Depuis des décennies, le modèle libéral a façonné l’économie mondiale, apportant prospérité et croissance à des centaines de millions de personnes. Cependant, aujourd’hui, ce modèle semble menacé de toutes parts. Selon « The Economist », nous pourrions même être à l’aube d’un effondrement, mettant en péril les fondements mêmes de notre richesse collective. Est-ce réellement le cas ou simplement les signes d’une mutation inévitable pour s’adapter aux évolutions du siècle ?
Une solidité trompeuse ?
À première vue, l’économie mondiale semble robuste. Par exemple aux États-Unis, épicentre économique et financier de la planète, la croissance reste solide malgré les tensions commerciales persistantes avec la Chine.
Depuis 2021, la Réserve fédérale américaine (Fed) a en effet relevé ses taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation, atteignant des niveaux inédits depuis des années. Et force est de constater que cela n’a pas vraiment ralenti la consommation ou l’investissement, et on peut raisonnablement penser que l’action a surtout permis d’éviter une surchauffe en stabilisant l’économie à moyen terme. Une économie par ailleurs assez robuste pour visiblement s’accommoder sans trop de mal d’une politique de taux élevés.
Précédemment, le gouvernement américain avait injecté des milliards de dollars dans l’économie à travers des programmes de relance, notamment en réponse à la pandémie de COVID-19. On parle ici d’un plan de relance colossal de 1,9 trillion de dollars adopté en mars 2021 et qui, malgré les critiques inévitables à l’encontre des dépenses publiques, a eu un impact durable en soutenant la reprise économique.
Enfin, les secteurs porteurs de la technologie et des services ont continué de prospérer, tirés vers le haut par des entreprises innovantes comme Nvidia mais aussi Apple, Microsoft ou Amazon, qui ont vu leur capitalisation boursière croître de manière considérable.
En Europe aussi, l’économie semble avoir fait preuve d’une certaine résilience face aux chocs énergétiques, notamment suite à la coupure des livraisons de gaz russe à partir de février 2022. Là encore, cette solidité apparente s’explique par plusieurs mesures et adaptations :
- Diversification des sources d’énergie : Les pays européens ont accéléré leurs efforts pour diversifier leurs approvisionnements en énergie, en augmentant leurs importations de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des États-Unis et du Qatar notamment.
- Augmentation des capacités de stockage : Des investissements ont également été réalisés pour accroître les capacités de stockage de gaz, assurant ainsi une plus grande sécurité énergétique en période de pénurie. Rassurant au passage les marchés et donc l’économie en général.
- Transition vers les énergies renouvelables : L’Europe a enfin profité de cette crise pour intensifier ses investissements dans les énergies renouvelables, notamment l’éolien et le solaire, afin de réduire sa dépendance aux importations de combustibles. Ces mesures, qui étaient indispensables mais qu’on semblait repousser sine die, ont brutalement retrouvé tout leur sens, à la fois stratégique et économique, et donné un nouvel élan à l’économie en dépit des risques d’inflation structurelle qui devraient accompagner cette transition.
Ainsi, à première vue, tout semble sous contrôle. Mais ces apparences rassurantes pourraient bien en réalité masquer une fragilité particulièrement inquiétante.
Les institutions internationales sous pression
L’économie libérale est organisée au niveau mondial autour de quelques institutions majeures qui sont censées en garantir à la fois la stabilité et l’intégrité. Or, ces organismes sont aujourd’hui en difficulté et leurs dysfonctionnements contribuent à la fragilisation du libéralisme que certains voient déjà sur le déclin.
L’OMC dans une impasse
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est une institution clé qui régule le commerce international et veille au respect des règles du commerce mondial. Cependant, depuis plusieurs années, l’OMC est en crise, principalement en raison des blocages institutionnels et de la négligence des grandes puissances comme les États-Unis.
Ainsi, le mécanisme de règlement des différends, essentiel pour arbitrer les conflits commerciaux entre les pays membres, est paralysé depuis 2019 à cause des États-Unis qui ont bloqué la nomination de nouveaux juges à l’Organe d’appel, rendant impossible le traitement des nouvelles affaires.
Pire encore, la première économie mondiale semble désormais s’affranchir totalement des règles du commerce mondial basées sur un libéralisme équitable, pour imposer sa seule vision. Alors que l’administration Trump n’avait eu de cesse de critiquer l’OMC pour son incapacité à gérer les pratiques commerciales déloyales de la Chine, menaçant même de se retirer de l’organisation, on avait espéré que Biden serait plus conciliant. Aujourd’hui on s’aperçoit que, si le ton de la Maison Blanche a changé et s’est fait plus apaisant, le fond du désaccord reste entier et les Américains continuent à contrer ouvertement les recommandations de l’OMC qui n’a visiblement plus le poids suffisant pour s’y opposer.
Un FMI en pleine crise d’identité
Le Fonds monétaire international (FMI) joue un rôle crucial dans la stabilité financière mondiale, en fournissant des prêts aux pays en difficulté et en surveillant les politiques économiques mondiales. Toutefois, le FMI est actuellement confronté à une crise d’identité, tiraillé entre ses missions traditionnelles et de nouvelles priorités. En particulier face à la pression croissante pour intégrer des enjeux environnementaux et sociaux qui intéressent principalement les pays riches et qui risquent de “drainer” une grande partie des financements.
