À première vue, épargner semble être un acte responsable, empreint de prudence et de sagesse, puisqu’il vise à se constituer une réserve pour les jours de pluie, une planche de salut face aux imprévus de la vie, « une poire pour la soif« , comme on dit. Pourtant, sous cette surface rassurante se cache un dilemme économique qu’on pourrait appeler le paradoxe de l’épargne.

Ce qu’il faut retenir

  • L’épargne est une pratique universelle nécessaire à la sécurité financière des individus.
  • Mais en limitant la quantité de monnaie en circulation, l’épargne contribue, au moins en partie, à une baisse de la consommation et donc influe négativement sur la croissance économique.
  • Le paradoxe de l’épargne réside donc dans le fait que, d’un côté, elle réduit la pression sur les prix et fait baisser l’inflation, mais que d’un autre côté, elle prive les producteurs de recettes et peut causer une augmentation du chômage.
  • La baisse des taux d’intérêt peut rendre l’épargne moins attractive, mais la plus grande facilité d’accès au crédit se traduit souvent par d’autres formes de stockage de valeur, notamment dans l’immobilier, qui ne bénéficient pas à l’économie réelle et donc à la croissance.
  • L’épargne constitue un défi à la fois économique et politique pour les gouvernements comme pour les banques centrales, qui ne parviennent pas vraiment à gérer l’équilibre délicat entre épargne sécuritaire et croissance économique robuste.
  • On peut toutefois imaginer des solutions pour concilier épargne et croissance.

Car en effet, à l’heure où les économies mondiales naviguent dans des eaux agitées, marquées par une croissance anémique et des incertitudes persistantes, l’épargne joue un rôle pour le moins ambivalent. D’un côté, elle constitue pour les ménages et les entreprises un rempart contre l’instabilité financière, mais de l’autre, elle ralentit la circulation de la monnaie, freinant ainsi la croissance économique.

Ce paradoxe pose donc une question fondamentale : faut-il encourager l’épargne, ce bastion de la sécurité financière individuelle, fût-ce au prix d’une demande amoindrie pour les biens et services ? Ou devrions-nous, au contraire, rendre l’épargne moins attrayante, pour libérer ces centaines de milliards nécessaires à une reprise économique vigoureuse ?

Pourquoi épargner ?

Dans le principe, l’épargne est simplement l’action de mettre de côté une partie de son revenu disponible. Cette pratique universelle, traversant à la fois cultures et classes sociales, a toujours eu un double rôle : prévoir pour les périodes de vaches maigres et constituer une réserve financière pour des investissements à venir.

En économie, l’épargne est souvent perçue comme un indicateur de santé financière, aussi bien pour les individus que pour les nations, car elle montre un certain niveau de vie ainsi qu’une préoccupation rationnelle qui ne se limite pas à la survie au quotidien. Épargner c’est par exemple penser à sa retraite, à l’éducation de ses enfants, aux différents imprévus qui peuvent survenir.

Mais l’épargne a également un côté plus psychologique. Elle traduit un besoin de sécurité, une peur plus ou moins grande de l’avenir, le désir de laisser un héritage aussi. Et ces sentiments sont d’autant plus renforcés durant les périodes d’incertitude économique comme celle que nous traversons actuellement, et qui succède à une longue série d’autres « crises » ayant émaillé les 50 dernières années.

L’ennui c’est que, bien qu’essentielle et bénéfique à l’échelle individuelle, l’épargne introduit davantage de nuances et de complexités lorsqu’on l’examine à travers le prisme de l’économie globale.

Quel est l’impact de l’épargne sur la croissance économique

Quand on parle d’économie globale, on pense notamment à cette fameuse croissance qui semble toujours nous échapper, quoi qu’on fasse. Et c’est vrai que, de ce point de vue en particulier, les épargnants vont un peu à contre-courant de ce qu’il faudrait faire théoriquement pour soutenir la croissance économique.

