Acheter « de l’or » peut être une très bonne chose, mais encore faut-il savoir de quoi l’on parle. Une prise de position sur cette classe d’actifs peut en effet être envisagée de différentes manières. Que faut-il penser des ETF or ou trackers or 

Avertissement : Cet article ne représente pas un conseil en investissement relatif à l’utilisation ou non des ETF et des Trackers or. Pour rappel, les produits financiers ne sont pas sans risque et les performances passées ne présagent pas des performances futures. Il est important pour vous d’évaluer votre résistance aux risques avec l’appui d’un professionnel agréé par les organismes de régulation.

Métaux précieux, mines et objectifs patrimoniaux : attention de ne pas tout mélanger !

Ce graphique extrait de mon livre représente les 3 grandes familles de produits aurifères sur sa partie droite : à la base se trouve l’or physique (pièces, lingots, etc.), dans le compartiment du-dessus sont représentées les actions de société d’exploitation minière (qui peuvent être détenues en direct ou au travers de parts d’OPCVM), et au sommet figure ce que l’on appelle communément « l’or papier ».

Pyramide représentant les placements positionnés en en fonction de leur risque

Sur la gauche du graphique apparaît la fonction patrimoniale de chacune de ces 3 familles de produits aurifères. Le lien entre type de produit et fonction patrimoniale s’explique par les caractéristiques financières spécifiques dont font l’objet l’or physique, les mines et l’or papier en termes de niveau de risque, espérance de rendement, niveau de liquidité, etc. 

Ainsi ai-je relié les fonctions « placement » et « assurance patrimoniale » à l’or physique. A mon sens, il s’agit de la catégorie de produits aurifères la plus adaptée (voire la seule) à la protection d’un patrimoine vis-à-vis des risques d’instabilité conjoncturelle et a fortiori structurelle. Comme je m’adresse à des lecteurs majoritairement Français et non Asiatiques, j’exclus les bijoux de cette catégorie.

Le problème, c’est qu’en fonction du professionnel vers lequel vous allez vous tourner, vous risquez de vous voir proposer un produit aurifère là où il en aurait mieux valu un autre, et le résultat risque de ne pas du tout être le même !

Typiquement, votre banquier aura plus de facilités à vous proposer de l’« or papier » que de l’or physique. Votre conseiller en gestion de patrimoine est certes plus indépendant que votre banquier mais n’ayant la plupart du temps pas eu le temps d’étoffer sa gamme de produits d’un volet « or physique », il aura quant à lui tendance à vous recommander l’acquisition de parts de fonds miniers aurifères au sein d’un contrat d’assurance-vie ou sur un compte-titres ordinaire.

C’est un problème puisqu’« or physique », or papier et actions minières n’ont absolument pas les mêmes propriétés financières !

Dans ce mini-dossier en 2 volets, ce n’est pas des minières aurifères que je vais vous parler (je m’en suis déjà chargé ici et ), mais de l’or papier.

Or papier vs or physique : qu’est-ce que les trackers or, ou ETF or ?

Lorsqu’on parle d’« or papier » à l’intention d’un public d’investisseurs particuliers, on fait en particulier référence aux trackers or (ou ETF or) et aux certificats or, qui sont autant de produits dérivés de l’or physique.

Voici comment l’organisme régulateur définit les ETF : « Un ETF (Exchange Traded Fund), également appelé tracker, est un fonds indiciel qui cherche à suivre le plus fidèlement possible l’évolution d’un indice boursier, à la hausse comme à la baisse. Les ETF sont des fonds d’investissement émis par des sociétés de gestion et agréés. Ils ont pour particularité, contrairement aux autres fonds, d’être cotés en continu c’est-à-dire qu’ils peuvent être achetés ou vendus tout au long de la journée. »

Les ETF sont donc des instruments financiers qui permettent de mettre en œuvre une stratégie de gestion passive (ce qui implique des frais de gestion réduits), et qui se distinguent par ailleurs des fonds traditionnels en cela qu’ils ne font pas l’objet d’une valeur liquidative quotidienne ou hebdomadaire mais sont cotés en bourse, comme les actions.

Dans le cas des ETF or, il s’agit de répliquer la performance du cours de l’once dans une devise donnée.

Quelle quantité d’or gèrent les ETF ou trackers or ? (la liste !)

L’apparition de ce type de produits remonte à 2003.

Le Conseil mondial de l’or (CMO) a largement contribué à la démocratisation des ETF or en Occident, au travers de son rôle de concepteur et de sponsor du SPDR Gold Shares (code : GLD) créé en 2004 – le premier et le plus gros tracker or au monde.

classement des 10 plus gros ETF or sur le marché international

Au 31 octobre 2022, ces véhicules avaient pour sous-jacent 3 490 tonnes d’or à l’échelle mondiale, au plus bas depuis avril 2020, selon les chiffres du CMO. Cela représente néanmoins un peu plus de 1000 tonnes de plus que les réserves d’or de la Banque de France (2 436 tonnes).

gold chart

Comment évolue la demande pour les ETF or ou tracker or ?

En 2021, la demande d’or d’investissement s’est montée à 1007 tonnes, les achats annuels de pièces et lingots s’étant élevés à 1180 tonnes, et les ETF mondiaux sur l’or ayant enregistré des sorties de 173 tonnes.

La part de l’or papier dans la demande globale est assez volatile, comme en atteste l’évolution des zones mauves sur le graphique ci-dessous.

demande globale annuelle or

Qui investit dans les gold ETF ou trackers or ?

La demande des investisseurs occidentaux est à l’origine de la très large majorité des actifs sous gestion détenus via les trackers or. Bien entendu, le métal jaune jouit également des faveurs des investisseurs asiatiques, en particulier chinois et indiens. Cependant, pour des raisons ayant trait à leur culture et au niveau de développement de leur industrie financière, ces derniers préfèrent très largement l’or physique à l’or papier.

ETF or physique

Ceci posé, que faut-il penser des ETF or ? 

Prenons tout d’abord quelques instants pour détailler le fonctionnement de ce type de véhicule d’investissement.

Comment fonctionne un ETF ou tracker or ?

Yannick Colleu a expliqué le fonctionnement des trackers or de manière on ne peut plus claire et synthétique dans son « Guide d’investissement sur le marché de l’or ». Voici ce qu’il écrit : « un émetteur propose à des vendeurs/distributeurs agréés des lots de trackers équivalant à des parts et correspondant à un lot d’or fin réellement détenu dans une banque dépositaire. La présence de cet or est attestée par un tiers de confiance qui assure les opérations d’achat et de vente sur le marché. Les vendeurs agréés animent un carnet d’ordres (teneurs de marché) pour assurer la liquidité des trackers vis-à-vis des acheteurs et des vendeurs potentiels. Régulièrement et en fonction du stock d’or acquis, l’émetteur renouvelle les opérations d’émission de trackers. […] [Ce] fonctionnement génère des charges : commissions, courtage, frais de gardiennage, charges d’audit, etc. Ces charges sont payées régulièrement au sponsor du tracker qui en assure la gestion en vendant, par l’intermédiaire du tiers de confiance, une certaine quantité d’or détenue en stock à la banque. Ces ventes affectent donc la quantité d’or détenue et donc la quantité d’or correspondant à un tracker ».

Faciles d’accès, liquides et peu onéreux en termes de frais de gestion : les ETF or semblent a priori l’outil idéal pour acheter de l’or en tant qu’assurance patrimoniale, n’est-ce pas ?

Attention, une telle conclusion serait bien hâtive ! Comme je vous l’expliquerai dans mon prochain billet, il y a ETF or et ETF or…