À cet égard, de nombreux pays membres, notamment ceux en développement, critiquent le FMI pour son approche perçue comme pro-occidentale et trop centrée sur les intérêts des économies avancées. C’est la légitimité même du FMI qui est remise en question, ainsi que sa capacité à jouer son rôle de régulateur assurant une meilleure répartition des richesses dans une économie mondiale libérale.
On se souvient que la pandémie de COVID-19 avait déjà exacerbé les inégalités mondiales et les vulnérabilités économiques, posant de nouveaux défis au FMI pour adapter ses programmes d’assistance et ses recommandations politiques. La course aux financements de la transition écologique à tout prix risque encore de creuser l’écart entre pays riches et pays pauvres, renforçant la défiance croissante envers les institutions du libéralisme.
L’ONU et les tribunaux supranationaux paralysés
Même si on s’éloigne de l’économie, les Nations Unies (ONU) et ses tribunaux supranationaux, tels que la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI), jouent un rôle crucial dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Une paix et une sécurité qui sont censées permettre l’application pleine et entière d’un modèle libéral qui profiterait à tous.
Sauf que ces institutions sont, elles aussi, de plus en plus paralysées par des jeux de pouvoir et des manipulations politiques. Par exemple, le Conseil de sécurité est souvent bloqué par les veto des membres permanents (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni) sur des questions d’apparence géopolitiques mais qui cachent souvent des intérêts économiques plus profonds. Récemment, les tentatives de résolution des crises en Syrie et en Ukraine ont été entravées par les veto russe et chinois, chacun des deux pays voyant un intérêt à ce que les Nations Unies (et en particulier les États-Unis) n’interfèrent pas dans des opérations susceptibles d’avoir des répercussions économiques favorables à moyen ou long terme.
En ce sens, Russes et Chinois n’ont d’ailleurs rien fait de très différent de ce qu’avaient fait les Américains en 2004 quand ils se sont opposés à une résolution de l’ONU qui demandait le retrait des troupes en Irak. À l’époque, les ressources pétrolières de Saddam Hussein étaient clairement dans le collimateur de Washington.
Et d’une manière plus générale, leur relation stratégique et économique avec Israël a souvent motivé les Etats-Unis à rejeter les résolutions critiquant les actions de l’Etat Hébreu.
Il en va d’ailleurs de même avec la CIJ et la CPI qui sont de plus en plus utilisées, pour ne pas dire instrumentalisées, comme des outils politiques par les États. On peut ainsi évoquer la fois où des politiciens américains ont menacé de sanctions la CPI si elle osait émettre des mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens, accusés de génocide devant la CIJ.
Finalement, qu’il s’agisse de l’ONU ou des tribunaux supranationaux, leur incapacité à prendre des décisions impartiales et leur utilisation à des fins politiques érodent leur crédibilité ainsi que leur capacité à faire respecter le droit international sur lequel se fonde l’ordre économique libéral.
La montée des nationalismes économiques
On le voit, de plus en plus de pays s’affranchissent des règles communes pour imposer leurs propres règles, ce qui a pour effet, non seulement de fragmenter l’économie de la planète, mais aussi de fragiliser l’unité qui avait été construite autour du libéralisme, lequel devait initialement garantir une certaine paix globale. Certes, des troubles régionaux pouvaient perdurer, mais on avait élaboré un ensemble de dispositifs susceptibles de les résoudre par le biais économique et commercial, tantôt par des subventions, tantôt par des sanctions.
Désormais, beaucoup d’Etats souhaitent faire cavalier seul, au nom d’un nationalisme économique de plus en plus affirmé qui donne la priorité aux intérêts économiques nationaux par rapport à ceux du libre-échange et de la coopération internationale. Cette tendance très nette s’oppose frontalement au libéralisme mondial en prônant des politiques protectionnistes, le soutien aux industries locales et une régulation stricte des investissements étrangers. Et non seulement ce mouvement gagne du terrain dans de nombreux pays en développement, mais il est désormais également porté par les responsables politiques de grandes nations comme les États-Unis (1e économie de la planète), la Chine (2e économie mondiale) ou dans une moindre mesure certains États européens, au point de menacer les principes fondamentaux du libéralisme économique qu’ils avaient eux-mêmes édictés au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
Le cas des États-Unis
America First : Sous la présidence de Donald Trump, les États-Unis ont adopté une politique économique nationaliste avec le slogan « America First ». Cette approche a conduit à l’imposition de tarifs douaniers sur des centaines de milliards de dollars de marchandises importées, notamment en provenance de Chine, dans le but de protéger les industries américaines et de réduire le déficit commercial.
Subventions et soutien aux industries locales : Le gouvernement américain a également accordé des subventions massives aux industries locales, notamment dans les secteurs de l’énergie verte et de la technologie. Par exemple, le plan d’infrastructure de 1 200 milliards de dollars adopté en 2021 prévoyait des investissements significatifs dans les infrastructures américaines pour soutenir l’emploi et l’industrie locale.
