Le cours de l’or bouge chaque semaine au rythme de l’économie mondiale. Avec L’Actu de l’Or, recevez chaque mardi un résumé clair pour :

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Principaux indicateurs américains (valeurs arrêtées au 22/12/2025)

  • Taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed) : 3,75 %
  • 224 000 inscriptions hebdomadaires au chômage ↘︎
  • Inflation américaine sur 12 mois (PCE) : 2,7 % ↘︎
  • Confiance des consommateurs US (indice Michigan) : 52.9 ↘︎
  • Valeur du Dow Jones : 48450 ↗︎
  • Valeur du S&P 500 : 6880 ↗︎

Principaux indicateurs européens (valeurs arrêtées au 22/12/2025)

  • Taux d’intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) : 2.15 %
  • Taux d’inflation moyen pour la zone euro : 2,1 % ↘︎
  • Taux de chômage pour la zone euro : 6,4 %
  • Confiance des consommateurs et des entreprises zone euro : -14,6 ↘︎
  • Valeur Euro Stock 50 : 5764 ↗︎
  • EUR/USD : 1,176 ↗︎

Évolution du cours de l’or

Entre le 26 et le 22 décembre 2025, le cours de l’or en euros a confirmé son maintien à ses plus hauts niveaux et a même franchi un nouveau record à 3819 euros le 22/12 un peu après la clôture.

Cours or 23 décembre 2025

Ce nouveau record n’est pas un simple « écho » mécanique de la baisse des taux de la Fed : c’est la conséquence d’un cocktail où se mêlent un dollar toujours affaibli, un euro en meilleure forme, des banques centrales et des ETF asiatiques qui continuent de remplir leurs coffres, et une fin d’année pleine d’incertitudes économiques et géopolitiques.

Après la Fed, un dollar durablement fragilisé

Même si la coupure de taux de la Fed a eu lieu la semaine précédente, ses effets se prolongent. Le message du FOMC est clair : le cycle de resserrement est terminé et la banque centrale accepte des taux réels plus bas pour soutenir une économie qui ralentit.

​Résultat : le dollar reste sous pression, tandis que l’euro poursuit sa remontée. Le taux de change EUR/USD tourne autour de 1,17-1,18 et atteint 1,176 le 22 décembre, soit près de 13 % de hausse de l’euro sur un an. Pour l’or coté en euros, c’est une configuration particulière : d’un côté la faiblesse durable du billet vert soutient le prix de l’or en dollars ; de l’autre, un euro plus fort vient normalement atténuer la hausse en monnaie européenne. Le fait que l’once batte malgré tout des records au‑delà de 3750-3770 € montre à quel point la pression acheteuse mondiale reste forte.

Banques centrales : la « main invisible » qui ne lâche pas l’affaire

Sur le front officiel, la tendance ne faiblit pas. Les statistiques publiées début décembre montrent que les banques centrales ont à nouveau accéléré leurs achats en octobre, avec 53 tonnes nettes de plus en un seul mois et un cumul de 254 tonnes sur les dix premiers mois de l’année.

​Ces volumes sont un peu moins spectaculaires que les années 2022-2023, mais ils restent bien au‑dessus de la moyenne historique, dans un mouvement de fond où plusieurs banques centrales émergentes (Pologne, Chine, pays du Golfe, banques d’Asie centrale) continuent de diversifier leurs réserves loin du dollar. Ce sont des achats stratégiques, rarement revendus, qui retirent de l’or du marché et créent un plancher de plus en plus élevé sous les cours.

Les ETF et l’Asie continuent de pousser la machine

Au‑dessus de cette demande officielle se trouve la couche financière, avec les ETF or. Le bilan de novembre vient de tomber : les ETF aurifères ont enregistré 5,2 milliards de dollars d’entrées nettes, sixième mois consécutif de flux positifs, portant leurs avoirs à un record de près de 3932 tonnes et 530 milliards de dollars d’actifs sous gestion.

