Qu’il s’agisse de guerres, de crises économiques, de phénomènes climatiques ou sanitaires majeurs, en un mot de crises qui affectent plus ou moins lourdement l’activité industrielle et commerciale à l’échelle d’un pays, d’un continent, voire de la planète tout entière, l’or et les métaux précieux ont toujours joué leur rôle de réserve de valeur pour les individus comme pour les Etats. Véritables capsules patrimoniales figeant et préservant le pouvoir d’achat en attendant la fin des crises, ces valeurs refuges n’offrent pour autant aucune perspective de rentabilité ni même d’enrichissement net dès le retour à une situation économique plus stable. 

Les marchés financiers, en revanche, s’ils pâtissent très souvent des nombreuses turbulences sociales ou politiques qui peuvent ébranler les économies, se relèvent non seulement très rapidement eux-aussi après les crises, mais en profitent également pour surperformer et franchir de nouveaux seuils à mesure que l’activité humaine se rétablit. Un peu comme si, après un coup dur, on ne voulait pas se contenter de réparer mais qu’on cherchait plutôt systématiquement à faire mieux qu’avant.

A cet égard, on comprend que les marchés financiers accompagnent l’enthousiasme général d’un retour à la normale après les crises, et reflètent le regain d’énergie de tous les secteurs d’activité qui contribuent à restaurer l’économie. Mais concrètement, comment ça marche ? Ou plus exactement, quelles sont les raisons pour lesquelles – encore récemment, après l’épidémie mondiale de Covid-19 par exemple, ou suite à la guerre en Ukraine menée par la Russie – les marchés financiers finissent toujours par rebondir après une crise, quelle que soit sa nature ?

Des anticipations de marché autoréalisatrices

L’économie mondiale est résiliente par nature. En effet, toutes les crises de l’histoire n’ont été que passagères, même si elles ont parfois duré plusieurs années. Cela, les investisseurs le savent et ils restent donc optimistes sur le long terme, car ils connaissent la capacité de l’économie à se remettre des crises.

A plus forte raison quand on sait les efforts que les gouvernements ainsi que les banques centrales ont été capables de déployer ces dernières années pour venir à bout des crises économiques majeures. Ainsi, tandis que les Etats ou les organisations supra-étatique (l’Union européenne notamment) dégageaient des centaines de milliards d’euros pour soutenir et stimuler l’activité économique (subventions et prêts aux entreprises en difficulté, « chèques » aux particuliers pour préserver le pouvoir d’achat des ménages, financement de chômage partiel…), les banques centrales, de leur côté, encourageaient fortement la consommation et l’investissement en pratiquant une politique de taux bas tout en continuant à racheter des obligations d’Etat pour soutenir la dette consécutive à la générosité publique. Des actions qui viennent conforter les anticipations positives de marché, car au final, on sait que ça ira mieux parce que tout le monde fera en sorte que ça aille mieux.

Il ne faut pas non plus négliger le rôle de la démographie dans le processus d’anticipation. En effet, la population mondiale continue de croître, ce qui signifie qu’il y aura toujours de la demande pour les produits et services de base. Une demande qui soutient mécaniquement la croissance économique à long terme, même en période de crise.

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Le rôle de l’innovation technologique

On l’a vu durant la pandémie de 2020-2021, certaines technologies ont connu un développement accéléré dans le but de résoudre non seulement les difficultés directement liées à la situation sanitaire elle-même, mais aussi les problèmes d’organisation et de maintien de l’activité économique.

On peut bien évidemment évoquer les nouvelles technologies de lutte anti-virale à ARN messager, jusqu’ici confidentielles, mais qui ont pourtant été brusquement propulsées sur le devant de la scène en raison de leur plus grande aptitude à répondre rapidement et efficacement à une situation inédite. Des technologies qui végétaient depuis une dizaine d’années et qui ouvrent aujourd’hui la voie à un très grand nombre de nouvelles thérapeutiques dans des domaines aussi variés que la sclérose en plaques, les maladies cardiovasculaires, le diabète ou même la lutte contre le cancer. 

Le télétravail lui aussi a vu son déploiement littéralement exploser pour faire face aux contraintes de distanciation sociale, créant une vraie révolution dans le monde des entreprises, à tel point que le travail à distance est devenu désormais un véritable argument de négociation entre salariés et employeurs. Avec, au passage, de nouveaux enjeux économiques et technologiques à la clé. Cette tendance a également eu des répercussions à long terme sur le marché immobilier professionnel, rebattant les cartes en matière d’investissements et de futurs choix stratégiques.

Au même titre que les guerres étaient autrefois les principaux « laboratoires » au sein desquels l’innovation technique faisait ses premières armes avant d’être étendue au monde civil, les innovations nées des crises modernes préfigurent l’essor de nouveaux pans de l’économie qui influenceront durablement les marchés financiers de demain. De manière plus pragmatique et aussi plus directe, les entreprises peuvent également utiliser de nouvelles technologies pour améliorer leur productivité et réduire leurs coûts, ce qui peut stimuler la croissance économique.

Une structure des marchés autoréparatrice

On a parlé plus haut du rôle des Etats et des banques centrales pour faciliter le rebond des marchés après les crises. Mais c’est parce qu’aujourd’hui, ces institutions sont devenues une partie intégrante de ces marchés, principalement en leur qualité d’organismes régulateurs. Des garde-fous, en quelque sorte.

De la même façon, la très grande fragmentation des marchés, aussi bien en nombre d’investisseurs (plus nombreux année après année) qu’en termes de secteurs d’investissement, favorise les reprises rapides en cas de crise. En effet, la finance, ce n’est plus simplement des actions, des obligations et des devises. C’est aussi des matières premières, des titres de suivi de performances, des indices, des contrats à terme, de l’immobilier, des métaux précieux, des actifs numériques, etc. 

En diversifiant leurs portefeuilles, les investisseurs répartissent leur exposition et réduisent considérablement le risque de perte totale. Les marchés sont ainsi toujours assurés de pouvoir redémarrer depuis l’un ou l’autre de ces types d’actifs qui auront pu être épargnés par les crises. Un peu comme un organisme qui multiplie le nombre et le type de cellules qui le constituent, afin de s’assurer qu’il en subsistera toujours pour préserver l’essentiel de son patrimoine vital et relancer sa reconstruction.

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