Notre époque est celle de la valeur conférée par le prix. Cette vision quelque peu marketing qui a réussi à un grand nombre de marques, qu’elles soient dans le domaine du luxe ou pas d’ailleurs, ne saurait s’appliquer à l’or. Car le métal précieux n’est pas une simple marchandise ; c’est à la fois une assurance, un bien et une réserve de valeur. Et réduire cette valeur au prix n’a pas de sens.

En effet, la valeur de l’or et le prix de l’or sont deux concepts totalement différents. La valeur de l’or fait référence à son utilité intrinsèque et à la quantité de travail nécessaire pour produire ce métal précieux, tandis que le prix de l’or est déterminé par l’offre et la demande sur les marchés financiers. Se baser sur le second pour estimer la première constitue donc une grossière erreur dans laquelle nous sommes pourtant encore nombreux à tomber.

La valeur de l’or est authentique

La valeur de l’or est avant tout une donnée intrinsèque, principalement liée aux propriétés physiques et chimiques du métal précieux, mais aussi à sa distribution naturelle sur notre planète qui en assure une disponibilité contenue et régulière.

Un métal précieux parce que rare et exigeant

En effet, l’or n’est pas un minéral banal. Tout d’abord, il est extrêmement rare : on estime sa répartition dans la croûte terrestre à 1 gramme pour 200 tonnes de minerai, soit 0,000005 %, contre par exemple 5% pour le fer (un million de fois plus) ; une proportion qui peut monter à 1g/20t en moyenne dans les zones d’exploitation minière.

Dès lors, on comprend que le processus de production d’or est particulièrement coûteux en énergie et en quantité de travail. En fait, la rareté de l’or couplée aux coûts d’extraction peuvent être considérés comme une forme de « preuve de travail » dans le monde physique, conférant ainsi à l’or une valeur propre indépendante de toute transaction.

L’or est un métal incroyablement stable dans le temps

Ensuite, l’or est un métal résistant presque indéfiniment à la corrosion, en plus d’être facilement identifiable. Ces caractéristiques en font un matériau qui inspire la confiance sur le long terme, et ce depuis maintenant près de 6000 ans ! 

A cette grande stabilité physico-chimique, on doit aussi ajouter celle de la quantité disponible puisque, sauf à certaines périodes bien précises de l’histoire (la découverte de l’Amérique ou l’ouverture des routes commerciales vers l’Orient ou l’Afrique), la production d’or est restée relativement constante au fil des siècles, écartant le risque d’une possible dévaluation du métal par l’arrivée soudaine et massive de millions de tonnes d’or sur marché, qui en ferait baisser à la fois la rareté et donc la valeur. Par conséquent, l’or a tout naturellement trouvé sa place de réserve de valeur authentique, infalsifiable, ce qui en a d’ailleurs fait la première monnaie universelle, depuis les débuts de l’histoire humaine jusqu’à nos jours.

L’or : un métal d’avenir

A noter qu’une nouvelle caractéristique physique de l’or a récemment accru la valeur de ce dernier, et lui a donné une importance désormais fondamentale dans les nouvelles technologies. En effet, l’or étant l’un des métaux les plus conducteurs d’électricité après l’argent et le cuivre, sans être toutefois frappé d’oxydation comme les deux premiers, il est aujourd’hui privilégié pour la fabrication des équipements électroniques nécessitant les meilleures performances possibles : biotechnologies, électronique de pointe, astronautique, intelligence artificielle, etc. En un mot : l’avenir.

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Le prix de l’or est une simple convention marchande

D’un autre côté, le prix de l’or est essentiellement déterminé par l’offre et la demande sur les marchés financiers selon des mécanismes qui n’ont rien à voir avec sa valeur propre. C’est une convention marchande. Tandis que l’offre d’or est limitée par sa rareté et les difficultés croissantes d’extraction, la demande d’or est quant à elle influencée par plusieurs facteurs économiques, financiers et géopolitiques.

L’or sensible à la confiance dans les monnaies fiduciaires 

Lorsque les investisseurs et les épargnants perdent confiance dans les monnaies fiduciaires comme le dollar américain, l’euro ou le yen japonais, ils se tournent souvent vers l’or comme une alternative plus sûre pour protéger leur patrimoine. L’or est considéré comme une réserve de valeur depuis des siècles, car il ne peut pas être dévalué par une politique monétaire.

L’inflation influe sur le cours de l’or

De la même façon, en provoquant une hausse des prix à la consommation, l’inflation fait baisser le pouvoir d’achat des agents économiques investis en devises. L’or va alors devenir un outil de sécurisation du capital, car il permet d’en « fixer » la valeur d’usage à un moment donné, indépendamment de l’inflation. Mieux encore, en cas d’inflation forte et durable, les cours de l’or vont se renforcer et, potentiellement, surperformer les niveaux de l’inflation au point de permettre une plus-value.

L’attrait pour l’or dépend aussi des taux d’intérêt

Les taux d’intérêt ont également une incidence sur le cours de l’or. Si les taux d’intérêt sont bas, les investisseurs peuvent être moins enclins à investir dans des instruments financiers qui génèrent des revenus fixes, comme les obligations, et peuvent plutôt se tourner vers l’or comme une alternative pour protéger leur patrimoine.

L’or valeur refuge en cas de guerre 

Les événements géopolitiques tels que les guerres, les tensions diplomatiques ou les crises économiques peuvent également influencer le prix de l’or. En période d’incertitude, l’or peut être considéré comme une valeur refuge pour les investisseurs et les épargnants qui vont donc augmenter leur demande.

Bref, si la valeur de l’or, liée aux propriétés qui lui sont inhérentes, est relativement stable à long terme, son prix en revanche peut être très volatil à court terme, en raison notamment des fluctuations permanentes de l’offre et de la demande sur les marchés financiers. 

Ce prix n’est finalement qu’une convention facilitant l’échange du métal précieux contre des devises, mais ne reflète en aucun cas la valeur réelle de l’or, à savoir sa capacité inaltérable à préserver le pouvoir d’achat du capital financier épargné sous cette forme, à l’abri des turbulences économiques, politiques et financières susceptibles de ruiner les agents économiques. Peu importe donc le prix de l’or, le capital acheté sera le capital protégé.


Bruno GONZALVEZ

Auteur et consultant depuis plus de vingt ans dans le domaine de la communication stratégique, il a plusieurs fois travaillé pour le compte d'entreprises financières dont il décrypte aujourd'hui les coulisses, tout en vulgarisant les mécanismes économiques de base à l'intention du plus grand nombre.