Volumes négociés - COMEX

Il faut bien noter que c’est surtout l’Asie qui mène la danse. La région concentre à elle seule environ 3,2 milliards de ces entrées, dont 2,2 milliards pour les seuls ETF chinois, stimulés par la réforme de TVA qui rend l’investissement via produits financiers plus attractif que le bijou physique. En Inde, novembre est le sixième mois d’affilée de flux entrants, encouragés par la solidité des prix locaux. Ces flux ne s’arrêtent pas mi‑décembre : ils donnent au marché une « inertie haussière » qui se réactive dès qu’un catalyseur (ici, la baisse de taux américaine et la prolongation d’un climat de méfiance) se présente.

Un monde qui reste instable, même sans gros choc

Au cours de cette semaine du 16 au 22 décembre, il n’y a pas forcément de « breaking news » géopolitique unique, mais une toile de fond lourde : guerre toujours gelée en Ukraine, tensions récurrentes en mer de Chine, relations sino‑américaines qui restent conflictuelles, et finances publiques occidentales sous pression.

​Dans ce contexte, les investisseurs lisent les achats des banques centrales comme un signal : si les États eux‑mêmes stockent de l’or à des niveaux inédits depuis les années 1970, c’est bien qu’ils anticipent des années de volatilité monétaire et politique. Ce message diffuse dans les portefeuilles privés, renforçant l’idée qu’un actif « hors système » est indispensable, même à des prix que beaucoup jugeaient inimaginables il y a quelques années.

Pourquoi l’envolée est encore plus spectaculaire en euros

Ce qui est frappant c’est que l’or en euros dépasse désormais ses records d’octobre alors que l’euro a progressé contre le dollar. Trois mécanismes se superposent.

D’abord, la dynamique en dollars reste très haussière : après la dernière baisse de taux, l’once a franchi les 4300 $ et oscille en zone de sommet historique, portée par la faiblesse du billet vert, les flux vers les ETF et la demande officielle.

​Ensuite, la hausse de l’euro n’est pas assez forte pour neutraliser ce mouvement. Sur un mois, l’euro s’apprécie d’environ 2 % face au dollar, alors que l’or en dollars a pris bien plus depuis la décision de la Fed. Converti en euros, le métal continue donc de gagner du terrain.

​Enfin, les investisseurs de la zone euro ont leurs propres raisons de se couvrir : inquiétudes sur la croissance européenne, dettes publiques, incertitudes politiques dans plusieurs pays, et perception que la BCE suivra tôt ou tard la Fed sur le chemin de taux réels plus bas. L’or devient alors une protection contre un double risque : la fragilité du dollar et celle du système monétaire européen lui‑même.

La mécanique de marché : records, effet foule et « FOMO » de fin d’année

Enfin, la dernière composante est plus psychologique. En atteignant de nouveaux sommets en dollars puis en euros, l’or déclenche le fameux effet de « peur de rater le train » (FOMO) : certains investisseurs qui regardaient la hausse de loin se décident enfin à entrer, ne serait‑ce que pour « avoir un peu d’or » dans leurs portefeuilles.

​Les graphiques techniques montrent aussi que la zone 3650-3700 € correspondait à une résistance importante. Une fois cette barrière franchie en séance autour du 22 décembre, des ordres automatiques d’achat se déclenchent, tandis que les vendeurs à découvert sont forcés de racheter, ce qui accentue la poussée initiale jusqu’à 3819 € avant un léger reflux vers 3805 €. C’est typique d’un marché déjà très haussier : le moindre signal positif ne crée plus seulement une hausse « fondamentale », mais une vague auto‑entretenue d’ordres techniques.

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Bibliographie


Bruno GONZALVEZ

Multi-entrepreneur, auteur et consultant depuis plus de vingt-cinq ans dans le domaine de la communication stratégique, il a plusieurs fois travaillé pour le compte d'entreprises financières dont il décrypte aujourd'hui les coulisses et les mécanismes économiques de base à l'intention du plus grand nombre.