Le cas de la Chine
Made in China 2025 : La Chine a lancé l’initiative « Made in China 2025 » pour transformer son économie en une puissance technologique mondiale. Ce plan vise à réduire la dépendance de la Chine aux technologies étrangères en développant ses propres capacités industrielles dans des secteurs clés tels que les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle et les énergies renouvelables. L’histoire ne dit pas si le pays exploitera les connaissances acquises durant les 30 dernières années passées à produire de la technologie pour les pays occidentaux. Les risques de la délocalisation massive…
Protection des industries locales : D’une manière générale, la Chine impose depuis longtemps des restrictions strictes aux investissements étrangers et soutient ses entreprises nationales par des subventions et des politiques favorables, ce qui crée des distorsions sur le marché mondial.
Le cas de l’Union Européenne
Protectionnisme climatique : Cultivant sa réputation de bonne conscience du monde, l’Union Européenne (UE) a, elle aussi, adopté des mesures protectionnistes, mais sous couvert de politiques environnementales. Par exemple, le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) vise à taxer les importations en fonction de leur empreinte carbone, favorisant ainsi les produits européens qui respectent des normes environnementales strictes.
Subventions vertes : L’UE subventionne également massivement ses industries vertes pour atteindre ses objectifs climatiques, dont un plan de financement de 1 000 milliards d’euros sur dix ans pour soutenir des projets de transition écologique et d’innovation verte. Ce qui risque évidemment de désavantager les entreprises des pays non membres de l’UE et provoquer des frictions commerciales. Mais ce n’est pas grave, puisque c’est pour la bonne cause.
Les conséquences pour l’économie mondiale
Toutes ces politiques protectionnistes à large échelle auront nécessairement des conséquences sur le libéralisme mondial. D’abord parce qu’elles vont fragmenter le commerce et décourager les investissements étrangers, mais aussi parce qu’elles vont éroder durablement la coopération internationale.
On l’a dit, la paix née du libéralisme mondial repose en grande partie sur le fait qu’on ne fait pas la guerre à ses partenaires commerciaux. Mais si on commence à monter les tarifs douaniers et à ériger des barrières non tarifaires, telles que les quotas et les restrictions à l’importation, on n’entrave pas seulement les échanges commerciaux entre les pays. On crée surtout une situation conflictuelle et des tensions qui peuvent s’étendre au-delà d’une simple réorganisation des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Le nationalisme économique a pour principal effet à long terme d’éroder la confiance entre les nations, rendant de facto plus difficile la coopération nécessaire pour relever les défis mondiaux tels que le changement climatique, les pandémies et les crises financières. Pire encore, les mesures protectionnistes peuvent déclencher des guerres commerciales, où les pays répondent aux barrières commerciales par des représailles similaires, aggravant ainsi les tensions économiques et politiques. Et quand on emploie le terme de “guerre”, même si c’est pour qualifier des tensions commerciales, ce n’est jamais de bon augure.
Enfin, le libéralisme mondial implique une libre circulation des capitaux et des investissements à travers la planète. Or, les politiques protectionnistes découragent justement les investissements étrangers, car les entreprises internationales se heurtent à des barrières à l’entrée ainsi qu’à des incertitudes réglementaires de plus en plus fréquentes. À l’inverse, certaines entreprises nationales, prises aux pièges de politiques restrictives réciproques entre leur pays et une région du monde constituant une part non négligeable de leur marché, peuvent être tentées de relocaliser leur production pour éviter les barrières commerciales et réglementaires, entraînant alors des pertes d’emplois et une baisse de compétitivité économique dans leur pays d’origine.
Le libéralisme mondial est-il une mauvaise chose ?
Alors, oui, tout n’est pas bon dans le libéralisme, et ses détracteurs avancent plusieurs arguments pour justifier la nécessité de son abandon. Il aurait exacerbé les inégalités de revenus et de richesse, favorisant souvent les grandes entreprises et les plus riches, au détriment des travailleurs et des classes moyennes. Il serait également à l’origine de l’instabilité économique chronique de ces dernières années, et responsable des crises financières récurrentes telles que celle qu’on a connue en 2008.
Et puis, avec le libéralisme est venue la mondialisation, laquelle a complètement anéanti la souveraineté nationale. Désormais, les gouvernements ne seraient plus capables de réguler leur économie, de protéger leurs industries locales et de garantir le bien-être de leur nation à travers des normes sociales et environnementales adaptées. En devenant concurrents entre eux, à travers les frontières, les travailleurs voient leurs droits réduits et leurs conditions de travail précarisées pour rester compétitifs. Tandis qu’on assiste à une concentration excessive du pouvoir économique et politique entre les mains de quelques grandes entreprises et individus. Quant aux services publics essentiels tels que la santé, l’éducation et les infrastructures, ils auraient été affaiblis par la privatisation et la réduction des dépenses publiques.
Enfin, n’oublions pas la dégradation environnementale et le changement climatique qui semblent directement liés au libéralisme économique, lequel met l’accent sur la croissance à tout prix et la consommation débridée.
Bref, le libéralisme serait le père de tous les maux.
Sauf que la réalité est bien évidemment beaucoup plus nuancée. À l’instar de la démocratie qui serait “un mauvais système, mais le moins mauvais de tous les systèmes” (selon Winston Churchill), le libéralisme n’est ni le meilleur ni le pire des modes d’organisation économique. C’est en tout cas celui qui a permis le plus d’évolutions positives durant les 70 dernières années, et s’il a des travers, ils ne sont en rien comparables à ceux occasionnés par les régimes totalitaires qui se sont prévalus du communisme, par exemple (ex-U.R.S.S., République populaire de Chine, Corée du Nord, etc.), ou encore d’un quelconque communautarisme religieux d’Etat.
