Le 20 mai 2025, le député Jean Laussucq a déposé une proposition de loi qui vise à modifier les conditions de versement des acomptes sur salaire. Concrètement, les salariés qui le souhaitent auraient le droit de demander plusieurs paiements dans le mois. En principe, cela devrait aider les Français à éviter les fins de mois difficiles, et à mieux gérer leurs factures au fil des semaines. Mais est-ce vraiment une bonne solution ? Et à quels changements s’attendre sur la gestion d’un budget et sur l’épargne ? La clé reste de trouver un équilibre entre flexibilité et sécurité : on fait le point.

Versement du salaire en France : comment ça marche ?

Un paiement régulier, en général une fois par mois

« Tout travail mérite salaire ». C’est le principe de base : l’entreprise verse une rémunération à ses salariés en échange du travail fourni. Selon l’article L3242-1 du Code du travail, le paiement du salaire est effectué une fois par mois. Il peut être fait par virement bancaire ou par chèque.

Quel est le délai maximum pour recevoir son salaire ?

Il ne peut pas s’écouler plus d’un mois (30 jours) entre deux versements. Mais l’employeur a la possibilité de payer les salaires de ses employés selon l’échéance de son choix : en début, en cours ou en fin de mois.

L’acompte : une exception et des limites

La possibilité d’une paie fractionnée à la quinzaine existe déjà en France avec l’acompte, qui correspond à un versement anticipé de la moitié de la rémunération. Et ce principe est bien cadré, voire limité. En effet, le salarié ne peut solliciter un acompte qu’à partir de la deuxième quinzaine du mois. De son côté, l’employeur ne peut pas refuser de payer le temps de travail déjà effectué. Mais il peut rejeter une seconde demande d’acompte si le salarié en a déjà reçu un.

Quelle est la différence entre un acompte et une avance sur salaire ?

L’acompte rémunère des heures de travail qui ont été effectuées. L’avance, en revanche, désigne le paiement anticipé d’heures qui n’ont pas encore été travaillées. Et une avance sur salaire implique plus de risques en matière de finances personnelles. Il faut en effet réussir à gérer les semaines suivantes qui ont déjà été payées, et ce sans nouveau versement.

En quoi consiste la proposition de loi sur le fractionnement des salaires ?

Plusieurs paiements plutôt qu’un salaire mensuel

La proposition de loi du député Jean Laussucq ne remet pas en cause le paiement mensuel des salaires, mais elle vise à assouplir les règles concernant les acomptes. Ceux-ci pourraient alors être versés jusqu’à cinq fois dans le mois, au lieu d’une seule actuellement. Soit pratiquement toutes les semaines, mais toujours à la demande du salarié. La mise en place d’une loi spécifique devrait aussi permettre d’aider les entreprises et des services RH (ressources humaines) à mieux gérer ces multiples versements.

Les Français sont favorables à une possibilité de fractionnement

Selon un récent sondage OpinionWay pour Stairwage (solution de paie), 64 % des Français interrogés sont favorables à la possibilité de débloquer une partie du salaire déjà gagné, et ce, de manière flexible dans le mois. La répartition est assez équivalente entre les hommes et les femmes (63 % et 65 %), mais le pourcentage est plus important chez les jeunes : 75 % des moins de 35 ans sont d’accord avec cette possibilité de fractionnement de la paie.

Aux États-Unis, le principe du paiement « biweekly » pour les salaires (toutes les deux semaines) est quasiment la norme. Il existe aussi des possibilités de versement de la paie à la demande via des applications mobiles dédiées. Le salarié peut alors facilement solliciter un acompte auprès de l’entreprise en quelques clics

Les conséquences d’un fractionnement du salaire sur le budget et l’épargne

Éviter les découverts et les agios

L’objectif de cette nouvelle proposition de loi est d’aider les Français à mieux gérer leurs finances et à éviter les fins de mois difficiles. Si le principe de la mensualisation est bien établi dans de nombreux domaines, les prélèvements ne sont pas tous effectués aux mêmes dates dans le mois. Et il y en a beaucoup ! Le loyer ou le crédit immobilier en premier, l’abonnement à la salle de sport quelques jours plus tard, puis la facture d’énergie, celle d’Internet vers la fin de mois, etc. Il est parfois difficile de s’y retrouver. D’où l’intérêt de recevoir plusieurs paiements, pour faire face à ces multiples échéances… et aussi aux imprévus.

C’est d’autant plus pertinent que les frais bancaires appliqués après un incident sur un compte bancaire peuvent coûter cher. Il en existe différents types : les agios, les commissions d’intervention (en cas de découvert), ou encore les frais de rejet de paiement. Autant de dépenses dont on préfèrerait se passer, et qui pourraient être limitées grâce à cette nouvelle modalité de versement des salaires.

Être payé plus souvent… pour dépenser plus souvent ?

Mais si la formule d’assouplissement de l’acompte est attrayante sur le papier, elle ne doit pas non plus inciter à dépenser davantage que le montant du salaire mensuel. Les salariés qui envisagent le fractionnement de leur paie vont devoir changer leurs habitudes en matière de finances personnelles. Avec un salaire mensualisé, il est plus simple d’appliquer des méthodes bien cadrées comme celle du « 50-20-30 » (50 % pour les besoins, 20 % pour l’épargne et 30 % pour les envies). Des paiements hebdomadaires nécessitent un autre calcul, et demandent paradoxalement plus de rigueur. Ils n’aident pas non plus à payer le logement, qui reste le principal poste budgétaire du foyer d’après l’Insee. Attention à ne pas subir une forme de dépendance, en demandant continuellement des acomptes et en accentuant encore plus d’éventuelles difficultés.

Revoir les modalités et les objectifs d’épargne

Comment continuer à épargner avec un salaire versé toutes les semaines, et donc avec un montant moins important en début de mois ? La question se pose, surtout pour les personnes qui avaient l’habitude d’épargner de manière mensuelle. Rappelons que la part d’épargne préconisée par les spécialistes est d’environ 20 % de la rémunération. Il faut, là aussi, revoir le calcul. Pour des salariés qui souhaitent fractionner leur salaire tout en épargnant au moins quelques euros, la solution réside dans la mise en place d’une nouvelle stratégie avec des objectifs réévalués. Le placement de petites sommes sur des actifs peu risqués et à long terme peut être une réponse à ce besoin. Mais à condition de choisir la bonne périodicité, calquée sur celle du versement du salaire.

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Remarque : Vous êtes libre de verser sur une partie de votre salaire mensuel sur votre compte Veracash grâce à votre IBAN personnel. À vous de choisir la proportion de salaire que vous souhaitez épargner.


Bibliographie


Nicolas Faucon

Nicolas has been an inbound and digital marketing specialist for almost 10 years and is currently, the Marketing and Communication Manager for the AuCOFFRE group. He has been supporting the growth of VeraCash since 2016.