De manière très pratique, l’épargne influence directement la vitesse à laquelle l’argent circule dans l’économie : plus les gens épargnent ce qu’ils gagnent et moins ils dépensent en biens et services. C’est très basique. Sauf que cette réduction de la dépense, bien que prudente sur le plan individuel, peut conduire à une diminution de la demande globale. Et en économie, cette dynamique est cruciale : une demande moindre risque d’entraîner une production réduite, impactant ainsi l’emploi et les investissements.

C’est ce qui fait dire à certains qu’une forte épargne contribue, au moins en partie, à l’absence chronique de croissance significative dans un pays comme la France. Lorsqu’une part non négligeable des revenus est épargnée (on parle de quasiment 20% aujourd’hui), et donc retirée du circuit de la consommation ou de l’investissement productif, elle ne contribue pas à la croissance économique. C’est un peu comme si l’économie du pays était alors amputée de plusieurs centaines de milliards d’euros chaque année.

L’épargne a-t-elle un effet sur l’inflation ?

Mais il y a un autre effet à l’épargne. En mettant massivement de l’argent de côté, les ménages ne se rendent pas compte qu’ils influent aussi sur l’inflation. Dans le bon sens, diront certains, celui d’une baisse des prix. Mais ce n’est pas aussi simple…

Concrètement, et comme expliqué plus haut, l’argent qui n’est pas dépensé ne fait pas tourner l’économie réelle, ce qui contribue donc à réduire la demande globale de biens et services. De leur côté, les vendeurs ont du mal à écouler leurs produits et tendent à baisser les prix pour essayer d’attirer les acheteurs par un effet d’aubaine.

Ce phénomène est d’autant plus flagrant en période de crise économique, comme lors de la crise financière de 2008, mais aussi lorsque des conditions particulières empêchent les gens de consommer normalement, ce qui s’est passé en 2020 et en 2021 avec la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19. Durant ces périodes, les taux d’épargne ont atteint des niveaux records, et de nombreux pays ont vu leur inflation baisser au point, parfois, de devenir négative.

Or, dans un contexte macroéconomique, une faible inflation (et à plus forte raison, une déflation) n’est pas toujours souhaitable. Si elle peut provisoirement être synonyme de stabilité des prix pour les consommateurs, une inflation trop basse peut également pénaliser les producteurs, décourager l’investissement et faire baisser les besoins en main-d’œuvre (ce qui se traduit par une augmentation du chômage).

Pour relancer l’économie, permettre aux entreprises de poursuivre leurs programmes d’investissements et susciter la demande en facilitant, par exemple, l’accès au crédit pour un maximum de consommateurs, les banques centrales peuvent alors décider de baisser les taux d’intérêt directeurs, avec comme répercussion principale une baisse des taux d’emprunts pour les particuliers et les professionnels. C’est notamment la politique adoptée par la Banque Centrale Européenne (BCE) après la crise de 2008, mais surtout après 2012 et le constat que l’économie de la zone euro était désormais à l’arrêt. Avec un risque déflationniste fort mettant en péril la compétitivité de toute l’Union.

Mais là encore, une telle politique a ses limites, et surtout n’incite pas vraiment non plus les ménages à consommer au lieu d’épargner. Car si on propose aux gens d’emprunter à moindre coût, et en particulier en France, ils en profitent généralement pour investir… dans l’immobilier. Qui est une autre façon de stocker de la valeur et non de consommer.

Sans parler sur ceux qui utilisent cette possibilité d’obtenir de « l’argent gratuit » pour se constituer une trésorerie à taux quasi nul, qu’il leur suffira ensuite de transférer sur des produits plus rentables, lorsque les placements retrouveront des rendements plus avantageux.

L’épargne : un dilemme à la fois politique et économique

On comprend dès lors que l’arbitrage est très compliqué pour les gouvernements comme pour les banques centrales dans la gestion de l’équilibre entre épargne sécuritaire et croissance économique robuste.

D’un côté, une forte épargne assure aux agents économiques une sécurité financière et les aide à envisager l’avenir en termes d’investissements futurs pour améliorer leurs revenus sans dépendre de la générosité publique. Mais d’un autre côté, cette même épargne freine la demande et donc la croissance.