Finalement, le libéralisme est-il menacé ?
Concrètement, le danger est réel. La montée des politiques protectionnistes et nationalistes fragmente l’économie mondiale en fragilisant du même coup l’unité des peuples. Les tensions autour de Taïwan ou la volonté de Moscou de s’approprier le territoire de l’Ukraine, en dépit de toutes les règles édictées depuis des décennies sur la base d’un équilibre commercial mondial, illustrent les risques géopolitiques croissants qui pourraient précipiter un effondrement.
De leur côté, les institutions qui étaient jusqu’ici garantes de l’ordre libéral montrent désormais des signes d’impuissance qui font craindre pour les fondements mêmes de cet équilibre.
Enfin, la grande majorité des gens qui vantent les mérites d’autres modèles économiques basés plus ou moins sur le collectivisme ou d’autres utopies sociales sont souvent trop jeunes pour avoir réellement connu la réalité des ces régimes lorsqu’ils étaient en pleine expansion et qu’ils menaçaient littéralement la sécurité planétaire. Le libéralisme n’est pas un idéal, mais beaucoup d’idéaux (pour ne pas dire d’idéologies) ont failli précipiter le monde à sa perte.
En réalité, il existe pas mal d’arguments qui permettent d’être optimiste quant à l’avenir du libéralisme, même s’il est clair qu’il devra continuellement évoluer pour s’adapter aux nouvelles réalités de ce monde.
D’abord, quoi qu’on en pense, le modèle libéral favorise l’innovation et l’adaptation rapide aux changements, ce qui permet une résilience remarquable face aux crises et aux chocs économiques. On l’a vu par exemple pendant la pandémie de COVID-19, lorsque de nombreuses entreprises ont rapidement pivoté vers des modèles de travail à distance et ont accéléré leur adoption des technologies numériques, ce qui a permis de maintenir une grande partie de l’activité économique. D’autres ont rapidement diversifié leurs chaînes d’approvisionnement pour réduire les risques de dépendance excessive à une seule région ou un seul pays. On pense évidemment à la guerre en Ukraine, mais pas seulement.
Ensuite, malgré les rodomontades et les jeux de pouvoir au fort impact médiatique, de nombreux accords commerciaux régionaux continuent de se développer en dépit des tensions commerciales globales. Par exemple, l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) et le Partenariat Économique Régional Global (RCEP) en Asie montrent que ces pays cherchent toujours à approfondir leurs liens économiques et à bénéficier des avantages du libre-échange. Les investissements directs étrangers continuent de jouer un rôle crucial dans l’économie mondiale. Les multinationales investissent dans des infrastructures, des usines et des services dans de nombreux pays (dont la France !), ce qui stimule la croissance économique et favorise la création d’emplois.
Enfin, la plupart des responsables industriels et politiques du monde entier ont bien compris l’importance des enjeux environnementaux pour les années à venir. Seule la coopération internationale et la négociation autour du libre-échange permettent de mettre en place et de soutenir les actions en faveur de l’environnement à l’échelle planétaire. D’ailleurs, de plus en plus de partenariats public-privé (PPP) se multiplient pour financer des projets d’infrastructure et d’innovation, notamment dans les secteurs de l’énergie propre et des technologies vertes. Ces partenariats permettent de mobiliser des capitaux privés pour des projets d’intérêt public, facilitant ainsi le développement durable.
La liberté reste bien le seul modèle capable de s’adapter en temps réel aux turbulences politiques, économiques, stratégiques ou climatiques. Et cela, même les Chinois l’ont compris, eux qui ont depuis longtemps abandonné le marxisme au profit d’un capitalisme d’État et qui tiennent aujourd’hui un discours officiel prônant les avantages du libre échange.
Auteur et consultant depuis plus de vingt ans dans le domaine de la communication stratégique, il a plusieurs fois travaillé pour le compte d'entreprises financières dont il décrypte aujourd'hui les coulisses et les mécanismes économiques de base à l'intention du plus grand nombre.
Le libéralisme est mort depuis plus d’un siècle, avec la première guerre mondiale. L’intervention des banques centrales ET des États ont totalement perverti la chose qui ne peut plus fonctionner comme envisagée, il est donc absolument incorrect de qualifier notre système ainsi.
À l’origine, le libéralisme a été pensé dans un cadre national protectionniste, seul moyen sûr de garantir que -> les règles du jeu et de la concurrence soient les mêmes pour tout le monde <-. Le problème induit par le « libéralisme mondial » est qu’en face il peut y avoir des interventions pour fausser la concurrence sur lesquelles « on » a aucunement la main. A partir de là, même si ponctuellement certains échanges sont bien pratiques, les règles ne sont plus observées et cela pervertit peu à peu le système. Par réaction et par défense, tout le monde s’est mis à faire ainsi, les États interviennent/arbitrent sur tout, deviennent trop gros, cela n’a plus rien de libéral, c’est juste une immense guerre économique avec des secteurs qui doivent payer pour en favoriser d’autres, etc. On est plus proche d’une forme de communisme ou féodalisme (/économie pilotée) qui sacrifie son propre tissu économique pour gagner des batailles, parfois ponctuelles, parfois même livrées pour des intérêts privés proches ou pilotant carrément le Pouvoir. Tout cela est la caractérisation même d’une mauvaise allocation de capital permanente, voire de vol pour ne pas dire de « mal commun ».
