Lorsqu’on gère son argent de manière responsable et avisée, il est logique de réserver une part de ses revenus à la couverture de futures dépenses éventuelles. Mais il existe plusieurs façons de s’y prendre et les différences entre l’investissement, le placement et l’épargne sont à connaitre. 

Un seul et même objectif : mettre de l’argent de côté

On peut par exemple décider, comme l’ont fait des générations d’économes avant nous, de placer régulièrement quelques billets dans une boîte posée sur le frigo (ou sur un compte de dépôt, ce qui revient au même). On peut également choisir d’ouvrir un livret sur lequel on déposera consciencieusement une petite somme tous les mois en se félicitant des quelques centimes d’intérêt gagnés chaque année. Ou bien, si on est plus aventureux, on pourra utiliser son excédent de trésorerie pour financer l’économie réelle, que ce soit par le biais des marchés financiers ou encore par l’achat de biens susceptibles de générer un revenu régulier (comme l’immobilier locatif, par exemple). Toutes ces actions répondent au même objectif : mettre de l’argent de côté pour l’avenir. 

Dès lors, la plupart des gens parleront alternativement d’investissement, d’épargne ou de placement, sans vraiment faire de distinction. Un peu comme si tous ces termes étaient synonymes et interchangeables. Sauf que la réalité est plus nuancée. Et la première chose à comprendre c’est que, si l’épargne et l’investissement sont tous les deux des placements, ils répondent en revanche à des attentes et des stratégies totalement différentes.

Épargner : constituer une réserve de précaution

Ainsi épargner consiste avant tout à utiliser une partie de ses revenus pour se constituer une réserve de précaution afin d’anticiper de futures dépenses, qu’il s’agisse de projets nécessitant un apport personnel (achat d’une maison, création d’entreprise, etc.), de pallier une future baisse de revenus éventuelle (emploi précaire, saisonnier ou intermittent, retraite, …) ou même tout simplement de disposer de quoi payer les achats imprévus, un voyage, des loisirs, etc. Le tout sans risquer pour autant de déséquilibrer son budget courant. Ici, il n’est pas question de rentabilité, mais plutôt de sécurité

L’épargnant privilégiera donc davantage les produits qui lui garantiront la préservation du capital, quitte à ce que son effort ne soit pas rémunéré par un taux d’intérêt convenable. C’est ce qui explique l’engouement des Français pour le Livret A dont la rémunération plafonne pourtant à 0,5% par an, quand l’inflation de ces 2 dernières tourne aux alentours de 1,5 à 2%. Sans parler des sommes faramineuses (près de 700 milliards d’euros !) qui dorment sur les comptes courants alors même que ces derniers ne sont pas du tout rémunérés.

Investir c’est spéculer pour que son argent rapporte

L’investissement, en revanche, revient à placer son argent dans un but spéculatif. L’investisseur veut que son argent lui rapporte, quitte à prendre des risques.

> Lire notre article sur les risques liés à l’investissement

Investir c’est donc faire un pari sur l’avenir mais aussi raisonner à plus court terme que pour l’épargne. L’objectif de l’investissement c’est d’obtenir la meilleure rentabilité en un minimum de temps

D’ailleurs, il y a deux sortes d’investisseurs : ceux qui réinvestissent tous les intérêts gagnés pour s’enrichir de manière croissante, et ceux qui préfèrent récupérer leurs gains régulièrement afin de réduire peu à peu le risque de perte en capital.

L’assurance-vie : une tentative de mixer épargne et investissement

De nombreux produits de placement existent donc pour répondre aux attentes des différents profils d’épargnants ou d’investisseurs. Parmi les plus emblématiques, on a déjà parlé des livrets qui permettent d’économiser de l’argent sans risque, ainsi que de la bourse qui offre davantage de possibilité de gains contre un peu plus d’incertitude, mais on se doit également d’évoquer l’assurance-vie qui est l’autre placement préféré des Français après le Livret A, quelque part à mi-chemin entre l’épargne à long terme et l’investissement sur les marchés financiers. 

Néanmoins, ce produit semble perdre de son aura depuis quelques années, notamment parce qu’il est devenu assez représentatif de ces placements qu’on pourrait qualifier d’hybrides et qui prétendent mixer idéalement sécurité et rentabilité… alors qu’on a déjà toutes les peines du monde à maintenir les taux d’intérêt réels en territoire positif. En réalité, il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de faire cohabiter l’épargne et l’investissement dans un seul et même produit de placement, car ces deux stratégies ont tendance à se neutraliser. Comme “le beurre et l’argent du beurre”, il ne peut y avoir de rentabilité sans risque puisque l’un est toujours la contrepartie de l’autre. 

Ainsi, d’une manière générale, les offres qui ont l’air de cumuler le meilleur des deux mondes ne donnent pas de très bons résultats, enrichissant finalement et surtout les organismes qui les proposent.

L’immobilier : le placement idéal ?

Seule exception à cette règle, l’immobilier, et plus précisément l’immobilier locatif. En effet, lorsqu’on achète un immeuble (maison, appartement, bureau, local commercial…), on cumule les effets de l’investissement, notamment par le biais d’une rentabilité locative plus ou moins importante pendant la durée de détention du bien, et ceux de l’épargne en se constituant un patrimoine sur le long terme. Mieux encore, l’immobilier permet également d’envisager une plus-value en cas de revente, à condition de bien choisir son moment. Mais c’est aussi et surtout un placement unique en son genre puisqu’il offre une protection physique et concrète à son détenteur (tout bêtement, un toit sur la tête). 

Tous ces éléments font de l’immobilier une valeur refuge extrêmement prisée par les particuliers comme par les institutionnels. Mais cela en fait-il pour autant un placement idéal ? En réalité, l’immobilier présente un défaut majeur : sa faible liquidité. En cas de besoin, il est impossible de récupérer rapidement l’argent investi en immobilier sans revendre le bien, ce qui demande généralement plusieurs mois. Certains produits financiers comme les parts de SCPI permettent bien d’investir dans l’immobilier “sur le papier”, mais là encore la liquidation des actifs concernés demande au moins plusieurs semaines, le temps de revendre ses parts.

Et l’or dans tout ça ?

Disons-le d’emblée, l’achat d’or n’est pas un investissement, puisque l’or ne génère pas de rendement (même si, pour information, la valeur de l’or a progressé de 8,68% en moyenne par an sur les vingt dernières années.)

Même s’il arrive qu’on emploie par facilité l’expression « or d’investissement« , l’or métal est un actif refuge qui offre surtout la possibilité de se constituer une réserve de valeur à moyen ou long terme. 

En ce sens, acheter de l’or revient donc à épargner dans le but d’assurer une certaine résilience face à l’inflation et même aux crises à venir en préservant son pouvoir d’achat. Sans être le placement idéal (ce qui n’existe pas), l’or est en revanche l’un des meilleurs produits d’épargne à long terme puisqu’il est décorrélé des devises qui peuvent être dévaluées, ne dépend d’aucun État dont la politique économique peut fluctuer d’une année sur l’autre (souvent au détriment des individus), et permet surtout de conserver une excellente convertibilité sans limite de temps tout en bénéficiant d’une liquidité presque instantanée.


Bruno GONZALVEZ

Auteur et consultant depuis plus de vingt ans dans le domaine de la communication stratégique, il a plusieurs fois travaillé pour le compte d'entreprises financières dont il décrypte aujourd'hui les coulisses, tout en vulgarisant les mécanismes économiques de base à l'intention du plus grand nombre.