Principaux indicateurs américains (valeurs arrêtées au 13/06/2025)

  • Taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed) : 4,5%
  • 248 000 inscriptions hebdomadaires au chômage =
  • Inflation américaine sur 12 mois : 2,4 % ↗︎
  • Confiance des consommateurs US (indice Michigan) : 60.5 ↗︎
  • Valeur du Dow Jones : 42198 ↘︎
  • Valeur du S&P 500 : 5978 ↘︎

Principaux indicateurs européens (valeurs arrêtées au 13/06/2025)

  • Taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) : 2.15 %
  • Taux d’inflation moyen pour la zone euro : 1.9 %
  • Taux de chômage pour la zone euro : 6,2 %
  • Confiance des consommateurs et des entreprises zone euro : -15,2
  • Production industrielle de la zone euro : 0.8 % ↘︎
  • Valeur Euro Stock 50 : 5291 ↘︎
  • EUR/USD : 1,1547 ↗︎

Évolution du cours de l’or

La semaine du 9 au 13 juin 2025 a marqué un tournant décisif sur le marché de l’or. Après une phase de consolidation, le métal précieux a repris sa marche en avant. Résultat : une hausse hebdomadaire de +2,2 % en euros, avec une once cotée à 2 973 €, et de +3,6 % en dollars, à 3 433 $. Un mouvement qui s’explique autant par des facteurs monétaires que géopolitiques.

Graphiques des cours de l'or libellé en euros et en dollars

Conflit Israël-Iran : l’or pris dans la tempête

L’événement déclencheur de cette envolée est survenu en toute fin de semaine, mais son impact a été immédiat. Le vendredi 13 juin, l’Iran a riposté à une vaste opération de l’aviation israélienne en tirant plusieurs dizaines de missiles balistiques sur le territoire hébreu. Ces frappes croisées ont aussitôt fait grimper les cours de l’or, valeur refuge par excellence en temps de crise militaire.

Londres a vu l’once bondir de 1,5 % en quelques heures, atteignant 3 444 $ dans un climat d’extrême tension. En euros, le métal jaune a atteint son plus haut niveau en cinq semaines, à 2 986 €, tandis que les records ont également été dépassés en yen, roupie indienne et shekel. La réaction a été mondiale : en Chine, l’or a clôturé vendredi à 790 ¥ le gramme, son plus haut niveau depuis début mai.

Toutefois, cette poussée n’est pas uniquement imputable au risque géopolitique. Elle intervient dans un contexte d’effondrement de la monnaie américaine et d’inquiétudes croissantes sur la solidité budgétaire des États-Unis.

Le dollar décroche, l’or s’envole

Déjà en souffrance depuis la réélection de Trump, le dollar a accentué sa chute la semaine dernière, entraîné par une série de signaux économiques dégradés. La paire euro/dollar est montée à 1.16, un niveau qu’on n’avait plus observé depuis 2021. En cause : les annonces successives de ralentissement américain. L’OCDE a ainsi révisé ses prévisions de croissance pour les États-Unis à 1,6 % en 2025, contre 2,2 % précédemment.

Les nouvelles taxes protectionnistes décidées par Donald Trump n’ont fait qu’aggraver la perception d’un affaiblissement structurel de l’économie américaine. En multipliant les droits de douane sur l’aluminium, l’acier et d’autres produits importés, la Maison-Blanche a nourri une inflation importée qui grignote le pouvoir d’achat des ménages et fragilise les chaînes de production.

Conséquence : les grandes banques d’investissement anticipent désormais un dollar durablement affaibli. Morgan Stanley table sur une parité EUR/USD à 1,25 d’ici 2026. Deutsche Bank vise 1,20 fin 2025.

L’or bénéficie naturellement de ce contexte. Coté en dollars, il se valorise automatiquement lorsque le billet vert baisse. Et lorsque les investisseurs fuient les actifs américains, ils se replient sur des valeurs tangibles.

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Monnaies, obligations et banques centrales : un cocktail explosif

La défiance vis-à-vis des États-Unis s’est également manifestée sur le marché obligataire. La vente d’un lot de 22 milliards de dollars de bons du Trésor à 30 ans, prévue cette semaine, a suscité une certaine nervosité. Des taux plus élevés sont désormais exigés pour prêter à Washington, en raison des inquiétudes persistantes sur le déficit public et la stabilité politique.

Les Etats-Unis ne sont plus très loin d’être aujourd’hui considérés comme un pays à risque.

La demande d’or, elle, reste vigoureuse. En mai, la Banque centrale chinoise a encore accru ses réserves de 2 tonnes, portant son total à 2 296 tonnes. On prévoit désormais que les achats d’or par les banques centrales dépasseront à nouveau les 1 000 tonnes cette année.

Et malgré une correction de plus de 10 % en mai après les records d’avril, l’once d’or conserve une performance annuelle spectaculaire : +26,8 % depuis janvier, avec une moyenne de 3 022 $ jusqu’ici.

Inflation, immigration, Chine : des vents contraires pour l’économie mondiale

Autre facteur clé de la semaine : les données sur l’inflation américaine. L’indice des prix à la consommation (CPI) publié mercredi a surpris par sa modération : +0,1 % seulement sur le mois, soit la moitié du rythme attendu. Ce ralentissement des prix, loin de rassurer, a alimenté les anticipations d’un affaiblissement durable de la demande intérieure, donc de la croissance.

Le lendemain, l’or a bondi de 20 dollars, passant la barre des 3 360 $, pour se hisser à son plus haut niveau depuis quatre semaines.

Pendant ce temps, le climat social et politique continue de se détériorer outre-Atlantique. Les violentes rafles migratoires menées à Los Angeles, suivies de manifestations réprimées par la force, ont jeté une lumière crue sur l’instabilité institutionnelle du pays. Wall Street commence à redouter des dérives, voire une perte de confiance durable dans les mécanismes de régulation.

Enfin, la guerre commerciale avec la Chine entre dans une nouvelle phase. Les mesures de rétorsion se multiplient, affectant les importateurs, les industries technologiques et les consommateurs.

Dans ce contexte, le recul du dollar et la fuite des capitaux vers d’autres zones (notamment la zone euro) deviennent un réflexe défensif. Pour les investisseurs, cela passe aussi par une exposition stratégique à l’or.

Et pour les épargnants européens, le signal est clair : même si l’once progresse un peu moins vite en euros qu’en dollars, la dynamique reste très positive. Le seuil des 3 000 € l’once n’est plus très loin

Bibliographie


Bruno GONZALVEZ

Auteur et consultant depuis plus de vingt ans dans le domaine de la communication stratégique, il a plusieurs fois travaillé pour le compte d'entreprises financières dont il décrypte aujourd'hui les coulisses et les mécanismes économiques de base à l'intention du plus grand nombre.