Non, le libéralisme est un lointain et regretté souvenir, appeler notre mode actuel de « néolibéralisme » est une escroquerie intellectuelle tant les implications sont contraires. Mais tout comme les fascistes se disent aujourd’hui démocrates, il faut croire que c’est dans l’air du temps.
Bonjour Benjamin,
Je comprends votre point de vue. Et vos arguments semblent démontrer que la régulation a tué le libéralisme depuis longtemps.
En d’autres termes, vous postulez que le libéralisme exclut par défaut toute forme de régulation ou de contrôle extérieure aux marchés.
Sauf que c’est une simplification excessive du concept. Vous-même vous dites que le libéralisme « a été pensé dans un cadre national protectionniste ». Or il ne peut y avoir de cadre sans limites, et un « cadre national protectionniste » ne peut être organisé que par une autorité étatique.
Prenez Adam Smith, l’un des premiers théoriciens du libéralisme au XVIIIe siècle. D’aucuns disent même de lui qu’il en est le père. Dans son ouvrage « La richesse des nations » publié en 1776, il indiquait soutenait que l’État devait assurer des fonctions cruciales, comme la protection de la société contre les menaces extérieures (armée), construire certaines infrastructures publiques qui ne pourraient pas être financées de manière rentable par des acteurs privés (routes, ponts, etc.) mais surtout administrer la justice pour protéger les droits de propriété et faire respecter les contrats. Propriété et contrats, deux piliers du libéralisme. Et Smith ne confiait pas le contrôle ou la régulation des ces deux principes essentiels aux marchés ni à des acteurs privés, mais bien à l’État.
Dans ce même ouvrage fondateur du libéralisme, il reconnaît d’ailleurs que, sans régulation, les mécanismes de marché peuvent parfois mener à des comportements monopolistiques et à des pratiques déloyales. Par exemple, des commerçants pourraient s’entendre pour fixer des prix plus élevés, ce qui nuirait aux acheteurs et pervertirait l’efficacité économique globale. Il préconise ainsi certaines interventions législatives pour protéger la concurrence et garantir des marchés justes et équitables.
Alors oui, il y a sans doute eu des dérives de la part des États, dont certaines parfois en réactions à d’autres dérives venant cette fois des acteurs économiques privés. Mais il me semble incorrect de dire que le libéralisme a été conçu (et fonctionnerait mieux) sans interventionnisme ni régulation.
Bonjour Bruno,
Le libéralisme est effectivement une doctrine de Droit, pas économique. Elle pose un cadre, et des règles de base et l’État se doit de les faire respecter. La dérégulation des mauvaises choses tout comme la régulation des bonnes choses ont eu sa peau. A l’origine, les seules grosses mises en garde visaient les ententes de prix (actuellement encore illégales et mollement contrôlées) et les monopoles (initialement non régulés car inexistants/indolores, puis régulés avec le Sherman Antitrust Act par exemple, lois rapidement contournées puis enfin dérégulées). Il aura fallu pas mal de temps et de mauvaises pratiques pour en effacer les derniers vestiges, mais les anti-libéraux peuvent enfin se réjouir, la chute libre est enfin là, avec ses éternelles solutions (guerres & inflation).
Pour en revenir à l’État, s’il doit assurer ses fonctions régaliennes (dont faire appliquer le dit Droit), il ne doit aucunement agir sur l’économie ou l’organiser en dehors du suivi de l’application de ces règles. Il ne doit pas devenir un acteur économique majeur (combien la France ? 62 % ?). La plupart des États aujourd’hui tomberaient même sous le coup des règles anti monopoles et devraient être littéralement démantelés, c’est dire l’hérésie et à quel point ils sont loin du libéralisme. Chez nous, il n’a jamais existé, au mieux un simulacre nous est accordé, si tout va bien.
Financer quelques chantiers publiques ne coûte guère beaucoup, c’est même possible avec de faibles impositions tant que l’État s’astreint à ses fonctions régaliennes.
Déréguler les règles de base, créer des exceptions, ou les appliquer la loi à la tête (ou autre) du client n’est plus du libéralisme. Réguler à outrance a aussi bien souvent protégé des monopoles déjà en place, étouffant l’émergence de toute concurrence.
Bref, c’est comme jouer au Rugby en retirant juste le ballon, ça ne rime plus à rien, même si visuellement tout le reste est identique.
Beaucoup de gens mettent sur le dos du « libéralisme » les dégâts de politiques toutes autres et dont ils font bien souvent la promotion. Bref.
Ceux qui voient le mur arriver et personne pour freiner savent ce qu’ils ont à faire, nous ne serions d’ailleurs pas là à vous lire aujourd’hui.
Bien à vous.
Je comprends davantage votre point de vue et vous avez raison sur bien des points.
