En dépit d’un discours officiel qui s’efforce de discréditer l’or d’investissement et de le tenir éloigné des épargnants, on ne peut que constater l’appétit grandissant des institutions pour cet actif refuge qu’elles accumulent depuis quelques années.

Globalement, la demande d’or à usage industriel a augmenté ces dernières années de 2 à 3% par an pour répondre aux nouveaux besoins technologiques, mais elle a progressé de 20% en ce qui concerne l’investissement des banques centrales.

Ainsi, la plupart des banques centrales du monde entier ont considérablement renforcé leurs positions en or physique, et plus particulièrement celles des économies émergentes qui cherchent à consolider leurs réserves de change tout en s’éloignant de la devise américaine de plus en plus à la peine. Ainsi, on trouve l’Inde, le Mexique, la Turquie, mais aussi et surtout la Chine et la Russie qui ambitionnent de créer un véritable contrepoids monétaire au dollar dans les années à venir.

Plus près de nous, en Europe, les Allemands se révèlent également de gros acheteurs d’or, mais ce sont plutôt les particuliers qui s’y intéressent. Il faut dire que l’histoire du pays a été profondément marquée par une crise monétaire épouvantable durant l’entre-deux guerres, et le souvenir reste vivace des conséquences d’une utilisation abusive de la « planche à billets » telle que semble la pratiquer actuellement la BCE. L’an dernier, plus de 6 milliards d’euros ont été investis dans des produits d’investissement en or par les particuliers allemands soucieux de protéger leur épargne.

De leur côté, résolues à éviter un retour de l’or en tant que placement, voire en tant que sous-jacent à la monnaie, les banques n’ont eu de cesse multiplier les manœuvres visant à rendre les métaux précieux les moins attractifs possibles. Ainsi la création de produits ETF (Exchange Traded Funds) basés sur l’or est venue considérablement diluer la valeur du métal en gonflant artificiellement la quantité en circulation. Néanmoins, la demande pour de l’or physique ne cesse de progresser et la pression devient trop forte pour que les cours restent continuellement maintenus au plus bas.

Alors que l’or avait jusqu’ici un comportement plutôt contra-cyclique par rapport au marché des actions, on voit que sa valeur s’oriente désormais résolument à la hausse depuis 3 ans, que les marchés montent ou baissent. En parallèle, on note un effritement important de la rentabilité des exploitations minières (ce qui pénalise les ETF) tandis que les quantités extraites stagnent année après année, amenant certains experts à supposer qu’on a atteint le pic de production et que l’or pourrait bien se faire de plus en plus rare à l’avenir.

Par conséquent, aidée par une situation financière de plus en plus incertaine, la demande d’or deviendra bientôt suffisamment élevée pour casser les résistances mécaniques mises en place. Le cours du métal risque alors de bondir au détriment de tous ceux qui auront négligé non seulement son rôle de couverture contre les pertes en actions, mais aussi son rôle de préservation du capital.