Le rôle de l’or est multiple, aussi bien dans le portefeuille des épargnants que dans les réserves des banques centrales par exemple. Valeur refuge en période d’incertitude économique, actif de diversification financière, réserve monétaire ou encore instrument de stockage de valeur, l’or est influencé par une multitude de facteurs, dont certains indicateurs économiques majeurs aux États-Unis comme en Europe.

Chaque semaine, nous tentons d’analyser ces différentes influences.

Les indicateurs en gras sont ceux qui ont évolué depuis la dernière note de conjoncture.

Principaux indicateurs américains (valeurs arrêtées au 08/12/2023)

  • Taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed) : 5.5% inchangé depuis juillet
  • Emploi : 199000 nouveaux emplois en novembre (+32%) contre 180000 prévus ↗︎
  • Inflation américaine (indice PCE) : 3 % inchangé
  • Confiance des consommateurs US (indice Michigan) : 66,4 en forte hausse ↗︎
  • Valeur du Dow Jones : 36248 sans changement sur la semaine écoulée (+ 0 %)
  • Valeur du S&P 500 : 4604 sans changement sur la semaine écoulée (+ 0 %)

Principaux indicateurs européens (valeurs arrêtées au 08/12/2023)

  • Taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) : 4.5 % inchangé
  • Taux d’inflation moyen pour la zone euro : 2.4 % inchangé
  • Taux de chômage pour la zone euro : 6.5 % inchangé
  • Confiance des consommateurs et des entreprises zone euro : -16.9 inchangé
  • Production industrielle de la zone euro : -6.9% inchangé
  • EUR/USD : 1.0764, en baisse sur la semaine (-1%) ↘︎
graphiques du cours de l'or en euro et en dollar

Évolution du cours de l’or

L’or passe décidément par des hauts et des bas significatifs. Mais normaux.

Après les envolées historiques de ces dernières semaines, dont le sommet a été atteint à l’ouverture des marchés asiatiques de lundi dernier, certains ont vu dans la brutale correction qui a suivi un “effondrement” de l’or. Sauf qu’il n’en est rien car le cours de l’or reste encore aujourd’hui confortablement au-dessus de 2000 dollars l’once.

Alors certes, le cours de l’or a baissé par rapport à son plus haut de lundi dernier, mais il a simplement retrouvé le niveau qu’il avait fin novembre, juste avant le pic compris entre le 28 novembre et le 4 décembre et qui était principalement dû à une série d’incertitudes quant à la décision des banques centrales de maintenir ou pas la pression sur les taux d’intérêt. Incertitude désormais apaisée, même si de nombreuses inconnues subsistent.

Et c’est justement pourquoi, en dépit de la baisse de la semaine dernière, l’or reste particulièrement stable au-dessus des 2000 dollars l’once, soit toujours plus haut que durant tout le semestre écoulé. Car il pourrait repartir à la hausse à tout moment.

En effet, bien que la Jerome Powell ait, du bout des lèvres, admis qu’on pouvait être arrivé à la fin de la période de resserrement monétaire et de la hausse des taux, le dernier rapport sur l’emploi a montré des résultats bien plus positifs que prévus, avec presque 200 000 nouveaux emplois créés dans l’économie américaine, alors que les marchés en attendaient au mieux 180 000. Rappelons que l’un des signes d’une politique de hausse de taux réussie réside dans la hausse du chômage.

Mais comme si cela ne suffisait pas, en plus d’un recul inattendu du taux de chômage, il se trouve que la croissance des salaires s’est maintenue à un niveau élevé alors même que la population active augmentait également. Un signe qui rassure les consommateurs et qui montre la résistance de l’économie à la campagne de resserrement agressive de la Fed, mais qui aujourd’hui remet en question les prévisions de certains experts qui voyaient déjà la baisse des taux d’intérêt s’amorcer d’ici mars 2024.

Autant dire que rien n’est joué et que si, effectivement l’or a bien baissé la semaine dernière, le métal jaune reste à l’affut pour repartir à la hausse, quoi qu’il arrive. Car soit les taux diminuent effectivement début 2024, et le dollar perdra donc de sa valeur face à l’or ; soit les taux se maintiennent, voire repartent à la hausse pour casser la croissance (que l’on croit encore responsable de l’inflation…) et l’économie plongera dans une incertitude qui renforcera l’importance du métal précieux en qualité de valeur refuge.

Enfin, gardons à l’esprit que beaucoup de détenteurs d’or le considèrent comme un actif entrant dans la catégorie des “commodities” et ne l’envisagent que comme une source potentielle de plus-value. Les records de cours de ces derniers jours ont donc incité un certain nombre d’entre eux à prendre leurs bénéfices, quitte à revenir sur le marché de l’or sur un point d’entrée plus avantageux. Ces ventes de nature spéculative ont donc également contribué à faire baisser techniquement le cours du métal précieux.

En attendant, les marchés actions ne savent plus dans quelle direction s’orienter et oscillent d’un jour sur l’autre de quelques points à la hausse ou à la baisse tout en restant parfaitement stable à l’échelle hebdomadaire.

Pour l’Europe, peu de changement par rapport à la semaine dernière. Le dollar continue légèrement à gagner du terrain sur l’euro, mais c’est probablement lié à la perspective plus concrète de baisse de taux de la BCE qui risque donc de faire baisser la valeur de l’euro au profit du dollar si la Fed continue quant à elle sa politique de restriction monétaire. Des ajustements techniques davantage prévisionnels que structurels, ce qui explique que, dans l’ensemble, le cours de l’or en euro suit fidèlement celui de l’or en dollar.