Je crois qu’une de vos phrases résume bien tout le problème : « Beaucoup de gens mettent sur le dos du « libéralisme » les dégâts de politiques toutes autres et dont ils font bien souvent la promotion. »
Beaucoup présentent des modèles sous l’étiquette du libéralisme alors qu’ils ne devraient pas avoir ce nom. Je ne vais pas entrer dans la polémique stérile de ceux qui affirment haut et fort qu’on vit dans une dictature, sachant que si c’était le cas, ils ne pourraient justement pas s’en plaindre haut et fort. En revanche, dire que la politique a dévoyé le libéralisme est un fait indéniable. Mais il n’est pas mort ; il est juste mal utilisé (ou pas utilisé du tout !) par des gens qui le rendent responsable de tous les maux.
Et je continue à croire que libéralisme continue à influencer l’économie mondiale, à condition de le laisser s’adapter en permanence aux nouvelles réalités de ce monde. Le libéralisme de 2024 n’est plus (et ne sera plus jamais) celui théorisé en 1776.
Merci de votre contribution.
Très intéressant votre analyse, j’aime bien m’immerger pour voir la partie immergée de l’iceberg.
Cela change du trend following !
De mon côté, j’achète un peu d’or de temps en temps via Veracash et je vais compléter avec du franc suisse que je mettrai au coffre à la banque.
Les pays qui contestent le dollar ont tous leurs actifs libellés en….. dollars, donc rien à craindre pendant de longues années.
Quand à la monnaie commune pour les Bricks, ils se méfient tous les un des autres, donc rien à craindre à court et moyen terme.
Mais le dollar perdra de sa superbe petit à petit.
Ce qui m’inquiète le plus, c’est que les partis populistes européens n’ayant pas pu détruire l’Europe de l’extérieur, ils vont la détruire de l’intérieur :il n’y a qu’à voir les résultats des dernières élections européennes.
l’Euro en monnaie de singe, s’est ce qui m’inquiète le plus pour les 5 prochaines années.
Bonjour Hubert,
Et merci d’apprécier notre travail d’analyse.
Comme vous le soulignez, la réalité financière et monétaire du monde dans lequel nous vivons relativise beaucoup les effets d’annonce ou les affirmations qu’on professe ici ou là. Bien sûr que la situation est préoccupante, mais gardons-nous des prophéties autoréalisatrices, lesquelles n’ont souvent pour seul support que les hypothèses envisagées par certains médias et autres groupes de pression.
Évidemment aussi, on peut craindre une érosion de confiance et d’influence des principales devises, telles que le dollar ou l’euro (encore que pour ce dernier, cela pourrait être à un horizon plus lointain pour diverses raisons). C’est même presque une évolution naturelle à laquelle on doit s’attendre ; tous les empires (fussent-ils financiers ou monétaires) finissent toujours par disparaître. Certains en douceur, permettant la transition avec un nouveau paradigme ; d’autres de manière hélas plus brutale avec des conséquences souvent plus pénibles (pour ne pas dire dramatiques) pour les derniers maillons de la chaîne. Ici, on pense surtout aux citoyens, aux épargnants.
Par conséquent, sans pour autant jouer les augures et prédire une fin imminente comme aiment le faire certains médias sensationnalistes qui jouent sur les peurs pour vendre leur prose, on a toutefois le droit de se prémunir (comme vous le faites) contre l’éventualité d’un avenir incertain. Et à ce titre, vous avez raison, l’or reste une valeur qui a de grandes chances de traverser les crises à venir.
Qu’elles soient douces ou plus brutales…
Bonjour,
Article bien ficelé !
Et quel travail d’équilibriste que d’arriver à parler du système économique actuel sans jamais écrire le mot DETTE….
Pourquoi est-il en train d’évoluer ? Parce que les US qui le dirigent d’une main de fer sont au bout du rouleau et parmis les pays les plus endettés du monde. Il peuvent se le permettre car il ont instauré la monnaie unique mondiale, le dollar. Et ce que vous appelez la paix avec des conflits régionaux mineurs est simplement une guerre permanente des US dans touts les coins du monde qui n’obéissent pas aux règles qu’ils édictent comme bon leur semble. Le libéralisme survivra peut-être mais les maîtres de ce système ne seront plus les mêmes. La question est : est-ce que les US accepteront ce changement sans créer une guerre mondiale. Car, quand les BRICS auront créé leur propre système monnaitaire et financier (certe cela va prendre du temps et les US vont tout faire pour que cela n’arrive pas), la vérité crue apparaîtra : les US et l’UE sont ruinés et ne pourront plus faire fonctionner leur système libéral basé sur l’exploitation du reste du monde !!
Quant à toujours comparer le libéralisme capitaliste avec le communisme, c’est la méthode éculée des libéraux pour nous faire croire que les humains ne sont pas capables d’inventer un autre système certe pas parfait mais plus égalitaire. Et pendant ce temps là, ils continuent leur mainmise sur le reste du monde !
Bonjour Marc,
Merci de juger l’article bien ficelé. Même si le reste de votre message me laisse penser qu’il s’agissait peut-être d’un compliment ironique.