Autre élément de ce paradoxe, la réduction des taux d’intérêt vise à liquider l’épargne excessive et à encourager les dépenses comme les investissements. Sauf que cette politique a aussi des effets négatifs, car qui dit hausse de la demande dit aussi hausse des prix (inflation) et donc augmentation du coût de la vie pour les ménages, tandis que les entreprises voient le coût de leurs intrants comme de leurs équipements flamber également à la hausse.

Dans les pays où les taux d’emprunts sont variables (quasiment partout sauf en France qui fait presque exception), on assiste aussi à une aggravation de l’endettement des ménages. Sans oublier une érosion de l’épargne à long terme.

On le voit, rien n’est simple, mais on peut trouver des moyens pour que l’épargne contribue de manière constructive à l’économie tout en préservant la sécurité financière des individus.

Peut-on réconcilier épargne et croissance économique

C’est clairement un défi majeur, et les banques comme les gouvernements ont un rôle crucial à jouer. En France, des solutions sont déjà en place, certaines pourraient être repensées et d’autres ne sont encore qu’à l’état de projets.

Ainsi le Plan d’Épargne en Actions (PEA) permet d’acheter des actions d’entreprises françaises et européennes, encourageant ainsi le réinvestissement de l’épargne dans l’économie réelle. Pour ceux qui préfèrent placer leur argent en direct dans les entreprises, il y a aussi le dispositif de réduction d’impôt « Madelin » pour les investissements dans les PME, mais il pourrait être étendu ou adapté pour encourager spécifiquement la participation financière dans les sociétés de secteurs en pleine croissance (environnement, industrie verte, innovation technologique…).

L’épargne elle-même pourrait être orientée vers les produits ayant le plus de sens pour le développement économique du pays. Ainsi, le prélèvement forfaitaire unique (PFU), aussi appelé « flat tax », sur les revenus du capital, pourrait être ajusté pour favoriser les investissements dans les secteurs économiquement porteurs mais qui s’inscrivent aussi dans le cadre d’une croissance économique durable et solidaire, respectueuse de l’environnement. On peut aussi imaginer la création de compte d’épargne à long terme, ou encore de « fonds d’impact » spécifiques dans lesquels lesquels les épargnants pourront placer leur argent afin de soutenir des projets industriels stratégiques ou ayant un impact social et environnemental positif, avec des garanties de rendement offertes par l’État ou les banques.

VeraCash : une solution au paradoxe de l’épargne

Et puis, il y a l’or. Mais pas n’importe comment.

Avec un compte VeraCash, vous disposez d’abord d’une réserve de précaution totalement insensible à l’inflation. L’or a en effet cette particularité de voir sa valeur suivre la hausse des prix : en cas d’inflation, chaque gramme d’or en votre possession représente juste plus d’euros !

Mais votre compte est également associé à une carte de paiement classique qui vous permet de faire des achats librement et de manière totalement transparente auprès de n’importe quel commerçant, aussi simplement que si votre compte contenait des euros. Aucune manipulation de votre part, aucun délai, aucune transaction intermédiaire : vous insérez la carte associée à votre compte or dans le terminal de paiement du commerçant, et c’est payé.

Votre or passe ainsi instantanément d’un état d’épargne à celui de « monnaie », vous permettant de le dépenser si besoin et favorisant par-là même l’activité économique de votre ville, de votre région ou de votre pays.

Mais à l’autre bout de la chaîne, même si vous pouvez trouver cela relativement secondaire, dites-vous qu’en achetant de l’or en guise de « valeur refuge », vous soutenez également l’activité économique bien concrète d’entreprises de production du secteur primaire (le secteur minier), sélectionnées par VeraCash — et plus généralement par le groupe AuCOFFRE pour la fabrication de ses VeraValor) — pour leur respect de l’environnement, leurs méthodes d’extraction responsables et leur éthique sociale à l’égard de leurs employés.