résultat : alors que l’once explosait au-dessus des 3 300 $ sur les marchés internationaux, le cours en euros plafonnait sous les 2 975 €, formant ainsi un double sommet technique en fin de semaine.
Autre élément de soutien indirect : la sortie très commentée de Christine Lagarde sur le « global euro moment », évoquant un basculement progressif vers l’euro comme devise de réserve mondiale. Selon la présidente de la BCE, la perte de confiance dans le dollar (tombé à 58 % des réserves mondiales, son plus bas niveau depuis 1994) et l’accumulation record d’or par les banques centrales suggèrent un changement d’époque. Le métal précieux, lui, capitalise sur les deux dynamiques.
Musk contre Trump, marchés en panique, puis prise de profits
L’épisode le plus spectaculaire de la semaine reste sans doute le clash entre Elon Musk et Donald Trump, survenu jeudi soir. Accusations, menaces de couper les aides à Tesla et SpaceX, chute immédiate de l’action Tesla (-14,3 %), tweets incendiaires : la rupture entre les deux hommes a provoqué une onde de choc. Wall Street a dévissé. Les actifs refuges, eux, ont flambé. Or en tête.
Mais toute montée brutale appelle un retour à l’équilibre. Le vendredi 6 juin, les prises de bénéfices ont rapidement inversé la dynamique. Les tensions entre Trump et Musk ne semblaient pas suffisamment systémiques pour entretenir durablement la panique. Résultat : le métal jaune a perdu près de 2 % en une seule séance, revenant sagement vers les 2 915 € l’once en clôture.
En parallèle, le sentiment général sur les marchés actions s’est stabilisé. Les marchés asiatiques ont repris des couleurs. La Corée du Sud et le Japon, notamment, ont bénéficié d’un léger rebond, et les inquiétudes sur la politique commerciale américaine ont cédé un peu de terrain aux anticipations d’assouplissement monétaire par la Fed, renforcées par une modération de l’indice PCE aux États-Unis (2,5 % en glissement annuel).
L’or reste soutenu, malgré les corrections
Même si la fin de semaine a tempéré les ardeurs, le message est clair : l’or demeure dans une dynamique haussière de long terme. Le graphique hebdomadaire le confirme : une progression marquée jusqu’au jeudi 5 juin, suivie d’un retour technique vers la moyenne. L’or a gagné en moyenne 47 % sur un an (en dollars) et reste sur une trajectoire ascendante, soutenue par :
- une instabilité géopolitique persistante (Ukraine, Taïwan, mer Rouge) ;
- une défiance croissante vis-à-vis du dollar ;
- une politique de taux bas généralisée dans les économies développées ;
- un appétit intact des banques centrales pour le métal précieux, malgré un léger ralentissement de leurs achats.
Sur le fond, rien n’indique que cette tendance s’essouffle. Mais le rythme, lui, pourrait continuer à osciller au gré des soubresauts politiques et économiques d’un monde toujours plus incertain.
Bibliographie
- Le Monde (https://www.lemonde.fr/international)
- Les Echos (https://www.lesechos.fr/finance-marches)
- Banque centrale européenne (https://www.ecb.europa.eu/press)
- France24 (https://www.france24.com)
- Investing (https://fr.investing.com/news)
Auteur et consultant depuis plus de vingt ans dans le domaine de la communication stratégique, il a plusieurs fois travaillé pour le compte d'entreprises financières dont il décrypte aujourd'hui les coulisses et les mécanismes économiques de base à l'intention du plus grand nombre.