Quoi qu’il en soit, je suis entièrement d’accord avec vous sur la majorité des points que vous soulevez. Et en particulier sur la place hégémonique des Etats-Unis qui se sont arrogé unilatéralement le rôle de shérif du monde. C’est vrai aussi que les grandes lignes du libéralisme moderne ont été dictées par ce même pays, en fonction de ce qui l’arrangeait sur le moment, quitte à bafouer ouvertement ses propres règles dès qu’elles ne l’arrangeaient plus. Et c’est vrai aussi que le dollar concentre à lui-seul l’essentiel des travers qu’on peut aujourd’hui trouver aux monnaies fiat, en ajoutant cependant une « qualité » qui lui est propre : celle d’être devenu la devise de référence au niveau international, le nouvel étalon sur lequel toutes les économies (qu’elles le souhaitent ou non) doivent se baser.
En revanche, le monde change, les gens aussi, sans oublier la nature-même des relations économiques, sociales et politiques qui évoluent pour compenser les travers d’une stratégie néolibérale sans nuances. Mais cette évolution ne veut pas dire qu’il faut tout jeter. Tout n’est pas noir ou blanc.
Vous-même, si vous êtes un occidental (sinon d’origine, au moins d’appartenance), vous êtes le fruit de ce libéralisme que vous rejetez, vous évoluez dans un environnement qui vous permet d’envisager d’autres choix, vous avez la liberté d’exprimer une autre vision que celle qu’on semble vous imposer ; alors même que, je le répète, vous bénéficiez probablement des avantages d’un système libéral qui vous offre le confort de le fustiger au profit de modèles « concurrents » que vous fantasmez peut-être un peu. Oui, oui, que vous fantasmez. Car comment expliquer alors que ceux qui ont pu expérimenter ces prétendus régimes égalitaires (et n’oubliez pas que l’égalité est la pire des iniquités, pour ne pas dire injustices) ont tout fait pour en sortir ? En le payant souvent de leur vie. Et ça se passe encore aujourd’hui, dans de nombreux pays du monde qui s’affichent comme étant « anti-capitalistes ».
Enfin, vous parlez de « méthode éculée des libéraux pour nous faire croire que les humains ne sont pas capables d’inventer un autre système certe » [sic.] « pas parfait mais plus égalitaire. »
Mais sachez que personne ne cherche à « faire croire » quoi que ce soit, et il n’y a rien d’éculé à simplement pointer les faits, historiques pour certains, encore actuels pour d’autres, qui montrent à quel point TOUS les régimes pseudo-populaires ou « égalitaires » ont été ou sont encore des échecs patents effroyablement coûteux en vies humaines.
Bien sûr que le libéralisme à l’Américaine (qui est d’ailleurs plus un totalitarisme qu’un libéralisme au sens strict du terme) n’est pas un modèle à suivre. Bien sûr qu’il faut tendre vers un système meilleur ! Mais je doute que ce soit en suivant une utopie élaborée par un penseur du XIXe siècle et appliquée dans le sang et les larmes dès les premières années du XXe siècle. Un « communisme » (ou quel que soit le nom que vous voudrez lui donner) dont les partisans occidentaux, bien au chaud dans leur petit confort libéral (quoi qu’ils en disent), ne voudraient certainement pas vivre les « inconvénients » qu’on constate pourtant aux quatre coins du monde.
Bonjour Bruno,
J’aurais bien voulu vous répondre directement, mais il n’y a pas de « bouton » répondre sous votre réponse au commentaire. Je vois que vous être un adorateur du Dollar sous des airs de modéré, mais je voudrais que vous m’expliquiez ceci: (et n’oubliez pas que l’égalité est la pire des iniquités, pour ne pas dire injustices). Selon vous l’égalité est injuste. J’ai hâte de lire le tour de passe-passe intellectuel que vous nous présenterez, si jamais vous avez le courage ! Et puis, n’oubliez pas que si les systèmes communiste comme les nommez péjorativement non pas bien abouti, c’est en partie parce tous les capitalistes du monde en fait tout en leur pouvoir pour s’y opposer…
Bonjour Charles,
Le blog de Veracash n’est pas un média d’opinion, même si certains sujets ne peuvent être traités qu’en adoptant en point de vue « partial » (entendez par là qu’il peut occulter volontairement des éléments du problème qui ne concourent pas directement à sa compréhension ni à sa vulgarisation). D’une manière générale, l’information que nous publions est rationnelle, objective et nuancée. Et nous nous attachons à ne jamais entrer dans les débats stériles entourant les convictions politiques ou idéologiques.
Je regrette donc d’autant plus que vous ayez choisi l’angle de l’attaque ad hominem dans votre commentaire. À plus forte raison pour énoncer des contrevérités qui souligne surtout le peu d’attention que vous avez porté à la lecture de l’article comme de mes commentaires. Habituellement, je ne réponds pas à ce genre d’invectives et d’attaques personnelles (« don’t feed the troll« ), mais je me dois malgré tout d’apporter deux ou trois précisions pour la compréhension générale :
1. L’égalité est en effet injuste dès lors que vous l’appliquez au traitement, aux droits et aux devoirs que vous opposez aux individus ; car apporter la même aide et demander les mêmes efforts à tous les membres d’une société, sans égard pour leur situation personnelle, leur âge, leur niveau de responsabilités ou encore leurs « handicaps » revient tout simplement à privilégier les plus forts et fragiliser davantage les plus faibles. Seule l’équité est vertueuse, c’est-à-dire demander à chacun de contribuer suivant ses possibilités et lui accorder des bénéfices en fonction de ses besoins. En majorant ou en minorant ces flux selon la contribution de chacun à la collectivité, pour des raisons évidentes de justice sociale. Tout ce qui vient d’être énoncé n’est valable, bien évidemment, que quand on parle d’action publique, car chacun est ensuite libre d’améliorer ou non sa condition personnelle, suivant ses choix et en s’assurant toujours de la conformité de ses actes à l’état de droit. Voici donc, je pense, une explication suffisamment simple pour que vous ne la considériez pas comme « un tour de passe-passe intellectuel ». Toutefois, si n’étiez pas en mesure d’en percevoir les subtilités (là non plus, nous ne sommes pas tous égaux), n’hésitez pas à me le signaler et je me ferai un plaisir de vous expliquer de nouveau le concept d’équité.
2. Je n’ai jamais qualifié le communisme de manière péjorative, c’est le mot que les partisans de cette idéologie ont eux-mêmes choisi (depuis Marx et Engels, donc ça ne date pas d’hier). Que certains ne le revendiquent plus aujourd’hui pour certaines raisons historiques peu glorieuses, et lui préfèrent des synonymes, c’est un autre débat. Mais je doute que les membre du Parti Communiste Français, toujours en activité aujourd’hui, apprécient que vous considériez ce qualificatif comme péjoratif. Au passage, les termes « insoumis » ou « anticapitaliste » ne sont que des postures intellectuelles destinées à parler de communisme sans en prononcer le nom. Un signe peut-être que certains parmi les tenants de cette idéologie considèrent eux-mêmes que le terme n’est plus très positif.
3. Dire que les systèmes communistes n’ont pas abouti à cause des capitalistes (il faudrait d’ailleurs préciser qui et comment…) ont tout fait pour s’y opposer n’a pas de sens. Les communistes ont tout fait (et font encore tout leur possible) pour faire s’effondrer le modèle libéral, et pourtant il semble toujours bien vivace. Faut-il en déduire que les « communistes » sont moins forts que les « capitalistes » ? Ce serait une hyperbole un peu facile. En revanche, et la plupart du temps, ce n’est pas la force de conviction de l’adversaire qui entraîne la chute du vaincu, mais plutôt la faiblesse du modèle de ce dernier et les failles de son système qui causent sa perte. Sans oublier le désaveu du peuple, lequel préfèrera toujours éviter de se retrouver sous le joug de régimes totalitaires qui n’ont que la force pour imposer le communautarisme à des êtres humains portés naturellement à l’individualisme.
J’espère que ces compléments d’information vous auront éclairé et permettront d’élever le débat au-delà des considérations personnelles autour de ma modeste personne et de mes prétendues « adorations » (franchement, relisez attentivement ce que je dis du dollar, et rions ensemble de votre méprise…)
Article intéressant. Cependant, lorsque vous parler de libéralisme économique « depuis 70 ans », vous mettez dans le même sac deux périodes très différentes : d’abord, de 1945 à 1975 et un peu au-delà, une période très fortement keynésienne, les Trente Glorieuses ; ensuite, la période néolibérale initiée par Thatcher et Reagan en 1980, et qui a gagné le monde dans les années suivantes. C’est à cette deuxième période (une quarantaine d’années) qu’on attribue, avec raison selon moi, les dégâts sociaux et environnementaux auxquels vous faites allusion.
Si ce néolibéralisme est remplacé par un nationalisme économique agressif (la guerre économique généralisée), le monde va tomber de Charybde en Scylla. Mais s’il se prolonge en poussant toujours plus loin l’explosion des inégalités et le pillage des ressources planétaires, c’est également un désastre. On commence en effet à se rendre compte de la nécessité absolue d’une conversion à la sobriété, face à la raréfaction des ressources naturelles (dont l’énergie, fortement lié au dérèglent climatique). Mais comment envisager cette sobriété sans un partage plus équitable des ressources devenues rares, c’est-à-dire une avancée sérieuse vers la solidarité ? Tout le contraire du néolibéralisme dominant ! il est urgent d’inventer une véritable alternative.
Bonjour,
Merci pour les précisions que vous avez apportées.
Beaucoup de gens réfléchissent à cette alternative que vous appelez de vos vœux.
Mais sans retomber dans les travers des vieux modèles manichéens qui rejettent toute forme de libéralisme (sous-entendu toute économie régulée en tout ou partie par les marchés), on pourrait par exemple imaginer un « néo-néolibéralisme » (ou un « libéralisme responsable »), qui prévoirait notamment un usage rationnel des ressources, ne serait-ce que pour des raisons économiques à long terme, ainsi qu’un partage équitable des fruits de cette nouvelle économie de marché.
Avec comme objectif prioritaire, s’il ne devait y en avoir qu’un, de permettre aux agents économiques de continuer à faire tourner la machine dans les meilleures conditions pour eux, et donc au profit de toute la chaîne de valeur.
Car même s’il ne fallait voir dans l’individu qu’un agent de production / consommateur, un simple composant du processus de création de richesse, une ressource humaine, en somme, il semble désormais bien établi que le bien-être de cet individu est le meilleur moyen de garantir son bon « fonctionnement », son implication et sa participation volontaire. Parce qu’en étant gagnant lui aussi, il a tout intérêt à ce que le système tout entier soit durable.
Et évidemment, à titre personnel, j’ose croire qu’on peut également voir un peu plus loin que ce simple calcul.